La jeunesse africaine est au cœur d’une rencontre décisive sur l’innovation et l’entrepreneuriat à Cotonou. La 2e édition du Forum Africain pour la Recherche et l’Innovation (FARI) s’est ouverte, hier, lundi 5 mai 2025, à l’Hôtel Sofitel de Cotonou, devant chercheurs, décideurs politiques, acteurs du secteur privé et jeunes innovateurs venus de toute l’Afrique de l’Ouest. Pendant cinq jours, la science et la technologie deviennent des moteurs d’un avenir radieux pour les jeunes africains.
«Cette édition du FARI ne doit pas être un simple forum, mais une scène de révélation, un levier de synergie, un catalyseur d’opportunités concrètes au service d’une Afrique créatrice de valeurs, par et pour sa jeunesse. » C’est avec cette fougue verbale pour la cause d’une Afrique qui bouillonne et innove pour sa jeunesse que Eléonore Yayi Ladékan a planté le décor de la cérémonie de lancement officielle de la 2e édition du Forum Africain pour la Recherche et l’Innovation (FARI). Né d’une volonté commune des Etats membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de promouvoir la science, la technologie et l’innovation comme leviers de développement, le FARI se veut être un cadre de concertation et de mutualisation des efforts dans la recherche.
La salle Dôme de l’Hôtel Sofitel de Cotonou pleine au lancement du FARI 2025
Après Abuja en 2022, c’est le tour du Bénin d’abriter la 2e édition du FARI qui coïncide avec la célébration du jubilé d’or de la CEDEAO. Pendant cinq jours, du 5 au 9 mai 2025, Cotonou est au cœur des idées, des inventions et des espoirs de la jeunesse. Plus de 115 startups, venues de toute l’Afrique de l’Ouest, exposent leurs solutions technologiques innovantes. De la santé numérique à l’agriculture intelligente, en passant par les énergies renouvelables, les jeunes entrepreneurs agissent pour le développement du contient. Sous les géantes tentes de la place de l’Amazone, près de 20 000 professionnels, investisseurs, décideurs sont attendus pour découvrir ce que la jeunesse africaine détient dans sa matière grise.
« Le développement ne se décrète pas, il se construit et se cultive. Et c’est à travers la science, la recherche et l’innovation que notre continent s’élèvera parmi les puissances émergentes », a martelé Alassane Séïbou, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, représentant le président Patrice Talon. Pour l’autorité ministérielle, c’est maintenant que se joue l’avenir du continent et Cotonou pendant une semaine, est fier d’être le carrefour de cette nouvelle Afrique qui bouillonne et innove.
Eléonore Yayi Ladékan, MESRS, présentant son discours
Plus qu’un forum, une vision
Cette 2e édition du FARI qui est placée sous le thème : « Jeunesse africaine, innovation et entrepreneuriat : bâtir un avenir durable » est aussi un moment de bilan, de projection et d’orientation stratégique. Dans son intervention, la professeure Fatou Sow Sarr, la commissaire de la CEDEAO en charge du développement humain et des affaires sociales, souligne : « C’est ici à Cotonou, en 2018, que les ministres de la CEDEAO ont recommandé la création du FARI. Aujourd’hui, nous marquons l’histoire avec la deuxième édition. Nous sommes à la croisée des chemins entre notre héritage traditionnel et l’élan vers l’intelligence numérique. » Pour elle, l’innovation n’est pas seulement technique. Elle est aussi sociale, culturelle, éducative et identitaire. D’où l’importance, dit-elle, de mettre les jeunes au cœur des stratégies de développement, en les écoutant, en les formant, en les finançant.
Organisé dans le cadre des 50 ans de la CEDEAO, le FARI 2025 est aussi un moment symbolique pour cette institution régionale. C’est l’occasion de montrer que l’intégration ouest-africaine ne repose plus uniquement sur le commerce ou la diplomatie, mais aussi et surtout sur la science et l’innovation.
La dynamique actuelle, soutenue par les États membres, ambitionne de faire de l’Afrique de l’Ouest un pôle de savoir, de créativité et de souveraineté technologique. Une ambition portée par des jeunes et des chercheurs enracinés dans leur réalité et des gouvernements de plus en plus conscients de l’urgence de créer un environnement propice à l’éclosion des talents.
Lionel Zinsou en pleine présentation de la conférence inaugurale
Lionel Zinsou trace la voie d’une Afrique ambitieuse
C’est à Lionel Zinsou, ancien premier ministre du Bénin, que l’honneur est revenu d’animer la conférence inaugurale sur le thème de cette édition du FARI, dans une salle comble du Dôme de l’Hôtel Sofitel de Cotonou. L’économiste a livré une intervention dense et inspirante sur le potentiel transformationnel de la jeunesse africaine dans la construction d’un avenir durable. Lionel Zinsou a salué les nouvelles opportunités qu’offrent les révolutions numériques et scientifiques à une jeunesse de plus en plus connectée et formée. « Ce n’est plus un handicap d’être chercheur à Bangui ou à Cotonou », a-t-il affirmé, insistant sur la capacité croissante des jeunes à partager le savoir à travers les réseaux de part le monde.
Face aux défis climatiques, il a rappelé que l’Afrique est le seul continent qui émet moins en émissions de gaz à effet de serre. C’est une force inexploitée, selon lui, qui place l’Afrique au centre des enjeux énergétiques mondiaux.
Mais le cœur de son message reste la jeunesse. « Ce continent n’est pas absent de l’innovation », martèle-t-il. Il évoque une Afrique jeune, dynamique, porteuse de croissance et de start-up, notamment portées par les femmes. Pour lui, la transition démographique offre à l’Afrique une fenêtre unique, similaire à celle qu’ont connue l’Europe et la Chine à d’autres époques.
Toutefois, il appelle à la patience : « Il est difficile de dire aux jeunes d’attendre, mais la vague d’emplois vient avec l’industrialisation et la modernisation agricole. » Il conclut sur une note d’espoir, en soulignant l’essor d’infrastructures comme la zone industrielle de Glo-Djigbé, symboles d’une Afrique en marche vers son autonomie économique.