Je voudrais poser une question dont beaucoup semblent connaître la réponse. Sommes-nous libres ? C’est-à dire plus simplement, à qui appartenons nous ? A Dieu évidemment, vous diront la plupart de nos frères africains et toutes les autres âmes en peine. Ceci est-il vrai ? Bien sûr, j’y souscris. Cette réponse non seulement rassure, mais elle calme, repose et apaise aussi. Elle a aussi cet avantage de nous déresponsabiliser car « bien ou mal, c’est notre destin ».
Ainsi, si on appartient à Dieu Tout-Puissant, rien ne peut nous arriver ; rien ne peut nous angoisser. Je ne parle ni du Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, ni celui du pasteur de mon quartier. Non : Dieu, unique et qui est ! Nous n’avions pas besoin de travailler sinon juste de prier pour notre pain quotidien. En réalité, la donne, c’est de ne pas faire attention au travail qui sert juste à gagner des subsides et à les verser dans les quêtes et deniers du culte des lieux saints pour la gloire de Dieu.
Je sais qu’il y aura d’autres vérités de l’autre côté des Pyrénées et dans le pays de l’incandescent Etna. C’est pourquoi je ne pose la question ni aux français, ni aux italiens ni aux autres occidentaux. Quelques-uns diront la même chose, mais leurs enfants répondront que nous appartenons à internet, à Mbappé ou Messi ! Vous ne croyez pas ? Aviez-vous vu nos enfants manger de nos jours ? Ils piochent dans un plat, mâchent et avalent en suivant quelque chose dans leur portable. Je me perds alors en conjectures : comment apprécier un bon plat avec les yeux !!! Evidemment quand on mange du maca, des nouilles (indomie) ou du chawarma, il est préférable de chercher le goût ailleurs que dans la bouche !
Je voudrais reposer la question autrement : A qui appartenons nous sur terre ? Ah ; c’est encore la même question ? Si, on part du principe démocratique, où chaque peuple a des représentants élus, qui sont celles et ceux qui nous représentent auprès de notre Seigneur ? Les prélats et autres pasteurs pansus et replets à force du nécessaire sang du christ ou les politiciens, oiseaux volants et doctorants en science po ? La question mérite qu’on s’y attarde, dans une société où la plupart d’entre nous avions vendu notre âme au diable tout en demandant inlassablement le secours divin.
Si vous faites attention, la seule chose qui nous fait vraiment peur dans ce monde, c’est la liberté car on ne nous a rien appris et nous ne savions rien entreprendre ! On nous a éduqués pendant la colonisation et l’indépendance pour servir le maître. Nous avions ensuite continué à servir leurs valets locaux attendant les fins du mois difficiles pour donner au rang des nécessiteux ou des solidarités : parents du village, belle famille, famille de l’autre côté et les divins pasteurs. La liberté n’a pas de filet de sécurité ; il nous laisse dans le vide et nous avions peur de tomber. C’est pourquoi je repose la simple question : A qui appartenons-nous ? Maintenant que c’est un peu clair, d’aucuns diront : appartenir ? Jamais !
Nous nous levons et nous décidons de notre journée. L’homme va au bureau servir la patrie et madame va librement au culte chercher de l’huile sainte. Hum ! A bien y regarder le politique et le religieux sont encore là pour guider notre vie. Le plus fantastique, c’est que leur maître à tous, c’est quelqu’un, quelque part qui détient les cordons de la bourse. Oui, le politique et le religieux travaillent pour l’économique qui est une hydre démesurée : il est dans les banques, dans les richesses minières, dans le pétrole et surtout dans notre santé qu’il fait et défait ; qu’il manipule à travers des médicaments qui ne guérissent jamais mais qui tuent lentement et sûrement.
Moi je pense que nous sommes libres ! Libre de nos bêtises ; libre de nos inconséquences et de notre immobilisme qui nous poussent à ne jamais oser et à soutenir que nous sommes heureux avec beaucoup de routes mais ce peu de démocratie malmenée, triturée et asservie etc. Oui, nous appartenons à toutes ces libertés.
N.P
Maoudi Comlanvi JOHNSON,
Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe