Devant ma page blanche, alors que je voudrais crier mon désarroi face à cette nébuleuse impérialiste qui nous poursuit et ne s’arrête pas de nous titiller, de nous triturer ou simplement de nous tuer, une lumière a jailli en moi ! Mais, nous devions avoir quelque chose qu’ils cherchent, nous qui pensions qu’ils nous ont tout pris : nos sols, nos sous-sols, nos hommes, nos femmes, nos gouvernants etc. Mais qu’est-ce qui reste et qui les intéresse encore ? C’est là qu’a commencé à se préciser en moi, une idée, curieuse, quasi paradoxale mais évidente : ils ont peur de nous car, nous constituons un groupe qu’ils n’arrivent pas à déterminer et donc à manipuler comme les sociétés occidentales. Ce qui les inquiète, c’est cette incapacité qu’ils ont à cerner des populations imprévisibles, qui se caractérisent par ce qui est en vérité une résilience passive très forte.
Comprenons-nous. Quand je parle d’avoir peur de nous, ce n’est pas de nos gouvernants, souvent prévisibles ; non plus de nos cadres et élites qui ont été formatés pour juste répéter et jamais oser penser. Non. Je parle de cette large masse laborieuse et silencieuse des villes et des campagnes d’Afrique qui a pris l’habitude de tout subir, de ne pas résister mais de toujours s’accommoder et tel le chiendent de repousser encore dru. On pourrait tenter de penser que c’est parce qu’ils sont illettrés et donc ignorants selon la science occidentale, qu’ils vivent dans un autre monde comme les animaux. En fait, il est vrai qu’ils ne sont pas des saints mais ils ne sont pas des bêtes aussi. Ils se contentent de vivre de ce bon sens que leur ont légué les générations précédentes.
En effet, ces populations n’offrent pas de prises simples clairs, de critères de définition précises. A chaque tempête (guerre, sida, covid, mauvaise saison), ils s’adaptent, ils plient mais ne rompent pas comme on voudrait. Chacune de ces situations les immunise et ils procréent des enfants plus costauds aux nom évocateurs : conjoncture, merveille, Coco (covid ?) etc.
En réalité, dans la plupart des sociétés occidentales, nous nous trouvons dans des groupes très prévisibles avec des caractéristiques claires. Du cadre au paysan, les réactions sont les mêmes. Un problème est-il posé ? Les media avec une grande unanimité, transmettent un même message avec cette impression de laisser un libre arbitre se développer. De telle façon qu’il est facile de fabriquer leur consentement car tout leur fait croire qu’ils sont, heureusement, dans le meilleur des mondes libre, égalitaire, etc. On leur présente un tiers monde toujours misérable plein de maladies, qui souffre et qu’on aide avec leur impôt. C’est pourquoi, aucun d’entre eux ne supporte une critique des fils de ces pays maudits qu’ils ont civilisés ! Bref, ce sont des milieux faciles à orienter !
En Afrique, ce qu’on pourrait appeler l’ignorance de la grande majorité qui n’est pas allée à l’école de la mondialisation, perturbe les critères de manipulation des masses. On a dit laissez la polygamie et soyez LGBT ! Personne n’a vraiment compris et ne répond. Le message n’arrive pas à passer. On a dit : voilà le covid ; portez des masques : le masque est devenu, pour quelques rares, un ornement de qualité au fin fond des villages ! Plusieurs projets sont apparus pour réguler les naissances mais rien n’y fit : les hommes vigoureux rendent honneur à des femmes fécondes malgré les innombrables vaccinations, les cubes nocifs et autres pesticides nuisibles. Il y a donc toute une force d’inertie qui lutte et nous sépare de la mondialisation.
C’est pourquoi, après avoir tout pris, tout détruit, sans état d’âme, au nom d’impérieux intérêts du pouvoir de l’argent sinon de l’argent du pouvoir, ils se retrouvent confrontés à cette force insurmontable de peuples qui malgré tout, existent, sont heureux et surtout font la pire des choses : procréent et remplissent la terre.
La question que vous allez me poser, c’est de savoir : comment s’en sortir ? Comment aider nos dirigeants notamment politiques, qui ont été piégés par des querelles intestines qu’ils n’ont pas voulu vraiment et qui sont devenu les plus riches dans un désert d’intelligence politique et d’entreprenariat économique. Nous avions déjà donné beaucoup d’idées pour refaire notre éducation. Il faudrait en chercher pour notre vivre ensemble et perdre l’habitude de recevoir les petits subsides pour promouvoir des idées destructrices de nos valeurs et fondements car, aussi sûr que le soleil brille, nous allons encore croitre, nous multiplier et conquérir la terre ! Transformons par exemple nos innombrables fêtes identitaires en lieu de réflexion, de promotion de la paix et d’entreprises de vivre ensemble !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe