L’Ecole primaire publique de Kpéladjamè dans la circonscription scolaire de Djakotomè pourrait d’ici à là, être rayée de la carte scolaire du Couffo si rien n’est fait. Créée en 1978 sur un domaine de 5 hectares dont la délimitation date du 15 mars 1979, cette école dispute actuellement son domaine avec des habitations, une église et une unité villageoise de santé. La présence des bornes implantées de façon éparse sur le domaine, fait craindre le pire dans un environnement où la terre est aussi précieuse que les yeux de la tête.
La situation est bien préoccupante à l’Ecole primaire publique de Kpéladjamè. Située dans l’arrondissement de Houégamey, commune de Djakotomè, l’Ecole primaire publique de Kpéladjamè occupe, de nos jours, un domaine tiraillé de partout par des installations, infrastructures et bâtisses privées. Les 196 apprenants de cette école doivent, malgré eux, partager la cour de l’établissement scolaire avec des constructions privées, l’unité villageoise de santé de Kpéladjamè et même une église de la Foi Apostolique. « Il y a 39 ans, l’Ecole primaire publique de Kpéladjamè a été créée et c’était avec joie que nous avions cédé nos terres pour la construction des classes », a confié, attristé, au correspondant de Educ’Action, Bokouè Solévo, chef de village de Kpéladjamè. Auparavant, précise l’autorité villageoise, tout le monde vivait en parfaite harmonie, les différentes familles et groupes socioculturels sont entièrement unis jusqu’au jour où le retour au village d’un des fils de la localité a changé le cours des choses. « Il y a environ 15 ans qu’un des nôtres, du retour au village, a entamé une construction sur le domaine de l’école sous prétexte qu’il manquait d’espace pour s’établir. Et pourtant, nous lui avions interdit son projet…», a fait savoir Gbolémé Kpadui, président du bureau de l’Association des parents d’élèves de l’école. « Il y a 6 ans, un autre fils du village a érigé un bâtiment sur le domaine de l’école contre notre avis. Cette année, c’est encore un autre qui leur a emboîté le pas en entamant son projet de construction sur le même domaine », s’est plaint le président de l’Association des parents d’élèves. Pour couronner cette pagaille foncière, ce sont des groupes religieux qui ont pris possession d’une partie des terres avec la bénédiction des autorités villageoises pour y prier, et plus tard installer leur église : l’église de la foi Apostolique de Kpéladjamè.
Des explications des leaders de l’église…
Pour l’équilibre de l’information, Educ’Action s’est approché des responsables de l’église de la foi Apostolique de Kpéladjamè. « Avant que nous ne nous installions ici, nous avions reçu l’autorisation du chef de village. Mais quelques années après, des présumés propriétaires du domaine se sont portés vers nous, nous demandant d’acheter légalement l’espace que nous occupons. Nous nous sommes alors conformés à leur demande en achetant régulièrement l’espace assorti de nos papiers d’achat faits depuis 2003 », a témoigné à Educ’Action, Norbert Tchègnonhou, assistant du pasteur de l’église de la foi Apostolique de Kpéladjamè.
De l’unité villageoise de santé…
Tout comme cette église, l’unité villageoise de santé de Kpéladjamè a aussi pris corps sur le même domaine. Actuellement, elle squatte le bâtiment social implanté sur le domaine de l’école et qui devrait servir de résidence au directeur. Margueritte Dégbègni, aide-soignante et responsable du centre, explique à Educ’Action comment elle a été mutée dans cette unité de soin. « J’étais en stage à Houégamey quand le coordonnateur m’a demandé de rejoindre l’unité villageoise de santé de Kpéladjamè. A mon arrivée ici, il n’y avait pas un local devant abriter le centre. C’est alors que j’ai été installée dans ce bâtiment inoccupé normalement destiné au directeur de l’école », a narré la jeune dame. Sévérin Boconon, directeur de l’EPP Kpéladjamè, va confier, à son tour, que le centre de santé a été envoyé dans le village pour aider les populations à se soigner. « Selon les informations reçues, il ne s’agit pas d’un centre de santé public. C’est une Ong qui a implanté le centre pour aider les populations du village à se soigner. Pour ce qui est de l’espace occupé par le centre, c’est-à-dire le bâtiment dans lequel il est logé, c’est un logement social construit par le gouvernement, mais je ne sais comment ils se sont arrangés pour l’occuper », a-t-il précisé, froissé.
Des batailles du directeur de l’école…
Face à l’impuissance de l’Association des parents d’élèves devant ce que l’on peut appeler ‘’imbroglio autour du foncier’’, le directeur de l’Epp de Kpéladjamè a repris à son compte la bataille pour la libération du domaine de l’école. Après avoir montré au correspondant de Educ’Action le procès-verbal des opérations de délimitation du domaine querellé, Sévérin Boconon a fait remarquer qu’il avait saisi par écrit le chef de la Circonscription scolaire de Djakotomè ainsi que le maire de la commune pour leur exposer la situation. Aussitôt, a-t-il informé, une équipe de la mairie de Djakotomè s’est portée sur le site, le vendredi 10 Février 2017, aux fins de constater les occupations du domaine, surtout l’implantation éparse des bornes qui fait penser à un morcèlement du domaine de l’école. Le procès-verbal des opérations de délimitation du domaine scolaire de Kpéladjamè brandi par le directeur de l’école, fait cas de mécontentements et de réclamations de la part des sieurs N’gbédro et Mahugbé. Pour l’heure, la situation reste confuse et l’école éprouvée par la présence impromptue de gens ou structures étrangers à la communauté scolaire.
Jonas BOTCHI (Mono-Couffo)