Le département du Couffo, à l’instar des autres départements du Bénin, a ses réalités propres à lui sur le plan éducatif. Plusieurs défis constituent encore un frein à l’évolution éducative des enfants de cette localité en particulier celle des filles. Zénongnon Kakpo, le directeur départemental des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle du Couffo, nous fait le point des actions éducatives dans son milieu.
Educ’Action : Présentez-nous le département du Couffo sur son aspect éducatif
Zénongnon Kakpo : Le département du Couffo est une localité située dans le Sud-ouest du Bénin. Dans ce département, nous avons au total 82 établissements qui relèvent du giron de l’Etat à savoir : 79 collèges d’enseignement général, 02 lycées techniques et 01 centre de formation professionnelle.
De façon générale, quels sont les défis réels du département du Couffo en termes d’éducation ?
Le système éducatif du département du Couffo que j’ai l’honneur de diriger, est confronté à d’énormes défis. Nous pouvons citer, entre autres, la démission des parents face à leur rôle. Cela a pour conséquences le fait que la plupart des élèves sont livrés à eux-mêmes en matière de frais de scolarité, de l’achat des fournitures scolaires et même l’entretien par rapport à leurs besoins élémentaires. Il y a également l’absence d’une bibliothèque départementale pour permettre aux apprenants de rehausser leur niveau de langue. L’inexistence de laboratoire digne du nom est aussi un défi ici dans le Couffo. On note toujours, et ce malgré les efforts consentis jusque-là par le Gouvernement, l’insuffisance de professeurs certifiés dans l’encadrement des élèves, des conseillers pédagogiques et des inspecteurs dans l’encadrement des enseignants et l’insuffisance de salles de classes et de mobiliers pour les activités pédagogiques.
L’éducation des filles occupe une place de choix dans la vision du Gouvernement béninois. Quelle est la situation réelle de l’éducation des filles ici dans le Couffo ?
Dans le Couffo à l’instar des autres départements du Bénin, l’éducation des filles occupe une place de choix. Mais cette éducation souhaitée pour les filles est menacée par plusieurs facteurs qui ont pour conséquence, le décrochage scolaire des filles. Au nombre de ces facteurs, nous avons dans un premier temps, la démission des parents face aux responsabilités qui sont les leurs dans l’éducation et l’accompagnement de leurs progénitures. Au rang des facteurs toujours, il y a les mariages forcés des filles et leur exploitation dans les activités parascolaires qui militent pour le décrochage des jeunes filles de nos établissements. Mais pour que cette éducation des filles soit une réalité dans le Couffo, nous menons plusieurs actions. Nous sensibilisons les parents sur leurs rôles dans l’éducation de leurs enfants, soit directement, soit à travers les radios de proximité par des émissions interactives. Nous recherchons des partenaires financiers et les bonnes volontés pour accompagner les plus vulnérables. Ceci nous permet de réduire au fil des ans, le nombre de cas sociaux, de bénéficier de la construction de deux modules de trois salles de classes entièrement équipées et un module de trois salles de classes avec équipement en cours. Nous avons élaboré des outils de gestion des performances et leur mise en œuvre dans les établissements du Couffo. Nous organisons systématiquement des séances de renforcements gratuits à tous les candidats aux différents examens nationaux en vue de permettre à ceux dont les parents n’ont pas les moyens de les accompagner par l’engagement des répétiteurs, de pouvoir suivre ces séances. A ce niveau, nous sollicitons les services des professeurs qui, depuis un moment, se donnent à cette tâche. Ces derniers renforcent gratuitement nos candidats à partir des épreuves que nous leurs fournissons. Pour les quatre séries de devoirs par an, nous faisons de deux devoirs surveillés communaux (pour les classes intermédiaires) et départementaux (pour les classes d’examen). Hormis les examens blancs nationaux, nous calculons les moyennes des candidats à la première série des devoirs surveillés et aux deux devoirs départementaux comme des examens blancs avec analyse des résultats. Chaque établissement et enseignant ont un taux de succès à atteindre aux examens nationaux. Une session de récompense des enseignants et élèves les plus méritants du Couffo est organisée chaque année à partir des performances réalisées par chacun d’eux.La lutte pour le maintien des élèves filles par ces diverses stratégies, ont porté de fruits et aujourd’hui le phénomène de décrochage des filles est de mieux en mieux maîtrisé.
Comment se présentent les résultats de fin d’année dans le département du Couffo ?
Les résultats aux différents examens au titre de l’année 2023-2024 se présentent comme suit : pour l’examen du Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC), nous avons obtenu 80,91%. Le Baccalauréat de l’Enseignement Secondaire Général (ESG) a donné 53,01% et celui de l’Enseignement technique a connu une fortune de 78%.
Quelles sont vos ambitions pour l’éducation dans le Couffo pour l’année 2025 ?
Nous sommes animés de plusieurs ambitions pour l’éducation au Couffo en 2025. Notre rêve est d’avoir respectivement au moins 80% et 70% au BEPC et BAC et 90% aux examens techniques ; avoir au moins 300 mentions ‘‘Assez-bien’’, ‘‘Bien’’ et ‘‘Très Bien’’ au BAC, toutes séries confondues. Nous désirons soutenir financièrement les 30 meilleures élèves filles vulnérables grâce à l’appui des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) ; rechercher d’appui financier aux élèves des classes d’élites du Couffo. Pour permettre à tous les candidats au BAC de composer dans les matières facultatives, nous envisageons la réduction des coûts de formation et la généralisation de la langue Fongbé et Adjagbé comme matière facultatives dans le Couffo. La construction d’un module de 04 salles de classes avec équipements, d’un laboratoire et d’une bibliothèque mobile par la fondation KIA grâce à la coopération Plan Bénin et Plan Corée du Sud.
Que dire pour conclure cet entretien ?
Pour finir, nous pouvons dire globalement, que l’éducation est satisfaisante dans le Couffo. Cependant, des défis restent à être relevés surtout au niveau du second cycle. Je profite de votre canal pour remercier son excellence le chef de l’État, Patrice Talon, et le ministre Kouaro Yves Chabi pour m’avoir fait confiance en me nommant à la tête de la Direction Départementale des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle du Couffo.
Propos recueillis par Estelle DJIGRI