Et de trois pour cette thématisation mensuelle consacrée aux infrastructures et mobiliers en milieu scolaire et universitaire. Après avoir visité certains lieux d’apprentissage et peint les difficultés rencontrées, Educ’Action tend le micro aux acteurs pour qu’ils exposent les actions menées pour atténuer, voire résoudre, les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Plaidoyer et initiatives prises pour créer un meilleur cadre d’enseignement et d’apprentissage, sont le plat de résistance de ce troisième acte de ce sujet thématique. Bonne lecture
Après avoir égrené le chapelet de leurs difficultés, l’Association des Parents d’Elèves (APE) de l’Ecole Primaire Publique Aïmevo pose des actions pour susciter l’adhésion de tous à une école attractive. « Les actions que nous avons menées et qu’on continue de mener consistent à aller de maisons en maisons dans le quartier. Nous allons chez les propriétaires de maison en leur demandant de nous aider par une souscription volontaire puisque l’école est construite par les habitants. C’est grâce à leur soutien qu’on peut construire et étendre l’école, avoir un gardien, des latrines, tout ce qu’on veut », fait savoir Samad Ahindé, vice-président de l’APE de Aïmevo.
Comptant sur l’accompagnement étatique pour avoir une école respectant les normes scolaires en termes d’infrastructures et de mobiliers, il souhaite que l’Etat les aide à avoir des matériaux définitifs, des toilettes, un point d’eau, une clôture, etc. « Les difficultés font que les enfants ne viennent plus comme au début », informe-t-il. Educ’Action, dans le souci de l’équilibre de l’information, a contacté des Directeurs Départementaux des Enseignements Maternel et Primaire (DDEMP), des Chefs de région pédagogique. Les tentatives pour les rencontrer afin de connaître les actions menées sur le chantier des infrastructures scolaires sont restées vaines. Dans l’enseignement secondaire, certains acteurs ont bien voulu porter à la face de la nation, les actions menées pour redorer le blason de l’Ecole.
CEG3 Abomey-Calavi, plaidoyer pour de meilleures conditions de travail
Installé dans la commune d’Abomey-Calavi, à quelques encablures de la mairie, le CEG 3 Abomey-Calavi est un établissement pas comme les autres. C’est un collège du premier cycle, doté des classes de 6e en 3e. Ce jeudi 10 mars 2022, enseignants et apprenants sont occupés par les cours avec, en toile de fond, le premier devoir du second semestre qui pointe à l’horizon. Dans son bureau, le directeur de l’établissement, Jean Olivier Chéou, continue de gérer les urgences en échangeant avec certains collaborateurs et les parents d’élèves.
Interrogé sur la situation de son établissement, le directeur présente les facettes de son environnement de travail. « Nous avons douze groupes (12) pédagogiques avec quatre (04) salles de classes en matériaux définitifs et cinq (05) en matériaux précaires. Cela nous a amené à organiser des classes volantes pour gérer les différents groupes pédagogiques », explique le chef d’établissement pour donner un aperçu de l’état des lieux de ses infrastructures. Pour ce qui concerne le mobilier, il a dressé le tableau d’une situation qui s’améliore progressivement. « Du point de vue du mobilier, l’autorité a pris des dispositions pour la résolution du problème et les diligences sont en cours », souligne le directeur en affichant un sourire des grands jours. Cela dit, pour le moment, l’établissement accueille six cent trente (630) apprenants pour deux cent cinq (205) tables-bancs. A la question de savoir quels sont les efforts consentis pour en arriver là, Jean Olivier Chéou lève le voile sur les gymnastiques que ses collaborateurs et lui ont faits. « Pour avoir ce nombre de tables-bancs, nous avons dû en réparer une cinquantaine et nous avons commandé une dizaine, soit vingt (20) places assises », confie l’enseignant et conseiller pédagogique en Anglais, avant de faire remarquer que ce défaut de mobilier oblige l’administration à faire des réaménagements dans l’emploi du temps des différents groupes pédagogiques.
Le défaut de clôture avec son corollaire l’insécurité dans laquelle baigne l’établissement est aussi un autre facteur qui contribue à la détérioration des infrastructures et du matériel. En effet, les riverains, souligne le directeur, fans des activités sportives, ne manquent pas d’utiliser le terrain de sport du collège et sortent parfois des tables-bancs des classes qui n’ont pas de portes. Il en est de même pour les toilettes qui sont aussi utilisées abondamment par ces derniers. « L’établissement n’étant pas sécurisé, il est livré à tout le monde. Nous n’avons qu’un seul gardien. Avant, on lui demandait de faire le jour et la nuit, ce qui humainement n’est pas possible. Après des discussions en conseil intérieur, il a décidé de faire la nuit et c’est cela qui nous arrange. Les week-ends, il est tenu de faire un tour », fait savoir le directeur dans sa tenue violette joliment brodée.
Ces difficultés n’ébranlent pas le responsable pédagogique qui a posé de nombreuses actions, dont les effets sont limités à cause d’une réalité : l’occupation du domaine de l’établissement par deux sinistrés. « Notre problème ici c’est d’abord le sinistre. Beaucoup d’Ong, de personnes de bonne volonté qui voudraient bien nous aider sont réticents ou découragés lorsqu’ils viennent découvrir que nous avons deux sinistrés qui vivent avec nous sur le domaine de l’établissement », révèle Jean Olivier Chéou, avec la voix qui laisse transparaître légèrement son accent anglais. Poursuivant ses explications, il ajoute que c’est là qu’ils ont acheté leurs parcelles mais quand on a attribué le domaine à l’établissement par un arrêté communal, il était normal qu’on puisse les reloger. Selon les informations dont il dispose, on leur aurait montré leurs nouvelles destinations mais sans leur donner leurs titres de propriétés, donc ils ont refusé de déguerpir.
Cette réalité qui plombe les efforts consentis par le responsable, son équipe ainsi que les parents d’élèves, ne freine pas sa détermination de contribuer au bien-être des apprenants et des enseignants. Il ne manque donc pas de faire un plaidoyer à l’endroit des autorités et des bonnes volontés. « Je souhaite que les autorités nous prennent en pitié pour venir aider ces apprenants-là à travailler dans de meilleures conditions. Vous avez vu les efforts que nous faisons pour les mettre dans un cadre afin de leur créer les conditions acceptables », conclut le directeur du CEG 3, qui a toujours un pincement au cœur lorsqu’à différentes occasions, ses collègues des autres établissements reçoivent divers équipements, mobiliers et infrastructures. Le plaidoyer se poursuit aussi dans l’enseignement supérieur, notamment à l’Université d’Abomey-Calavi, où les étudiants ne manquent pas de faire leurs doléances pour un environnement d’apprentissage plus épanouissant.
Les étudiants plaident pour une amélioration de leurs conditions d’apprentissage
Chute inopinée des étudiants faute de mobiliers résistants, difficultés à prendre note au moment du déroulé des cours, hauts-parleurs hors d’usage empêchant les enseignants d’être plus audibles, difficultés liées à l’éclairage des amphithéâtres pour ne citer que ceux-là, sont autant de problèmes rencontrés par les étudiants dans le cadre de leur apprentissage. Face à ces difficultés, les étudiants font un plaidoyer en vue d’être dans de meilleures conditions d’apprentissage. Ainsi, Jean Nagassi étudiant en troisième année de licence en économie à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) plaide pour que « les autorités prennent vite en charge ces infrastructures parce que l’amphi A 500 peut contenir assez d’étudiants. Des fois, nous avons des problèmes d’espace. Tous les étudiants n’ont pas de place, les tables sont cassées et nous manquons aussi de hauts-parleurs. Il faut que les autorités réparent ces infrastructures endommagées afin que nous puissions les utiliser ». Quant à Armelle Atcha, étudiante en 1re année de Chimie Biologie Géologie (CBG) à la Faculté des Sciences et Techniques (FAST), il est impérieux que « les autorités nous aident avec les tables et bancs ou les réfectionner si possible afin que nous puissions nous asseoir convenablement pour écrire et aussi qu’il y ait suffisamment de mobiliers pour que tout le monde ait de la place ». Par contre, Maurice Ahéhéhinnou, étudiant en troisième année dans la filière Entrepreneuriat et Gestion des Petites et Moyennes Entreprises (EGPME), invite, pour sa part, les personnes avisées à « prendre connaissance de l’état dans lequel végètent les mobiliers de la salle E1 du bâtiment E, afin de prendre des dispositions pour changer la donne ». Faisant partie des usagers de l’UAC, les enseignants insistent plus sur les difficultés que les actions menées à travers le porte-parole du Syndicat Autonome de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (SYNARES).
Le calvaire des enseignants dans le déroulé des cours à l’UAC
Au même titre que les étudiants, les enseignants sont confrontés à des difficultés lors du déroulement des cours dans les amphithéâtres. Joint au téléphone pour recueillir son avis sur les difficultés des enseignants face à l’insuffisance d’infrastructures universitaires, Dr Gabin Tchaou, secrétaire général du Syndicat Autonome de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (SYNARES), renseigne : « Il faut dire que tous les enseignants n’ont pas de bureau. Mais là n’est pas encore le problème. Plusieurs établissements n’ont pas de salles de professeurs. Dans ces conditions, ce sont sous des arbres que des enseignants attendent avant et après les cours. Il y a également des chefs de département, des directeurs adjoints sans bureau. C’est bien triste. Les effectifs pléthoriques ne permettent pas non plus de suivre chacun des apprenants comme le recommande le système LMD. » En dehors de cette situation peu confortables des enseignants, le syndicaliste affirme que la plupart des amphithéâtres, des salles de cours n’ont plus de brasseurs fonctionnels.
« On ne parle pas de climatisation ici, c’est un luxe hyper rare. Des prises électriques font défaut dans nombre de salles et d’amphithéâtres. Ceci ne permet pas aux enseignants de projeter normalement les cours ou de faire des travaux pratiques comme cela se doit », martèle l’enseignant-chercheur Gabin Tchaou, avant d’ajouter que les autorités savent ce qu’il faut faire pour répondre aux légitimes attentes des étudiants et des enseignants. C’est à croire, déplore-t-il, que nos gouvernants ont renoncé à construire des infrastructures sur les campus de nos universités. Alors que chaque année, estime-il, les effectifs des apprenants ne font qu’augmenter, et les amphithéâtres qui existaient, souffrent de détérioration des mobiliers.
Au gré de notre périple informationnel, la prochaine parution fera la lumière sur les normes en matières d’infrastructure et de mobilier scolaire.
La Rédaction