Régulièrement des personnalités de divers horizons me demandent : pouvons-nous résoudre nos problèmes d’éducation et donc donner des repères précis et sûrs qui vont guider l’avenir de nos enfants ? À chaque fois, ma réponse n’est pas véritablement comprise car il m’arrive, selon mon interlocuteur et le contexte, de répondre soit par l’affirmative, soit par la négative.
En vérité, les deux se valent : il s’agit pour moi, devant un quelconque parent, d’affirmer que les problèmes d’éducation de nos enfants peuvent être appréhendés et cernés, voire résolus. Là, il s’agit de souligner qu’une bonne éducation est possible. Elle ne se limite pas à l’école mais commence à la maison et se poursuit dans la rue.
Rappelons encore une fois qu’on retrouve un certain nombre de constantes dont il faut tenir compte : d’abord les parents ne s’impliquent plus assez dans cette éducation, croyant que ce qui doit former l’étudiant de demain concerne seulement l’école de sorte que le rôle d’enseignement ou d’instruction propre à la salle de classe, se complexifie. Ensuite, les nouvelles habitudes et attitudes des familles ne favorisent pas la communication entre ses membres qui sont complètement dispersés dans les différents lieux d’activités (services des parents, classes des enfants, maison sans oublier les lieux de cultes, de délassement, etc.) et les médias liberticides. Enfin, tout semble faire croire, de nos jours, que le bonheur se retrouve dans une immédiateté matérielle et financière clinquante (dernier téléphone, moto, voiture, salon, etc.) que chacun poursuit sans cesse dans une société de l’angoisse et de l’insécurité. Il s’agit de faire comprendre, in fine que le bonheur, au contraire du plaisir fugace, se construit dans l’effort d’une éducation équilibrée.
Si je me retrouve devant un technicien de l’éducation, je réponds plutôt par la négative dans le sens où ce qui nous est proposé actuellement dans nos pays africains est globalement désastreux en termes de compétences. Je peux repérer aussi à ce niveau des constantes qui ne nous aident pas. D’abord, comment sortir de l’ancien schéma d’éducation qui se retrouve globalement aujourd’hui dans les pays d’obédience francophone, qui continuent de dupliquer des formations pour l’administration publique et le chômage. Ensuite, s’il est vrai que notre système éducatif a évolué en termes de prise en main des processus et mécanismes dans leur ensemble, les différentes sollicitations et interventions étrangères des PTF reproduisent chez nous les mêmes activités et expériences des pays limitrophes, saupoudrés par des financements insuffisants et globalement inefficaces qui altèrent notre prise en main. Enfin, il y a un véritable hiatus entre les longues et ennuyeuses planifications compréhensibles juste par quelques initiés et les besoins urgents et immédiats de nos réalités éducatives.
C’est pourquoi, il ne sera jamais tard de nous prononcer sur ce qui doit nous interpeller fondamentalement dans ce 21ème siècle à savoir quel est le projet général que nous proposons à nos enfants pour devenir acteurs du développement ? Attention, il ne faudrait pas faire l’erreur de croire que le projet consiste à aller à l’école ! Ce n’est ni un projet, ni les clés pour un avenir !
L’enfant, très tôt doit savoir vers quoi il doit se porter ; qu’est-ce qu’il voudrait entreprendre de telle façon que l’éducation à recevoir doit porter ce projet : c’est ainsi que nous allions créer des entrepreneurs en démontrant à chaque fois à nos enfants que l’école ou encore tout autre apprentissage est un moyen et non une fin vers la compétence. En réalité cette vision doit sous-tendre la nouvelle approche de notre éducation qui insiste sur la formation technique et professionnelle en termes de vision globale.
En réalité, tous les aspects de l’éducation, qu’elle soit littéraire ou scientifique se valent ; l’important c’est de savoir quoi en faire. C’est pourquoi nous devions apprendre à nos enfants à répondre à la question essentielle qui sous-tend toute entreprise : quel est notre projet ?
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe