Il est fréquent de constater dans nos contrées, voire par voie de presse, le vol d’enfants pour des faits ritualistes. Cet état de chose suscite, depuis un moment, émoi et interrogation dans le rang des acteurs de la protection de l’enfant et de quelques adeptes des divinités. Hounon Gan Kpofon Totinmin Hinwa 2, adepte du Thron Kpéto Déka Alafia, à travers cet entretien exclusif, revient sur ce fait. Lisez plutôt !
Educ’Action : Qu’est-ce qu’un enfant ?
Hounon Gan Kpofon Totinmin Hinwa 2 : L’enfant est un être sacré. C’est un être cher, c’est la douleur, les pleurs. L’enfant n’est pas un être avec lequel il faut badiner. Il faut lui consacrer du temps et de l’énergie sinon je ne serai pas ici aujourd’hui. L’enfant est la relève.
Il est constaté la perte, le vol d’enfants pour des fins ritualistes. Que pensez-vous de cette situation récurrente ?
Personnellement, celui qui reçoit un enfant pour le sacrifier au vodoun, est dans l’ignorance, l’inertie. D’abord, il est inadmissible de léguer le vodoun à un adolescent. Quand on confie le vodoun à un adolescent, il va faire ce qu’il veut avec. Il ne va pas respecter les interdits du vodoun. Il va amener ce vodoun dans la douche des femmes. C’est pourquoi, il est intolérable, voire grave de donner le vodoun à un adolescent. Les adolescents qui héritent souvent du vodoun, sont pressés de tutoyer la réussite. Mais si avant l’étape d’adolescence, l’enfant est resté auprès d’un adulte, adepte du vodoun, pour s’approprier les pratiques, les interdits de la divinité, il est digne de prendre le vodoun. Si l’enfant reste aux cotés d’un adulte pour lui garder le sac, le respecter jusqu’à grandir, et qu’il est mis en contact avec le vodoun, il saura que le vodoun est important et sacré. Donc, c’est le fait de ne pas apprendre de l’adulte, c’est le fait de prendre le vodoun pour devenir riche qui crée tout cela. Sinon, le vodoun ne fait pas forcement le lit à la richesse. C’est pour que l’enfant reste à l’abri des malfaiteurs, que l’enfant soit sauvé que l’homme s’approprie le vodoun.
Qu’est-ce qui peut amener certains adeptes du vodoun à avoir ce comportement ?
Ces adeptes du vodoun sont avides de la richesse. Ils veulent sauter les étapes pour réussir rapidement. Ils ont envie de vivre dans l’opulence. Parce qu’un des leurs à acheter une voiture, ils ne veulent plus se donner du repos. Ils cherchent par toutes les opportunités, le moyen d’être en possession d’un véhicule, sacrifiant au passage des âmes innocentes. Au lieu de chercher à savoir la manière dont la personne a fait pour acheter le véhicule, ils ne veulent pas. L’achat du véhicule peut découler d’une tontine qu’il paie chaque fois que l’occasion se présente. Ils refusent de faire ces recherches et tuent les enfants. C’est donc la raison. Depuis que je suis né avant d’être à ma position aujourd’hui, je n’ai jamais vu ce comportement macabre chez mon père. Je suis resté avec lui pour recevoir des notions avant de commencer le Cours d’Initiation (CI). En ce temps, avant de commencer la classe de CI, il nous est demandé de passer notre main au-dessus de la tête pour toucher la seconde oreille. Je n’ai pas pu réussir l’exercice. Donc je suis resté à la maison pour apprendre de mon feu père Hounon Gan Hinwa Agbandjètin. Je suis resté avec ce dernier pendant des années avant de fonder ma famille avant que mon père ne meure. Ce n’est qu’après cette étape que la famille même de mon feu père a souhaité que j’hérite du vodoun. Donc ce qui se passe aujourd’hui, je n’ai jamais vu cela. Mon feu père ne m’a pas éduqué de la sorte. C’est le bélier que nous immolons pour notre vodoun. Ce qui se passe aujourd’hui dans notre milieu me donne trop de soucis au point où je me demande si c’est toujours le vodoun que nous adorons. Je pense que ce serait bien de chercher la source de ces vodoun. Car, c’est quelqu’un qui a donné le vodoun.
Est-ce qu’il y a des divinités qui réclament le sang des enfants ?
Je n’ai jamais vu et je n’en connais pas. C’est bien dommage ce qu’ils font. C’est un péché. S’il n’y avait pas d’enfant, nous ne serons pas ici aujourd’hui.
Comment peut-on connaître les signes avant-coureurs d’un adepte à même de sacrifier un enfant pour son vodoun ?
Je suis dans Thron Kpéto Déka Alafia. Celui qui a donné à mon grand-père s’appelle Hounon Gan Tchédji Thiakpè venant de Tohonou. Mon feu père était petit et le vodoun a porté son choix sur lui pour qu’il prenne les rênes du vodoun. Mon grand-père était vivant quand mon feu père a commencé à s’occuper du vodoun. Mon père, de son vivant, m’a donné la souche du vodoun. Quand je suis allé à Tchiakpècodji, mon aîné qui est là, m’a amené voir son supérieur à Lomé. Et j’ai su que le vodoun vient de là. Si nous allons chez le supérieur qui est à Lomé, celui qui a donné le vodoun, il le dira aussi. Donc ceux qui utilisent les enfants pour les vodouns, il est bien de connaître la souche du vodoun pour les arrêter. C’est donc une chaîne.
Comment les parents doivent-ils se comporter pour épargner leurs enfants de ce fait ?
Je vais beaucoup plus indexer les mères car ce sont elles qui doivent s’occuper correctement des enfants. Ce sont elles qui ont connu la douleur de l’accouchement. Si le mouton est dans son enclos, avant que les divorcés sociaux ne le volent ce sera compliqué. Il faut qu’elles évitent d’abandonner les enfants au sort de ces indélicats. Qu’elles aillent elles-mêmes faire leurs achats que de vouloir tout le temps commander les enfants.
Quel est votre mot à l’endroit des adeptes du vodoun indélicats ?
Il faut qu’ils arrêtent. S’il y a quelque chose qui demande l’enfant, il vaut mieux lui donner des animaux. Nous, notre vodoun prend le chien, le chat, le poussin, le bélier, la grenouille.
Propos recueillis par Enock GUIDJIME
