Je crois donc je résiste !

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A la suite de grands auteurs comme L. Feuerbach ou K. Marx, voire F. Nietzsche, beaucoup d’intellectuels soutiennent que « la religion est l’opium du peuple ». Ceci signifie que telle qu’elle est enseignée et diffusée, elle sème les fruits de l’aliénation mentale, matérielle et morale, surtout dans nos sociétés africaines. La conséquence, c’est la chosification d’un peuple à genoux et incapable d’avoir une conscience et surtout une bonne conscience de soi.
Et pourtant ! Elle est tellement ancrée que paradoxalement, beaucoup d’africains des plus critiques, sont encore les meilleurs pratiquants, assurant sûrement ainsi leur place supposée au paradis. On se retrouve avec une religion qu’on a envie de qualifier de mal nécessaire, mais qu’il faudrait plutôt voir, à priori, comme un bien inutile.
En même temps, lorsqu’on se rapproche ou fréquente certains prêtres et pasteurs, par delà leurs travers humains, on trouve une sincérité profonde d’œuvrer pour le genre humain. Ce qui est vraiment utile pour tout ce misérable cortège humain qui frappe à leur porte chaque instant, essayant de sauver leurs âmes perdues dans les jalousies et les guerres sociales diverses.
Alors, il faudrait se poser la question essentielle à savoir : que tirons-nous consciemment ou inconsciemment de la religion en Afrique ? Et j’ai enfin trouvé ! Il faut avouer clairement et sûrement : la religion n’a permis aucun développement matériel, financier. Et même si on peut douter d’un développement moral, il a réussi à fonder une résistance morale. Pour faire simple, je voudrais juste souligner que, le fond qui nous est resté de la religion, c’est la morale. Mais alors une morale forte qui est venue se greffer sur nos valeurs traditionnelles pour les renforcer et les conforter.
En fait, nous n’avions pas retenu les détails et autres affirmations qui allaient souvent contre notre tradition comme la promotion de la monogamie, a contrario des livres saints où la plupart des prophètes sont fortement polygames. Mais nous avions acquis un fondement moral essentiel. Et, c’est cela qui, aujourd’hui, détermine encore notre résistance face au monde tumultueux, débridé et dépravé qu’on tente de nous vendre. Vous pensez que c’est faux ? Vous croyez que nous sommes déjà à terre parce que nous manquons chaque jour de pain quotidien ; parce que nos enfants sont dans les médias inutiles tandis que les filles sont dans le trafic de momo ? Nous connaissons nos frères qui nous affament et nos enfants ont conscience que ce qu’ils font est mal.
En même temps, comment comprenez-vous cette résistance remarquable de nos communautés contre la promotion de l’homosexualité ; comme les trouples (couple à trois). Regardez le lever de bouclier de tout le continent lorsque, dans une sorte de mansuétude contestable, le pape a voulu reconnaître les LGBT. Malgré nos différents sociaux, nous refusons les consommations à grande échelles des drogues diverses, les comportements indécents dans nos rues et la banalisation de la violence pour résoudre notre pauvreté. Nous avions aussi et surtout plusieurs poches de solidarités actives, fait de participation aux manifestations diverses où nous exprimons notre intérêt des autres dans leur bonheur ou malheur. Nos contrées développent de plus en plus des fêtes identitaires, car nous sentons le besoin d’un enracinement pour lutter contre un occident solitaire.
Certes, il y a des individus malsains et déviants. Dans la plupart de nos sociétés, les figures, notamment politiques remarquables sont, pour une large part, des négations d’exemples pour nos descendants par leur parcours personnel et leur versatilité et avidité.
Malgré et envers tout, nous continuons à entretenir une conscience morale qui fait face à une modernité qui cherche à nous amener à confondre le permis et le défendu ; l’interdit et le consenti à brouiller toutes les valeurs morales pour nous embrouiller.
Ainsi, nous sommes aujourd’hui sûrs d’une chose à savoir que, de la croyance religieuse, nous avions tiré la seule chose utile qui continue à nous maintenir en vie : la morale dans son vrai sens. Résistons pour éviter de créer, comme l’occident, une génération impolie malgré elle, qu’on a refusé d’éduquer et qui, aujourd’hui, est en quête de sens et de conscience.

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Maoudi Comlanvi JOHNSON,
Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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