Internet dans les lampes de votre maison : De la télévision à la réalité, le fruit d’un travail d’équipe

  • 0
  • 107 views

L’esprit d’innovation s’ancre progressivement dans les actions des enseignants-chercheurs et chercheurs béninois. À l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), les laboratoires font le ménage et commencent à sortir les innovations de leurs tiroirs. Tout cela, grâce à de jeunes chercheurs qui brisent les barrières de l’individualisme en travaillant en équipe. Bienvenue dans ce deuxième épisode sur le LiFi.

Mercredi 22 décembre 2021. C’est le grand jour pour Anaïs Nassara. En ce jour ensoleillé, elle doit présenter ses travaux de recherche compilés dans son document de mémoire de cycle ingénieur à l’Ecole Polytechnique de l’Université d’Abomey-Calavi (EPAC). Le thème est « Étude et conception d’un prototype LiFi de transmission de données entre deux terminaux : cas de deux ordinateurs ». Face au jury présidé par le Dr Médésu Sogbohossou, elle défend les résultats qu’elle a obtenus et s’en sort avec la note de 91 sur 100, soit une mention honorable. Comme elle, ils sont au total six à œuvrer pour que le rêve de voir internet passer à travers la lumière des lampes de votre salon devienne réalité. À ce sujet, le Dr Max Fréjus Sanya, enseignant-chercheur au département de génie informatique et télécom de l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC), donne des précisions sur le rôle de chacun. « Le premier travail a exploré la théorie autour du LiFi, comment cela a été pensé, comment cela a été conçu. La deuxième étudiante a réalisé un prototype. C’est le binôme de l’INSTI de Lokossa qui a vraiment fait parler du LiFi parce qu’ils ont exploité les travaux qui existaient pour créer un prototype pour les musées. Présentement, une étudiante est en train de voir les applications du LiFi pour les hôpitaux », a expliqué le Dr Max Fréjus Sanya. Retour sur ce parcours.

 Les fondations d’un travail d’équipe

Le Light Fidelity (LiFi) est une technologie de réseau optique sans fil, qui utilise des diodes électroluminescentes (LED) pour transmettre des données. Contrairement au Wireless Fidelity (WiFi) qui permet de transmettre les données par onde radio, le LiFi utilise la lumière. Pour en arriver là, l’équipe de Dr Max Fréjus Sanya a suivi un long parcours. « Le tout premier travail était de comprendre le principe de fonctionnement. Il fallait maîtriser la littérature, la bibliographie sur le sujet. Ensuite, les notions qu’il faut comprendre pour réaliser ce qu’on recherche. Au début, il s’agissait juste de voir ce qui est fait, de découvrir les techniques de modélisations utilisées », explique le jeune enseignant d’une voix passionnée. Ce premier travail, c’est Roulfath Adjao qui l’a fait en une année grâce à son mémoire sur le thème « Etude du LiFi: implémentation de la technique SIM-OFDM » durant l’année académique 2017-2018. La qualité du travail lui a valu d’être recrutée dans un pays de la sous-région et certaines de ses propositions ont permis à l’entreprise de bénéficier d’un financement de la Banque mondiale raconte le Dr Max Fréjus. Après elle, c’est Pierre Fourier Sandah qui a pris le relais, fait savoir le jeune enseignant-chercheur. Ses recherches qui ont porté sur le thème « Conception et réalisation d’un système de transmission de données via le LiFi avec l’implémentation de la technique de modulation SIM-OFDM ». Il a relevé le défi de concevoir un premier prototype de transmission de son par LiFi d’un point à un autre sur une distance de trois mètres. Le rêve prend alors corps.

  La grande révélation

Le visage arrondi, sur une taille de 1m61, Anaïs est une bosseuse. Discrète, sérieuse et passionnée, elle aime apprendre de nouvelles choses et se rendre utile pour la société. Travailler sur le LiFi n’a pas été une sinécure pour elle. Il lui a fallu deux ans d’essais et erreurs pour sortir un prototype de LiFi qui permet de transmettre du texte et des images grâce à une LED et une photodiode. Elle a pu atteindre un débit maximal de 115 200 bits/s sur une distance de 2,5 cm entre deux ordinateurs. Le regard calme et confiant, elle a fait l’expérimentation en situation réelle pour convaincre son jury de soutenance. « Je me suis intéressée au LiFi en vue de montrer la faisabilité d’un prototype LiFi dans un contexte bas coût », raconte-t-elle au téléphone. Grâce à cette expérience, elle pense en avoir appris davantage sur le travail en équipe. « Chaque membre de l’équipe était disponible pour partager ses connaissances sur la transmission optique en général et sur le LiFi en particulier, ce qui ne pouvait que nous aider dans l’avancement de nos projets respectifs qui ne forment en réalité qu’un bloc compact », confie l’ingénieur en Génie Informatique et Télécoms, d’une voix sereine. Autre chose, précise-t-elle, c’est l’importance à accorder à la formation suivie car rien de ce qui est enseigné n’est inutile. Elle ne manque pas d’inviter les jeunes du Bénin à prendre le pas de la révolution numérique.
La vie publique du LiFi est l’œuvre d’un duo. Celui de Jekhiel Chabi Sare et Biaou David Kochoni, tous deux étudiants en Electrotechnique et électronique à l’Institut National des Sciences et Technologies Industrielles (INSTI) de Lokossa, un établissement de l’Université Nationale des Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques (UNSTIM). En pleine exposition sur les trésors royaux venus de France, ils ont réussi à réaliser « un prototype LiFi pour raconter l’histoire des objets d’art dans les musées grâce à un dispositif de transmission d’informations par la lumière et l’application mobile pour la réception de l’information », explique Biaou David, lui aussi joint au téléphone. Leur travail de recherche a porté sur le thème « Étude et conception du prototype LiFi pour la transmission des données dans un musée ». C’est avec une voix nostalgique qu’il raconte son expérience de travail en équipe. « Au sein de l’équipe, tout n’était pas parfait mais il faut quand même chercher à s’entendre et prendre de bonnes décisions afin de continuer parce que les deux étapes pour l’obtention du système se complètent. Lorsqu’on travaille en équipe, on avance vite et on obtient vite le résultat. Les discussions qui nous amènent à convaincre les autres membres du groupe sur notre point de vue sont enrichissantes », raconte le nouveau licencié.
À présent, c’est Yasmine Zinzindohoué qui focalise les attentions. Ses travaux de recherche sont toujours en cours. « L’objectif de mon projet est de pouvoir utiliser l’éclairage du milieu hospitalier pour transmettre des données sensibles. Mon apport au projet consiste donc à réaliser un prototype me permettant de transmettre en premier lieu des images avec la lumière visible », explique l’étudiante.
Seule la passion des uns et des autres a permis de relever ce défi car le chemin est long et tortueux. Cette volonté et cette joie ont été alimentées par les nombreux avantages de cette technologie …

Lire aussi  Innovation en milieu universitaire : Internet dans les lampes de votre maison

Adjéi KPONON

Système éducatif béninois : Des citoyens réclament des programmes adaptés aux réalités béninoises
Prev Post Système éducatif béninois : Des citoyens réclament des programmes adaptés aux réalités béninoises
Approche de formation professionnelle « mentoring » : 26 jeunes entrepreneurs formés et libérés pour booster l’agriculture
Next Post Approche de formation professionnelle « mentoring » : 26 jeunes entrepreneurs formés et libérés pour booster l’agriculture

Leave a Comment:

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *