Le cœur de notre éducation

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Le temps passe, et on s’interrogera nécessairement sur les mutations survenues dans notre école depuis quelques décennies, notamment depuis les années 2000. En effet, ces années ont vu notre école se transformer. Si nous avions auparavant une institution fragmentée, sans vision globale mais avec des initiatives très intéressantes comme l’école nouvelle, nous voici maintenant dans un système intégré à la mondialisation. Je l’ai toujours répété : notre éducation a évolué en termes d’offre et de demande ; de vision et de prise en charge de plus en plus efficace de l’enfant.
Cela dit, la question scolaire nous interpelle chaque jour, en termes d’ajustement, de reformes cycliques nécessaires et de réponses rapides et efficaces aux situations induites par une pluralité de facteurs. On retiendra notamment que notre démographie galopante n’est pas suivie par le développement économique, lequel dépend trop de la fiscalité, des matières premières et des services. Une dialectique préoccupante !
Malgré le souci d’une école équitable et donc accessible à toutes et tous, développant les ferments de la compétence et s’appuyant sur des principes moraux tirés de nos valeurs, on se retrouve dans un contexte encore éloigné de ces ambitions. Les mutations actuelles ont construit une école qui a un peu trop réagi aux dynamiques urbaines qui favorisent la famille nucléaire et à la mondialisation qui entraîne l’uniformisation des pratiques.
Au centre de l’école, aujourd’hui, il doit y avoir qui et quoi ? Longtemps, le maître tout puissant, symbolisait l’école en tant qu’élément central transmettant un savoir. Puis on insista, avec cette APC tourmentée et triturée par d’innombrables remédiations, sur la nécessité d’y mettre l’enfant. L’actualité montre amplement que ce n’est ni l’un, ni l’autre qui occupe ce centre mais plutôt les intérêts ou l’argent ; tous les autres éléments n’étant que des opportunités. Tout semble nous faire croire que ce qui fait le compétent, ce sont les moyens offrant à un étudiant des formations de plus en plus longues et coûteuses et souvent peu probantes.
En réalité, plusieurs éléments qui se tiennent devraient être au centre de l’éducation. Dans un contexte où le milieu scolaire prend la plus grande place, devenant le lieu où l’enfant reste le plus, écoute et apprend et façonne ses habitudes et ses attitudes, le parent et l’environnement devraient être au centre de la philosophie éducative pour lui donner ces repères. Alors que l’école se monnaie fortement, et que le parent doit se démener à tout prix pour payer, et que son autorité, même en milieu urbain, est de plus en plus sapée, il importe de lui redonner sa place d’éducateur qui se perd. S’agissant du cultivateur, c’est encore pire. Un fossé se creuse entre lui et l’institution scolaire, lequel peut progressivement instaurer un gouffre voire un abysse entre lui et sa progéniture. L’équation est alors la suivante : envoyer son enfant à l’école, c’est le perdre lentement, sûrement, inexorablement pour le retrouver des années plus tard, étranger mais squattant encore la maison et les casseroles et guettant à la limite, la mort du géniteur qui tarde à mourir pour hériter de ses biens !
S’il est vrai que l’école d’hier était adaptée, formant des cadres utiles à l’administration, l’école d’aujourd’hui devrait se reformer pour donner de la dimension à notre environnement, réunir les parents et les enfants autour d’un bien-être qui devrait se retrouver dans la capacité d’identifier et de prendre en compte les potentialités de nos milieux. J’insiste sur le bien-être qui remplit les corps et les cœurs et non de ce développement plein de statistiques et d’indicateurs qui restent dans les documents économiques et contourne nos assiettes. Il s’agit de faire simple et bien à travers des curricula dont le socle commun de compétences devrait se référer au paysan et aux moyens de développer l’environnement c’est-à-dire nos cultures et nos services. Il semble que c’est cela qui interpelle le gouvernement à travers la promotion de l’ETFP. Nos cadres en sont conscients mais leur plus grand problème est le mimétisme qui consiste à se contenter, à chaque fois qu’ils ont des curricula à reformer, à compiler les documents occidentaux et à les piller. Le plus étonnant, c’est qu’ils sont capables de construire, d’inventer. A leur décharge, à chaque fois qu’on leur confie des activités de ce genre, on fait venir à prix d’or, des accompagnateurs extérieurs qui n’ont jamais inventé l’eau tiède et qui s’érigent en censeurs garant soi-disant de la validité du document à l’international ! « O tempora, o mores » !
Oui. Quelle époque ! Nous avons encore du chemin à faire pour corriger, adapter et surtout revenir aux valeurs qui mettent le paysan ou l’artisan ; le fonctionnaire ou l’enseignant c’est-à dire nous parents ou plus précisément le rapport parent-enfant au centre de l’éducation car d’abord, ensuite et même enfin, nos enfants nous appartiennent.

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Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

 

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