La révolution en marche ?!

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Ce qui m’interpelle dans mes chroniques, c’est l’éducation. Je le rappelle à chaque fois et m’aperçois qu’on y revient sans cesse, en définitive. Ce qui manque dans le monde actuel trépidant et apparemment dissipé, c’est une vision systémique et globale de ce que devrait être une éducation utile et efficace. Nous sommes dans un monde qui fait, chaque jour, l’éloge de la spécialisation. Or en réalité, pour comprendre ce monde nouveau, il ne suffit pas d’être instruit (spécialisé dans un domaine), il ne suffit pas d’être cultivé (versé dans plusieurs domaines), mais apte à réagir et interagir à partir des domaines apparemment opposés.
Dans le cas des pays dits francophones, nous avions posé un postulat que tout le monde soupçonne ou connaît : la colonisation a soumis nos civilisations à une déconstruction culturelle et cultuelle. Celle-ci a arraché tout esprit d’entreprise et a cantonné nos Nations à être des caisses de résonnance aux plans économique, religieux, voire politique. Qu’on se rassure, mon propos n’est pas de faire un énième diagnostic. Je veux suggérer des repères pour sortir de cette dispersion structurelle et commencer à construire une éducation révolutionnaire de qualité.
La littérature qui présente le diagnostic de notre éducation est abondante. Le Bénin possède une masse critique de cadres capables de réciter, de compléter et de réécrire ce diagnostic. Il existe même des guides internationaux pour ce fait. En réalité, chaque spécialiste de ce genre peut rester dans n’importe quel pays africain ou du monde pour présenter, sans coup férir, la situation béninoise. Il peut même prendre le diagnostic du pays voisin et juste changer les noms et quelques pourcentages. Voilà où nous en sommes !
En fait, Nous ne sommes pas complètement dans le faux, mais on nous met dans une camisole de force qui nous propose, à chaque fois, le paracétamol des réformes qui marchent pour peu de temps avant de nous enfoncer plus loin dans nos maladies, c’est-à-dire nos besoins. Alors, à chaque fois, les spécialistes de l’éducation reprennent les calculs, cherchent quelque caution internationale mise gracieusement à disposition par un partenaire qui vient nous proposer des théories et mécanismes déjà pensés et qu’on va répéter dans tous les pays en développement.
Le plus terrible, on se retrouve dans un contexte où peu de personnes comprennent et manipulent les concepts : le planificateur plastronne, à tort ou à raison, en présentant des résultats qu’on lui a souvent dictés alors que le pédagogue et l’administratif ne le suivent pas dans ses scénarii aussi dramatiques qu’inefficaces. Quant aux financiers, ils se cachent depuis longtemps dans leur technicité économique attendant les sollicitations financières où ils vont serrer inutilement les vis. Et le politicien ? Il a beaucoup de choses à résoudre et l’éducation n’est apparemment pas le plus urgent.
Vous constatez qu’on se retrouve dans une situation d’émiettement des compétences. Par-dessus le marché, elles ne se parlent pas et on les prive de la fonction de penser et d’agir pour construire simple et efficace. Aucune société développée ne passe son temps à réaliser des planifications décennales largement inopérationnelles et qu’on reprend trois (03) ans après pour des années.
Ce dont nous avions besoin, c’est une éducation peu compliquée mais efficace où les disciplines se parlent et se comprennent : il s’agit de former des philosophes mathématiciens et des physiciens ou biologistes spécialistes de l’histoire ou de la sociologie ! Malheureusement encore, il faut un nouveau diagnostic qui identifie nos moyens et nos besoins sur le terrain. Il s’agit d’un diagnostic qui nous dise, dans le même document, quelles sont d’abord les dimensions culturelles, cultuelles à partir desquelles chaque groupe sociogéographique réagit. Ensuite, quelles sont les potentialités agricoles et les ressources naturelles de chaque région à développer ? Enfin, comment construire une éducation de nos enfants sur la connaissance et la compréhension de nos milieux? En même temps que nous cherchons à prioriser l’ETFP, ce processus doit se baser sur une orientation de l’enseignement général qui fasse percevoir au fur et à mesure les valeurs et les mécanismes de notre environnement matériel et immatériel.
Ceci serait possible si nous avions un livre de diagnostic et de politique simple dans l’utilisation où chaque métier et chaque groupe ont participé. Ensuite, on va commencer à le mettre en pratique dans une réforme des curricula où même le paysan et la femme au foyer viennent apprendre à nos enfants à l’école, comment vivre et survivre. Il est temps de finir avec cette école déconnectée de la réalité où l’éducation est fondamentalement une perte lente et inexorable de ses parents, de sa famille, de son milieu pour un nouveau milieu en réalité hostile et aliénateur où nous nous contentons de survivre !

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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