Je tombe dans un grand abime de perplexité lorsque la quasi-totalité des Béninois ne croient pas aux vœux ! J’attends impatiemment qu’on me les présente et je lis chacun de ces messages dans lesquels, lorsque vous faites attention, des cyniques et autres sournois vous présentent des vœux
« de santé et d’opportunités » tandis qu’ils passent le temps à se demander ce qui vous maintient encore en vie alors qu’ils vous ont fermé les portes de toutes les opportunités, eux que vous aviez même couvé et réchauffé dans votre sein.
Notre Président de la République nous a formulé des vœux dans son discours à l’Assemblée nationale en ce qui concerne l’éducation. En effet, lorsqu’on examine cette partie de son adresse, je pense qu’il a exprimé l’essence de ce qu’a été, ce qu’est et ce que sera le passé, le présent et l’avenir de cette éducation dans les prochaines années. Je ne voudrais donc pas prendre cela pour des vœux pieux surtout qu’il s’agit d’une véritable « Théorie of Change »
c’est-à-dire ToC.
Je ne voudrais pas aussi présumer de ce que pourraient en penser les laudateurs (ceux que je crains le plus, parce que n’apportant jamais d’idées nouvelles pour alimenter la réflexion) ou les dits opposants qui pourraient éventuellement user plus d’esprit de critique que d’esprit critique ! Je trouve que dans la forme et dans le fond, cette partie du discours est bien structurée et nous informe autant qu’il nous édifie. Dès le départ, le premier des Béninois donne son aperçu général qui pourrait être le titre : « Dans le secteur éducatif, notre situation demeure globalement préoccupante ». Il enchaine alors sur un diagnostic qui va prendre les deux tiers de cette intervention sur l’éducation et conclut en donnant la solution préconisée ou mieux la feuille de route.
Le diagnostic apparemment long au regard de la solution permet, en réalité, de donner une photographie assez exhaustive de la situation. Ainsi, il souligne d’abord les avancées en termes d’accès des enfants à l’école avant de poursuivre ensuite sur les défis qu’on pourrait résoudre à court terme (en planifiant mieux et autrement) qui sont les problèmes d’infrastructures et d’enseignants pour enfin relever la cause racine de cette situation qui est la gouvernance. Le diagnostic arrive à la conséquence essentielle de tous nos problèmes à savoir l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Or, c’est cet accord, cette adéquation qui fait de l’éducation le moteur du développement.
La solution préconisée par la première autorité du pays est apparemment unique à savoir, faire de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (ETFP) la première priorité. N’oublions pas que c’est à l’Enseignement primaire sinon à l’éducation de base, que cette priorité est revenue pendant longtemps. Il poursuit en soulignant que le processus est déjà enclenché, une bonne partie des ressources financières mobilisées et une feuille de route tracée. Quelle analyse faire de cette partie du discours ?
Tout d’abord, notre approche peut être identifiée comme réductrice dans la mesure où, elle ne semble pas insérer ou mieux intégrer l’éducation dans la globalité du discours à la nation car comment parler d’éducation si on ne fait pas attention à nos moyens économiques, à la sécurité alimentaire des habitants et à leur accès aux services sociaux de base dans nos différentes contrées. Je laisserai les spécialistes apprécier ces éléments qui impactent l’éducation en partant juste du principe que même si nous sommes un pays à ressources limitées, ce qui est préconisé dans l’éducation est soutenable.
Ensuite, il appartiendra à toute la chaîne de l’éducation béninoise, de se rassembler autour de cette théorie du changement que propose l’autorité première du pays, de la décortiquer en identifiant les tenants et les aboutissants à partir de l’objectif principal préconisé à savoir, faire de l’éducation le moteur du développement en promouvant l’ETFP. Car, c’est de cela qu’il s’agit et, c’est cela qu’on doit comprendre et faire comprendre !
Dans un contexte où le premier problème est celui de la gouvernance, il s’agira de s’écouter techniquement, d’égal à égal, et de s’accorder sur ce qu’il y a à faire et le rôle de chacun, sans les terrorismes inutiles de certains gens à position dominante qui ne permettent pas aux cadres techniques, souvent compétents, de s’exprimer ; car, c’est le même chef qu’on sert !
Enfin, faisons attention à l’objectif général : l’ETFP doit s’intégrer comme programme (pas comme projet) dans une vision plus globale où l’enseignement général a encore tout son sens en tant que levier et soutien.
Nous reviendrons en détail sur les différents aspects de ce discours sur l’éducation car, en vérité, il s’agira d’examiner chacun des aspects du diagnostic et les éléments de leur faisabilité avant de s’attacher à apprécier en quoi l’ETFP pourrait être la panacée ou plutôt l’alchimie réparatrice et régénératrice d’une éducation béninoise enfin structurée et compétente. Votre journal Educ’Action qui ne ménage pas et ne ménagera jamais sa peine pour participer à ce rendez-vous du donner et du recevoir. Bonne Année !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe