Un sujet essentiel va nous préoccuper dans cette troisième chronique consacrée au séminaire sur la qualité de l’éducation dans les enseignants primaire et secondaire à savoir la mobilisation du financement. Dans le cas d’espèce, c’est une question de souveraineté nationale. Il y a trois types de financement possible et il nous appartient de chercher la meilleure : c’est-à-dire les fonds propres, l’Aide Publique au Développement (APD) et la recherche de financements innovants.
Lorsqu’on examine chacun de ces financements, on se retrouve souvent dans la première situation qui refroidit nos ambitions sinon éteint complètement nos ardeurs, à savoir le financement propre. Curieusement, c’est ce financement de qualité doublement propre parce qu’il est personnel au pays et encore transparent et efficace, qui est difficile à mobiliser dans nos contrées de peu de moyens.
Le financement qui procède de l’aide au développement est encore plus difficile car il n’a jamais permis de promouvoir un développement efficace. C’est un type de financement qui encourage la paresse, la mendicité, la soumission et le maintien dans un sous-développement accru. Mais alors pouvions-nous nous passer de cette APD ? La question m’a été posée par des universitaires lors d’une soutenance en 2006 ! J’ai répondu non et cela m’a valu une note moyenne. Encore aujourd’hui, je continue de soutenir ce financement globalement maladroit qui a pour ambition dans une large mesure de contrôler des « Etats riches » qui n’ont pas su se libérer de la colonisation et affirmer leurs ambitions. C’est juste du réalisme !
L’APD est un instrument de coopération qui, en réalité, n’a pas d’état d’âme et qui n’est, en principe, contre aucun pays. Il appartient aux pays bénéficiaires d’en fixer les conditions dans un partenariat gagnant -gagnant. D’ailleurs, face à la faiblesse de la réactivité des pays du tiers-monde, les accords de Paris ont même invité les Etats à prendre plus de leadership pour prendre « le siège du conducteur ». Rien. La vérité c’est que l’APD devrait être revue, remodelée pour une prise en charge efficace et efficiente sans une batterie d’assistants étrangers et de consultants inutiles qui ont fréquenté les mêmes universités que les autochtones. Et, on continue de trembler devant eux ! De la même manière qu’on fixe le prix de notre coton et de notre cacao, nous devions fixer les modalités de l’APD.
D’un autre côté, lorsque nous parlons de financements innovants, on se retrouve devant un chapelet de propositions qui perdurent depuis des dizaines d’années et sont freinées par le fait qu’ils ressemblent plus à des contraintes fiscales supplémentaires. C’est pourquoi les financiers devraient être en première ligne pour apprendre à comprendre l’éducation, pour réfléchir à la faisabilité de ces capacités de financement sinon, on se retrouverait encore dans cette fable de la Fontaine intitulée ‘‘Conseil tenu par les rats’’ où on fait beaucoup de propositions mais il n’y a pas de moyens pour exécuter !
De l’autre côté, le ministère en charge du plan, qui devrait nous aider à bien calibrer nos planifications, se perd dans la définition et l’atteinte des innombrables indicateurs qu’imposent les coopérations diverses et complexes. Le plan et les finances sont essentiels au plus haut niveau pour la réussite de nos processus éducatifs qu’ils doivent accompagner du début à la fin.
On en arrive alors à produire un document de qualité qui part du principe qu’il faudrait chercher le financement d’abord ailleurs qu’au niveau de l’APD ! Les types d’emprunts qui nous aident à construire des infrastructures clinquantes peuvent être utiles. Mais la solution la plus intéressante, c’est de mettre en place des lois efficaces pour financer notre éducation par la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE). En effet, cette règle stipule que toutes entreprises privées d’un pays devraient participer à la promotion de son capital humain à raison de 1% de ses bénéfices. Cela paraît quasi dérisoire mais comptez les bénéfices des GSM, des banques, des assurances, etc. Vous verrez que c’est une manne immense ! Mais pourquoi n’y avions-nous pas pensé et mis en place ce qui existe dans la plupart des pays du monde ? Il est vrai que certaines entreprises de GSM comme Moov ou MTN créent des fondations cherchant à aller dans ce sens. La vérité, c’est que les pesanteurs et les goulots d’étranglement qui ont nom délinquance fiscale, collusions diverses avec des pouvoirs d’influence qui sont financés posent problème. Mais alors un projet mené par la première autorité du pays devrait forcer les barrières pour une réelle transition éducative.
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe