Les cours du soir dans les écoles publiques : Un tremplin pour les occupés diurnes d’avoir leurs parchemins

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Depuis quelques années déjà, des initiatives éparses émanent de certains groupes constitués pour répondre à la demande de certains jeunes déscolarisés (occupés dans la journée), les non-scolarisés (à la quête de l’instruction de base) pour la relance de leurs études en vue de la préparation des différents examens nationaux. C’est ainsi que sont nés les cours du soir pour des apprenants l’ayant sollicité avec pour chacun sa fortune et ses difficultés à assimiler lesdits cours et à préparer efficacement son examen. C’est donc pour mieux comprendre le fonctionnement et le déroulement de cette activité pédagogique, à cette heure de la soirée que notre équipe de reportage a sillonné pour vous quelques sites. Le sérieux dans la conduite des activités académiques se heurte à la fatigue de la journée pour donner finalement des interrogations sur l’intérêt de ces cours du soir …

Il est 20h00 au Collège d’Enseignement Général de Gbégamey. Un collège qui relève du giron de l’Etat et censé être rempli uniquement en temps normal dans la journée pour les cours formels. Il se retrouve aussi envahi par des hommes et des femmes dans la cour, la nuit. Loin d’être un moment de délibération des résultats du Bac, où les candidats angoissés pour certains se donnent à la prière, stressés pour d’autres noient leur stress dans des blagues avant la tombée de la sentence pour les délivrer, c’est à une véritable sortie de récréation de journée digne des collèges que nous avons eu droit. Pour comprendre les motivations à l’origine de la mobilisation de cette marée humaine à cette heure de la soirée, notre équipe de reportage s’est approchée d’un des candidats en rang qui a requis l’anonymat. Il explique : « Nous sommes à l’ère du dépôt des dossiers pour les différents examens. Et donc c’est ce qui explique l’affluence d’hommes et de femmes debout comme vous le constatez. Nous nous activons pour nous mettre en règle par rapport aux dépôts de dossiers aux examens nationaux 2017 ». Abdoul Azizou Moussa, trésorier général adjoint de l’Université Populaire de Gbégamey rencontré dans la cour du collège renseigne sur l’intérêt des cours du soir en ces termes : « Les cours du soir ne sont pas des cours à plein temps. Ce sont des cours qui se réalisent comme le nom l’indique dans la soirée juste pour permettre à ceux-là qui n’ont pas le niveau requis et qui aimeraient se présenter au baccalauréat par exemple toutes séries confondues au Bepc ou au Cap, de pouvoir passer leurs examens en toute quiétude ». Par ailleurs, les cours du soir ne se résument pas uniquement aux candidats, mais aussi concernent les personnes qui n’ont pas eu la chance d’être scolarisées. Au nombre des sites qui offrent des prestations d’instruction nocturne, figure en bonne place, l’EPP Abomey-Calavi qui instruit une certaine catégorie socioprofessionnelle. Il s’agit notamment des mécaniciens, des maçons, des soudeurs, des menuisiers, des tourneurs à la quête du savoir. Le périple nocturne ne s’est pas seulement arrêté au seul site d’Abomey-Calavi. A l’EPP Vodjè-Sud, non loin de la place de l’étoile rouge, les cours du soir vont bon train. Les salles de l’école sont noires de monde et la majorité des apprenants sont des adultes, des personnes d’un âge certain. Hilaire Donouvossi, coordonnateur des cours du soir rencontré devant l’école à côté de son véhicule, n’a pas manqué de mots pour justifier le bien-fondé de ces cours qu’il supervise à l’EPP Vodjè-Sud : « les cours du soir permettent à ceux-là qui se sont dit qu’ils ne peuvent plus avoir certains diplômes comme le baccalauréat, de décrocher leurs diplômes. On s’est dit qu’il faut au moins avoir un creuset pour les former. Les cours du soir, à cet effet, permettent aux fonctionnaires qui veulent améliorer leur situation salariale par le changement de grade, de corps ou de catégorie, de maximiser leurs chances par l’obtention de nouveaux diplômes ». La satisfaction des organisateurs de ces cours du soir réside par ailleurs dans le succès qui sanctionne leur présence aux côtés des candidats par la qualité des cours qui leur sont donnés. « Au niveau des organisateurs, nous avons une satisfaction morale d’avoir permis à des gens peut-être du niveau Cep, de se retrouver avec le Bepc, le bac, le Bts pourquoi pas la licence », a dit Hilaire Donouvossi parlant des avantages et de l’intérêt des cours du soir. Abordant la question relative au poids de la fatigue après une journée chargée d’activité physique, morale ou intellectuelle et de la gestion qui est faite de cette fatigue relativement lisible sur le visage de la plupart des apprenants, Hilaire Donouvossi déclare : « je suis plus spécialisé dans ‘’ l’andragogie ‘’ c’est-à-dire l’étude appliquée aux personnes de certains âges. J’avais fait la psychopédagogie et c’est avec ça que nous travaillons. Nous avons une manière pour encadrer nos apprenants. Nous leur donnons l’intérêt à suivre les cours. C’est comme s’ils viennent faire du footing intellectuel. On les amène à se dire lorsque vous allez rentrer dans une classe, vous allez toujours vous en sortir avec un élément de plus. Nous essayons de mettre l’ambiance académique nécessaire, nous avons notre arsenal pour les discipliner et leur donner tout le goût de la chose », informe Hilaire Donouvossi avant de poursuivre : « si l’on me dit que les cours du soir sont des moments de divertissement alors qu’on a pu enregistrer les premiers du Bénin, je crois que ce n’est pas un creuset d’amusement. Nous travaillons aussi avec des collègues d’une certaine expérience donnée sur le travail à faire par rapport au poids de l’âge ». Continuant son périple, Educ’Action a fait le tour du Collège d’Enseignement Général de Ste Rita, un collège en face de la Direction de l’Office du baccalauréat où les cours du soir se font aussi. Les apprenants de ce collège ne sont pas restés indifférents au cours que dirige de mains de maître Laurent Koumako, coordonnateur de l’Université Populaire de Ste Rita. D’un site à un autre, les raisons de la sollicitation des cours du soir par les apprenants ne varient pas. Interrogé sur la même question, la réponse de Laurent Koumako ne varie pas de celle de Hilaire Donouvossi sur la pertinence des cours du soir. « C’est une question d’expérience et de patience. Ce sont des professionnels. Lorsqu’ils travaillent dans la journée, dans la soirée, ils sont concentrés et il y a une pédagogie qu’on appelle ‘’andragogie ’’ que nous maîtrisons. Les cours du soir ne doivent pas être aussi une activité tendue », explique à son tour Laurent Koumako comme s’il avait concerté Hilaire Donouvossi. Pour les apprenants, les raisons qui fondent leur ardent désir de suivre les cours du soir et non ceux de la journée sont essentiellement liées à leur occupation de la journée.

Le poids de la fatigue de la journée, l’autre épine sous les pieds des apprenants des cours du soir …

De l’université Populaire de Gbégamey à l’Université Populaire de Ste Rita, les apprenants évoquent différentes raisons à l’origine de leur préférence des cours pour la soirée. Pour Prince Alingo « Les cours du soir me permettront d’avoir mon diplôme parce que je fais d’autres activités dans la journée ». Pourtant, reconnait-il, à des moments donnés, la classe sommeille en pleins cours. Pour Léonce Kotty, aussi apprenant des cours du soir : « C’est une voie par laquelle je peux passer pour obtenir mes diplômes. Et comme je suis déjà dans la vie active, je n’aurai plus le temps pour suivre les cours de la journée ». Au Ceg Ste Rita, on observe un mélange d’âges. « J’ai remarqué qu’à l’UP Ste Rita, il y a plus de jeunes que d’adultes. J’ai choisi les cours du soir parce que j’ai arrêté mes études à un moment donné et par souci d’obtenir mon Bac, j’ai décidé de relancer mes études par les cours du soir.», fait savoir Doris Hunkpati, 20 ans, hôtesse et candidate au Baccalauréat 2017. « Je suis dans une société privée où je sors à 19h. Je viens aux cours du soir et je rentre à 23h tout fatigué. Ce qui d’ailleurs m’empêche de réviser les cours une fois rentré avant le lendemain », avoue tout impuissant Parfait Sogadji, aussi apprenant des cours du soir parlant du poids de la fatigue après une journée laborieuse. Il reconnait par ailleurs que les cours du soir ne sont pas des moments de distraction et de divertissement. Il apprécie le sérieux avec lequel l’encadrement académique et pédagogique est assuré. Soulignons que les sites des cours du soir sillonnés font les cours du lundi au samedi et que les frais de formation varient d’une école à une autre. Pour certains, la formation s’élève à 31000f et pour d’autres, elle coûte 60000f. Avant leur ouverture, les coordonnateurs des sites visités disent recevoir au préalable une autorisation qui leur serait délivrée par la Direction des Etablissements Privés.

Enock GUIDJIME

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