Les acteurs de l’école, notamment les enseignants et le personnel d’encadrement ont tenu, les 05 et 06 septembre 2024, les Journées Pédagogiques Nationales de Réflexion et de Concertation (JPNRC). Ceci, dans le cadre de la reprise des activités pédagogiques de l’année scolaire 2024-2025. Du retour dans les classes, des enseignants du secondaire gardent en mémoire les grandes lignes de ces rencontres pédagogiques.
«Pratiques enseignantes à l’ère du numérique dans l’enseignement secondaire général : état des lieux, enjeux et perspectives ». C’est le thème de cette édition des JPNRC. Organisées dans tous les départements du pays, ces JPNRC viennent susciter la réflexion sur l’utilisation du numérique dans les pratiques enseignantes. « Cette année, nous devons impérativement intégrer le numérique à nos pratiques enseignantes. Le numérique se révèle comme un outil incontournable et efficace du siècle, tremplin d’exploits académiques inouïs. Le bouleversement du monde, il y a quelques années par l’avènement du Coronavirus en dit long », confie Chiadiaque Guézo, enseignant de français au CEG Médédjonou, dans la Commune d’Adjarra. Pour avoir pris part aux JPNRC dans l’un des points focaux du département de l’Ouémé, il soutient, au regard des explications suivies lors de ces rencontres, qu’il faut s’adapter aux réalités du monde moderne et adopter de nouvelles modalités d’enseignement.
« Le numérique est devenu un outil de travail indispensable. Par conséquent, chaque enseignant doit s’y intéresser et intéresser aussi des apprenants en vue d’une gestion efficiente et optimale de la classe », dira Samuel Iroko Adjilé, professeur de français au CEG1 Akpakpa-Centre dans le département du Littoral. Son collègue Stanislas Dansou, enseignant de français dans le même collège, ne dira pas le contraire. Après s’être approprié les contenus de ces JPNRC, il affirme sans fausse modestie : « Les technologies de l’information et de la communication s’imposent à nous désormais, comme un véritable défi à relever pour optimiser l’enseignement, pour ne pas dire le système éducatif béninois ». Tout comme ses pairs, Marc Agblo, également enseignant de français au CEG 1 Akpakpa-Centre, insiste qu’il faille forcement inclure les technologies dans l’environnement scolaire. Car, précise-t-il, elles jouent un rôle fondamental dans l’élaboration des fiches pédagogiques.
Stanislas Dansou, enseignant de français
Déphasage entre la théorie et la pratique dans les classes ?
« Les autorités éducatives auraient remarqué sur le terrain que lors des visites de classes, la plupart des enseignants utilisent aujourd’hui l’ordinateur, les tablettes pour dispenser leurs cours », indique Marc Agblo, également enseignant de français, montrant ainsi le lien qui existe entre le thème de ces JPNRC et les réalités dans les classes. Chiadiaque Guézo, pour sa part, s’inscrit en faux. Pour lui, les réalités sur le terrain ne permettent pas d’appliquer les notions reçues lors des JPNRC. « Il y a une discordance entre ce qu’on promeut et ce qui se fait sur le terrain. Nous ramons à contre-courant. Du moins, nous évoluons sur fond d’hypocrisie. On chante l’innovation, c’est bien et beau mais en réalité sa pratique pose problème », se désole-t-il. La liberté, le vœu de tous et de toutes dans la pratique enseignante, semblent être écorchée en termes d’innovation dans cette profession. « Il faut dire qu’on ne concède pas de liberté aux enseignants d’innover vraiment. Ceux qui rompent avec la monotonie et sortent un peu de l’ordinaire sont taxés d’artisans de ‘‘ m’as-tu vu’’. La jalousie de quelques aînés est un autre problème », déplore Chidiaque Guézo, étayant en effet son affirmation pour parler des enseignants conservateurs. « Mais oui, il y a effectivement des enseignants conservateurs », semble affirmer le professeur Samuel Iroko Adjilé. Pour montrer le fossé qui peut naître entre le thème et les réalités dans les classes, il joue la carte des détails : « il existe des enseignants conservateurs très attachés à la tradition de nos pères. Je parle de la catégorie de ceux qui veulent toujours garder le stylo à bille et le papier dans leur pratique quotidienne d’enseignants ».
Samuel Iroko Adjilé, professeur de français
A la lumière de ces propos, il faut noter que les comportements des enseignants, dans les pratiques quotidiennes des classes, sont hétérogènes. Le professeur Samuel Iroko Adjilé ira loin : « Il y a ceux qui attendent la dotation de l’Etat en outils informatiques de la dernière génération pour s’initier à la chose. Puisqu’en matière de dotation en outils informatiques, les établissements scolaires du Bénin sont en retard ». Faisant allusion au thème, l’enseignant de français au CEG Médédjonou, oriente : « Les enseignants de français peuvent faire l’expérience des supports numériques avec leurs apprenants. Une vidéo ou projection à travers laquelle des conteurs professionnels disent des contes ou des poètes, font de déclamations, sera un terreau pour la nitescence et l’émergence de la littérature ».
Chidiaque Guézo, enseignant de français
Retour sur les grandes lignes des JPNRC
Pédagogie nationale, les JPNRC se déroulent sur toute l’étendue du territoire national où il y a plusieurs points focaux ou lieux de regroupement. Cette édition qui a fait le lit au numérique, a permis aux enseignants de s’approprier les concepts « pratiques enseignantes » et « numériques ». Aussi ont-ils eu droit aux avantages du numérique lors de cette séance pédagogique. Il s’agit, entre autres, de la motivation des apprenants, de la facilité des recherches, de l’autonomisation des apprenants, de l’apprentissage actif, de l’adaptation des apprenants aux enseignements, de la mémorisation et de l’apprentissage aisés.
Par ailleurs, ils ont évoqué les inconvénients relatifs à l’usage du numérique. Possibilité de distraction et de déviance, réduction des compétences de lecture et des capacités attentionnelles des jeunes, altération de la vision, risque de disparition de l’écriture pour ne citer que ces inconvénients.
Il faut noter que quelques exemples d’utilisation du numérique dans les pratiques enseignantes sont montrés aux participants à ces JPNRC.
Enock GUIDJIME
Vivien Plamondon
Je trouve cet article très intéressant et révélateur des préoccupations des enseignants pour l’année scolaire 2024-2025. Les témoignages partagés mettent en lumière des enjeux cruciaux auxquels nous faisons face, notamment en ce qui concerne les ressources et le soutien dont nous avons besoin. J’espère que ces réflexions contribueront à une meilleure prise en charge des problèmes soulevés. En tant qu’enseignant, je suis convaincu que des dialogues comme celui-ci sont essentiels pour améliorer notre environnement éducatif. Merci d’avoir mis en avant ces voix importantes ! myzebrabook