Notre éducation traverse en ce moment, beaucoup de situations difficiles, voire complexes auxquelles sont venues s’ajouter des reformes et autres métastases difficiles à comprendre et surtout à guérir. La forme et la tournure que se donne notre éducation, sont à interroger. Certes, la plupart des grands techniciens peuvent prononcer un diagnostic structurel et systémique acceptable du système. En même temps, les quelques solutions qui se sont proposées ou que nous avions trouvées, nous mènent tout droit dans un gouffre abyssal.
Ainsi, les quelques axes identifiés ont trouvé comme solution d’abord la promotion de l’EFTP et ensuite plus généralement de la qualité remis en chantier par le CNE. La réactualisation de notre plan sectoriel présage d’un appui à la fois insuffisant et nécessaire des partenaires que nous avions de la peine à compléter malgré nos financements conséquents. Les solutions sont-elles là ? Est-ce que tout cela est structurellement harmonisé et cohérent ?
En réalité, toute une majorité est d’accord aujourd’hui qu’il s’agira de changer complètement le paradigme éducatif en retrouvant et écrivant notre véritable histoire. Ceci va de pair avec un recalibrage et un recentrage de la géographie de telle façon que chaque élève puisse connaître à la fois son pays, son milieu et ses potentialités. Alors, les nouveaux livres de classe vont s’écrire et vont aider nos enfants à apprendre à apprendre.
En attendant ce moment qui pourrait être dans cette décennie pour peu que nous le voulions et que nous sortions nos techniciens de leurs zones de confort, il devient urgent de restructurer l’immédiateté qui s’offre à nous.
Ainsi, nous ne pouvons pas continuer avec le spectacle plus que désolant qui s’offre à nous où il s’agit de finir au plus tôt les cours par tous les moyens avec des raccourcis désastreux et des approximations fatales. L’école est devenue très paresseuse, inutilement violente et permissive avec un souci permanent d’intérêts divergents et complexes. Dans cette affaire, tout le monde est coupable !
Imaginez qu’en ce moment la quasi-totalité des écoles autant publiques que privées ont déjà fini le programme ! Nos enfants vont au cours dans une désorganisation horaire sans pareille. Les parents ne connaissent plus les heures de cours. Chaque école fixe ses horaires et les privées, ont persévéré dans la journée continue malgré les injonctions de la République. Les ministères de l’éducation devraient nécessairement définir quand, comment et où les enfants vont aller au cours malgré des infrastructures qui n’arrivent pas à suivre le rythme de la demande éducative.
Du point de vue pédagogique, il y a une nouveauté dans l’enseignement qui consiste à donner plein de cours recopiés facilement dans les cahiers d’activités, sans véritable explication et surtout sans exemples et exercices. On réserve donc ces exemples et exercices pour les TD payants qu’organisent les professeurs pour tous les cycles. Ainsi quelques élèves d’un collège public sont venus m’expliquer tout joyeux, qu’il suffit de suivre les cours de TD car plus que souvent, ce sont les exercices des TD qui ressortent in extenso dans les devoirs. Les élèves ont compris et dans cette promotion de première, les TD à 500f la séance, ont très vite fait le plein ! Mais alors quel est l’effort véritable de chacun dans la formation de la génération future !
Ce qui est étonnant, c’est que ce sont les enseignants APE voire ACE qui sont devenus de plus en plus paresseux et peu efficaces, bâclant les cours en se disant que rien ne peut leur arriver. C’est pourquoi une prise en charge efficace et objective des AME devient urgente avec un réel changement de paradigme. Ils peuvent et ont les germes de l’efficacité ; en même temps, on ne peut pas les prendre toutes et tous compte tenu de nos moyens. Il s’agira de tabler donc sur des critères objectifs.
D’un autre côté, la course au gain additionnel a été facilitée par l’organisation des examens blancs qui sont devenus des sources de revenu sans pour autant prouver grand-chose. Ceci vient s’ajouter à un manque d’autonomie progressif de l’école où même le t-shirt de sport et les photos d’identité qui pourraient amener quelques gains, ne relèvent plus de l’administration interne ! L’Etat a raison de vouloir prouver son efficacité. En même temps, il crée des spectateurs, de plus en plus résignés qui regardent rogner leurs parcelles d’autorités et de confort et se contentent de contempler le temps qui passe.
Maoudi Comlanvi JOHNSON,
Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe