Est-ce que le K.O. du nouveau président américain nous apprend quelque chose en Afrique ? Il y a beaucoup de supputations là-dessus ! Et de grands esprits intelligents, du genre de ceux qui ont prédit la victoire de la perdante, ont déjà démontré que le nouveau nous aime beaucoup et était prêt à nous pomponner sinon pouponner.
En réalité, ce combat d’éléphants ne nous concernait pas, nous fourmis souvent faux politiques et vrais mendiants. Ce sur quoi nous devions nous appesantir et prendre leçon, c’est l’examen du réel clivage qu’ont relevé ces élections dans tous les domaines : racisme, visions radicalement opposées du monde dans tous les secteurs. C’est une élection dans l’Amérique qui révèle des Amériques opposées, irréconciliables en termes d’immigration, de races, de classes, de genre, etc.
Le visage de l’Amérique de ces élections est terrible et préfigure un vivre-ensemble difficile. Cela nous concerne-t-il ? Ces extrémismes sur fonds d’intérêts difficilement conciliables, déteint sur nos petites sociétés. En même temps, je suis convaincu que ce peuple trouvera toujours le moyen de s’entendre tandis qu’on continue de nous vanter ces types de civilisations aux antipodes de nos réels vécus et de nos aspirations.
Nous sommes à un moment où nous avions perdu beaucoup de batailles : Nos sols et sous-sols ne nous appartiennent plus en même temps que nos récoltes. Nous sommes aussi en train de perdre la bataille de la technologie encore plus importante que celles de nos terres, car les entreprises les plus rentables aujourd’hui se nomment Amazon, Apple, Google, Telsa et bien d’autres dont nous ne soupçonnons ni la puissance, ni l’influence.
Pendant ce temps, nous sommes premiers dans la création d’église et de religion, cherchant désespérément où se situent nos péchés et assimilant sans discernement tout ce qui vient d’ailleurs. Si encore, nous avions la crainte de Dieu, nous serions sauvés mais, c’est le diable qui nous fait peur !
Le grand paradoxe est là : il consiste à assimiler facilement et sans discernement les travers occidentaux à savoir, notamment la déségrégation des valeurs morales et curieusement à délaisser leurs éléments de développement et de réussite. Prenez par exemple un problème qui a été déterminant dans la campagne américaine à savoir la guerre des sexes ! Plusieurs journaux anglo-saxons des plus sérieux comme le Gardian de Londres ou le New York Time ont relevé cette opposition radicale où les hommes déboussolés cherchent une masculinité performative qui promeut la compétition, la bravoure et l’honneur. De leur côté, les femmes qui ont globalement perdu le droit à IVG, évoquent les problèmes de harcèlement et de violences conjugales. Alors des mots antinomiques comme inclusion, genre, exclusion, harcèlement deviennent synonymes contre les mêmes personnes à savoir les hommes qui ont tort !
La conséquence dans cette Amérique, c’est que les hommes cherchent désespérément une liberté perdue où le moindre regard vers la femme, future mère et épouse est mal interprété. Les hommes se réfugient alors, de plus en plus, dans les églises et temples. Dans un pays où on explique chaque jour à travers le racisme et la lutte contre l’immigration que le voisin, le prochain sont des ennemis, la femme et l’homme ne sont plus ni complémentaires, ni différents ! Ils ont irrémédiablement opposés.
Curieusement, à coup de subsides étrangers insuffisants, nous développons, chérissons et entretenons cet état de choses dans nos pays où partout en Afrique de l’Ouest, l’homme est devenu ce male détestable, violent et violeur et à terme, inutile.
Les hommes se taisent et se terrent ruminant des rancunes terribles et cultivant des rancœurs irréversibles et se demandant quand tout cela va s’arrêter. Ce qui fait le plus mal, c’est qu’on se rend compte que, pour une poignée de dollars ou d’euros, nous creusons des fossés qui n’ont plus rien à voir avec nos capacités d’écoute et de solidarité. Sachons raison garder et demandons-nous pourquoi ce chaos va marcher chez nous si cela ne marche pas ailleurs !
Maoudi Comlanvi JOHNSON,
Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe