Interdiction des cours en journée continue à la Maternelle et au Primaire : Les promoteurs d’écoles privées se plient à la décision de Salimane Karimou

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Les écoles privées sont interdites, depuis le 21 octobre 2021, d’exercer sous le régime de journée continue dans le sous-secteur maternelet primaire. Cette décision prise par le ministre de tutelle en début d’année scolaire 2021-2022 est diversement appréciée dans le rang des promoteurs. Ils se sont ouverts à votre journal Educ’Action, évoquant les mobiles du choix de la journée continue et l’impact positif de ce changement de régime sur les apprenants.

«Au terme de la séance, les membres du bureau national et du bureau du conseil d’administration du patronat ont décidé d’exhorter les responsables des écoles maternelles et primaires privées et les parents d’élèves, à respecter la note du ministre en attendant la poursuite des négociations avec les autorités de l’Etat et du Conseil National de l’Education». Ainsi se résume la conclusion des deux heures de réunion convoquée d’urgence et tenue le mardi 26 octobre 2021, au siège du Patronat des Ecoles Privées du Bénin (PESPB). Ceci à la suite de la décision du ministre Salimane Karimou qui fait obligation aux promoteurs des établissements privés de respecter rigoureusement l’emploi du temps réglementaire et les textes qui régulent le fonctionnement des écoles en République du Bénin.
«L’information ministérielle nous est tombée dessus puisque, l’année scolaire a commencé il y a un mois environ et les établissements, pour la plupart, fonctionnent déjà en journée continue. Car, il y a de cela deux (02) ans, le Conseil des ministres a autorisé les établissements privés à fonctionner que cela soit en journée continue ou discontinue selon leur capacité à encadrer convenablement les apprenants tout en respectant la masse horaire officielle de travail», a fait savoir Emérentienne Fanou, promotrice du Complexe Scolaire ‘‘PENIEL’’, situé non loin de l’embarcadère d’Avlékété, pour rappeler la raison du choix porté sur le régime de cours en journée continue. Achille Hubert Gbodjeïdo, fondateur du CS ‘‘Enfant Sacré’’ sis non loin du centre de santé de Ouédo, est encore sous le coup de cette correspondance signée du ministre Salimane Karimou. «Cette décision est comme un coup de massue sur ma tête et ne manquera pas d’avoir un effet négatif sur les enfants. J’ai vu qu’il n’y a pas d’initiatives, d’innovations au primaire. On dirait qu’ils ont peur de prendre des initiatives», affirme-t-il, appréciant ainsi la différence qui existe au niveau du sous-ordre de l’enseignement secondaire. Cependant, ce désir des responsables d’écoles privées d’évoluer en journée continue vient corriger certaines situations dans le rang des apprenants et des parents d’élèves.

De la sécurité des apprenants à l’apprentissage…

«Travailler en journée continue favorise pratiquement tous les acteurs de l’éducation. D’abord, cela permet à l’enfant de travailler convenablement dans la matinée jusqu’à 15 heures et de se reposer dans l’après-midi. Cela épargne l’apprenant des déplacements répétés sous le soleil ou sous la pluie et lui permet de se concentrer à l’école. Il travaille jusqu’à 15 heures et quand il rentre, c’est une fois pour de bon». Ces propos de Emérentienne Fanou, promotrice du Complexe Scolaire ‘‘PENIEL’’, renseignent sur les objectifs qu’elle a visés au départ en optant pour les cours en journée continue. Faire les cours en journée continue participe d’un climat de sécurité pour la mobilité des apprenants. «Quand ils traversent la voie le matin, c’est au retour à 15 heures qu’ils le feront encore. Tandis que pour les cours en journée discontinue, le matin à 8 heures et à 12 heures, ils traversent la voie. A 14 heures et à 17 heures, ils traversent encore la voie avec tous les risques qui existent», a expliqué Achille Hubert Gbodjeïdo, responsable du CS ‘‘Enfant Sacré’’. Vu que certaines zones d’habitation sont dépourvues d’électricité, les cours en journée continue permettent aux enfants de profiter de la lumière du jour après les classes. «Avec les cours en journée continue, les apprenants ont un temps de répit pédagogique pour réviser les leçons, notamment ceux qui sont sans électricité. Cela permet à l’enfant d’être plus relaxe. Dès qu’il finit à 15 heures, il peut rentrer et dormir. Même s’il se repose pendant une heure et 30 minutes, cela veut dire que déjà à 17 heures, il peut commencer à faire ses devoirs de maison avant que la nuit ne le surprenne», a indiqué le responsable du Complexe Scolaire ‘‘Enfant Sacré’’. Il poursuit en ouvrant une fenêtre sur le revers des cours en journée discontinue : «Or, si c’est en régime discontinu, les enfants quittent l’école à 17 heures, et avec les péripéties de la voie, ils peuvent se retrouver à la maison à 18 heures. Et là, quel temps auront-ils pour étudier ? Et ceux qui n’ont pas la lumière ? Ce serait difficile pour ces enfants».
Décidant néanmoins de se plier à la décision de l’autorité ministérielle, ces responsables d’établissements scolaires privés n’ont pas manqué d’exposer les inconvénients qui peuvent découler de ce changement de régime au cours de l’année scolaire 2021-2022.

Des inconvénients liés au changement de régime…

Sur le terrain, nous avons constaté que des écoles privées exercent selon le régime de journée continue depuis l’année scolaire 2020-2021 pendant que d’autres ont commencé cette année scolaire. C’est le cas du Complexe Scolaire Ste Bernardette, sis dans le quartier Tohouénou à Hêvié-Adovié qui a mis le pied à l’étrier cette année. Les écoliers de ce complexe sont en classe de 8 heures à 14 heures. Mais avec la décision ministérielle, les acteurs de cette école s’accordent sur le retour à la case départ cette semaine. C’est ce qu’on retient des propos des parents d’élèves approchés qui ont témoigné être sensibilisés sur le désir de l’autorité ministérielle. Mais ce n’est pas sans conséquences. «Les enfants ont pris un rythme donné et savent qu’ils doivent dormir dans l’après-midi avant de renouer avec les cahiers. Nous allons constater que beaucoup vont somnoler en classe dès la mise en œuvre de cette décision», lâche un parent d’élève. «Cela va occasionner d’office, un dérangement dans le programme au niveau des apprenants et parents d’élèves qui font déjà confiance aux établissements à qui, ils confient leurs enfants pour les chercher à 15 heures. En tout cas, pour tout changement, il faut aussi un sacrifice. C’est difficile, mais on n’a pas le choix», a dit Emérentienne Fanou, promotrice du Complexe Scolaire ‘‘PENIEL’’. Habitués au régime de journée continue, les apprenants vont connaître des désagréments dus au changement horaire. «Les enfants qui vont à la maison pour revenir à 15 heures, beaucoup sont là en retard. Ils passent tout leur temps à s’amuser et quand ils reviennent à l’école, c’est pour dormir. Cela aura une répercussion sur le travail des enfants», fait observer Achille Hubert Gbodjeïdo, fondateur du CS ‘‘Enfant Sacré’’ pour rejoindre partiellement le parent d’élève. Ce changement de paradigme en respect aux textes en vigueur, va chambouler l’emploi du temps des parents. «Les parents ne sont pas souvent disponibles. Quand ils laissent les enfants à l’école le matin, ils savent que déjà à 15 heures, ils viendront les chercher. Maintenant, les parents auront du travail dans leur accompagnement», a précisé le promoteur du CS ‘‘Enfant Sacré’’. Dans l’objectif de faire respecter l’injonction du ministre, Comlan Médard Zangronio, Directeur Départemental des Enseignements Maternel et Primaire (DDEMP) de l’Atlantique, a eu une rencontre, le jeudi 28 octobre 2021, à l’ENI Allada, avec les promoteurs d’établissements privés de la Maternelle et du Primaire. «Nous les avons sensibilisés sur le respect scrupuleux des textes de lois régissant le système scolaire et particulièrement les écoles privées dans notre pays. Il ne doit pas y avoir une République à part pour les écoles privées», a insisté le DDEMP de l’Atlantique.

Enock GUIDJIME

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