Les inscriptions académiques au titre de l’année 2023-2024, ont été officiellement clôturées le 26 janvier 2024 à l’Université de Parakou (UP). Malgré le temps accordé aux étudiants, nombreux sont laissés sur le carreau et sollicitent une seconde chance.
Après plusieurs tentatives de négociation, le recteur Professeur Bertrand Sogbossi Bocco a autorisé deux jours de réouverture de la plateforme d’inscription pour les étudiants en année de Master et de thèse de doctorat. Mais, malheureusement ceux des Licences n’ont pas eu les mêmes chances que leurs aînés. Ce qui pourrait sans doute être perçu comme la discrimination et l’injustice académiques. Face à cette situation, plusieurs questions traversent les esprits. Pourquoi les Masters, les Doctorats, et pas les Licences ? Alors que le principe est aussi clair que la neige : ‘’Pas d’inscription académique validée, pas de résultat académique’’ et par conséquent, pas de passage en année supérieure. Lorsqu’on connaît toutes les souffrances et les difficultés endurées par la couche estudiantine, il est nécessaire d’avoir ne serait-ce qu’un grain de compassion pour ces étudiants qui peinent sous le soleil et la pluie à la recherche de la réussite, d’un gain de cause à un problème aussi délicat.
En effet, un adage africain enseigne que tous les doigts de la main ne sont pas égaux. Cela suggère que le recteur Sogbossi devrait reconnaître que la vie n’offre pas à tout le monde, les mêmes opportunités de se tirer d’affaires. Face à cette situation qui ne laisse personne indifférent au sein du campus de Parakou, étudiants, responsables d’organisations syndicales estudiantines, ainsi que doyens et directeurs des écoles et facultés, tous sont profondément préoccupés pour ces jeunes étudiants non inscrits. Mais, dans le lot, certains ont déjà fini les cours et ont été soumis aux examens. Malheureusement, leurs résultats n’ont pas été affichés en raison de leur inscription non validée. Pourtant, le coût de la scolarité de certaines Licences des écoles et facultés est plus élevé que certains Masters à qui le recteur a accordé une seconde chance sans une note officielle vulgarisée. Vont-ils donc laisser ces étudiants perdre l’année académique pour fait du retard dans la validation ? Ou bien, vont-ils agir pour racheter ne serait-ce que pour quelques jours de réouverture ?
Autant de questions qui taraudent les esprits de plus d’un. Mais, les organisations estudiantines syndicales de l’Université de Parakou, notamment la Fédération Nationale des Étudiants de l’Université de Parakou (FNEUP) ne sont pas restées les bras croisés.
Des étudiants de l’UP en rang dispercé…
La FNEUP plaide pour une réouverture des inscriptions et l’égalité des chances
Dans cette bataille acharnée pour la réouverture des inscriptions pour le compte des étudiants en Licence, la Fédération Nationale des Étudiants de l’Université de Parakou (FNEUP), présidée par Hippolyte Gbedokpa, dont la mission première est de défendre les étudiants, a adressé une lettre de plaidoirie au recteur Professeur Bertrand Sogbossi Bocco. Ceci, afin qu’il accorde une seconde chance aux étudiants retardataires pour leur permettre de bénéficier d’un traitement équitable au même titre que ceux des Masters et Doctorats. Dans cette lettre, le président de la FNEUP met en lumière les conditions socio-économiques précaires dans lesquelles de nombreux étudiants se débattent, rendant les frais d’inscription insupportables pour une large frange d’étudiants. La lettre de plaidoirie a également mis l’accent sur le coût de la scolarité élevée dans certaines écoles et facultés, ce qui ne permet pas aux parents de pouvoir se mettre au pas très tôt. Les cas sont légion. On en retrouve à la Faculté de Médecine (FM), à la Faculté d’Agronomie (FA), et d’autres encore à l’Institut Universitaire de Technologie (IUT), à l’École Nationale des Techniciens en Santé Publique et Surveillance Épidémiologique (ENATSE), à l’École Nationale de Statistiques, de Planification et de Démographie (ENSPD). Toutes ces facultés et écoles sont concernées par cette situation.
Les étudiants entre incertitude et désespoir, crient au secours
Le doute est grand et l’incertitude évidente, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Les étudiants de ces entités de formation concernées, se retrouvent désespérés et abattus. « Nous sommes laissés à notre propre sort », clame un étudiant dans le cas, mais qui a requis l’anonymat. Maëlla K. étudiante à l’Institut Universitaire de Technologie (IUT), se retrouve dans le même filet. Elle explique que « la non-validation à temps de son inscription académique est due aux manques de moyens financiers des parents qui, avant de pouvoir réunir les quatre cents milles de scolarité, doivent faire des demandes de prêt. ›› Et ces demandes de prêt, poursuit-elle, ‹‹ doivent suivre un processus d’analyse avant d’être accordé. », a-t-elle expliqué. Richard D. quant à lui est étudiant à l’École Nationale de Statistiques, de Planification et de Démographie (ENSPD). Il n’en est pas épargné.
Interrogé, il n’a pas hésité à faire savoir les raisons qui justifient son retard dans le paiement. « Je suis dans le cas de ceux qui n’ont pas pu s’inscrire avant la date limite de la validation parce que j’avais rencontré quelques difficultés d’ordre financier. Cela va du fait que les parents n’ont pas vite réuni le montant avant la clôture », a-t-il confié.
Les témoignages poignants de ces étudiants révèlent l’ampleur de la crise, mettant en lumière l’angoisse qui règne au sein de la communauté étudiante. Et pourtant, le recteur Professeur Bertrand Sogbossi Bocco semble rester sourd aux appels désespérés des étudiants, préférant fermer les yeux sur une réalité académique accablante, alors que l’inscription académique dans une université garantit que l’étudiant est officiellement reconnu par l’établissement, lui permettant ainsi de participer aux divers examens organisés par son institution et de pouvoir avoir accès à ses résultats de fin d’année. Afin d’appliquer un traitement équitable à tous les étudiants, il est nécessaire que le recteur Professeur Bertrand Sogbossi Bocco accorde une nouvelle chance à ces jeunes étudiants qui crient leur désespoir, qui implorent l’indulgence des autorités.
Jean-Luc EZIN