La mécanique automobile est l’une des filières dans lesquelles les apprenants sont formés dans nos lycées au Bénin. Au lycée d’Amitié Sino-Béninois d’Akassato (ASBA), cette filière est en plein essor et mérite qu’on s’y attarde.
Kadidjath Zannou est une jeune fille d’une vingtaine d’année environ. Depuis sa tendre enfance, elle se sent déconcertée à chaque fois qu’elle se retrouve face à des objets gâtés qui peuvent être cependant réparés. Ces doigts curieux et son désir de rapiécer les objets mal en point, la poussent à fouiller tous ses jouets et autres appareils en panne dans son entourage. Elle le témoigne d’ailleurs en ces termes : « J’aime sincèrement réparer les choses qui sont gâtées. Si un appareil est en panne, ça me dérange de ne rien faire et de le laisser ainsi. » Pour cultiver davantage cette passion naissante pour la mettre à la disposition de tous, elle s’est inscrite dans le Lycée d’Amitié Sino-Béninois d’Akassato (ASBA), filière Mécanique Automobile. Pour le compte de cette année académique 2023-2024, elle en est à sa 3e année de formation, donc en Terminale.
Tout comme elle, ils sont cette année, 21 apprenants dont 4 filles, en classe de Terminale. Au terme de l’année scolaire, leurs études seront sanctionnées par le Diplôme de Technicien (DT) en Mécanique Automobile au Lycée ASBA. Pour la petite histoire, certains d’entre eux se sont retrouvés dans cette filière par passion. D’autres encore, pour perpétuer l’héritage de la famille. C’est le cas de Paul Mètognon et Marcos N’Tagué. « J’ai un oncle qui est mécanicien et un autre qui vend les pièces mécaniques détachées. C’est en les voyant faire que j’ai décidé de choisir cette formation », renseigne Marcos N’Tagué. Mais qu’entend-t-on par Mécanique Automobile et sur quoi travaille le mécanicien?
Symplice HOUESSOU, chef atelier mécanique automobile à ASBA
La mécanique automobile, une filière ouverte aux apprenants du niveau BEPC
« Le mécanicien est pour l’automobile, ce qu’est le médecin pour l’homme ». C’est par cette phrase que Symplice Houessou, enseignant et chef atelier (CA) en Mécanique Automobile au lycée ASBA, montre l’importance des mécaniciens automobiles. Alors qu’il était en pleine pratique avec ses apprenants, le CA Symplice Houessou vêtu de sa blouse bleue, n’a pas marchandé sa disponibilité à faire connaître la filière qu’il enseigne. Il renseigne que le mécanicien automobile est un technicien qui s’occupe de la maintenance et de la réparation des véhicules automobiles. En formant donc les apprenants, le CA Symplice Houessou et ses collègues enseignants mettent à leur disposition, les compétences nécessaires pour s’occuper des véhicules automobiles de toutes sortes. « Quand on parle de véhicule automobile, il s’agit des véhicules utilitaires, des véhicules personnels. Mais les apprenants ont aussi reçu une base pour pouvoir intervenir sur les engins de travaux publics utilisés sur les chantiers de construction des routes et les engins de manutention. », a-t-il expliqué.
Mais ne s’inscrire pas dans cette filière, qui le veut. L’accessibilité à la formation en mécanique automobile au Lycée ASBA, est conditionnée. « Pour l’entrée en mécanique automobile, le lycée ASBA accueille les apprenants à partir de la classe de 2nde, donc obligatoirement ceux qui sont titulaires du BEPC ou du CAP. », informe le CA Houessou avant de préciser que l’admission se fait sous deux formes. Selon ses informations, la première admission se fait sur concours à l’issue duquel le candidat admis bénéficie d’une bourse de l’Etat. Par contre, la deuxième option, lorsque le candidat n’est pas admis sur concours, il a la possibilité de faire une inscription à titre payant. La formation dure 3 ans faut-il le préciser, dans les lycées. A l’issue des deux premières années de formation, à savoir la 2nde et la 1re, l’apprenant a la possibilité de passer le Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP). Au niveau de la 3e année qui est la Terminale, ils vont passer le Diplôme de Technicien. Cependant, après l’obtention de son Diplôme de Technicien, l’apprenant peut également continuer sa formation.
L’enseignement de la théorie, gage du professionnalisme des apprenants des Lycées
A la question de savoir ce qui différencie les techniciens sortis des lycées à ceux formés au bord des voies, la réponse est la même d’une personne à une autre. Joglad Adjottin est un produit fini du lycée ASBA en mécanique automobile. Pour avoir déjà côtoyé d’autres mécaniciens sur le terrain, il est fier d’avoir fait le lycée. Et pour cause : « Nous avons la théorie qu’ils n’ont pas. », se réjouit-il. Ainsi, la différence réside au niveau de la théorie qui leur permet de mieux agir sur les véhicules. « Nous avons eu la chance d’apprendre ce qu’est la voiture. Donc nous avons étudié tout ce qu’il y a comme organes composants sur la voiture. Et quand les véhicules viennent, nous prenons le temps de bien diagnostiquer le problème avant de nous mettre au travail, nous ne faisons pas du bricolage. », s’est félicité le technicien Joglad Adjottin. Sans aucun doute ! s’exclame le chef atelier Symplice Houessou pour qui la pratique ne s’aurait être parfaite sans la théorie. « On a l’habitude de dire aux apprenants qu’on ne peut réparer que ce que l’on connait. S’ils ne maîtrisent pas alors la technologie de l’automobile, la réparation leur sera compliquée. », a dit le CA pour certifier les propos de l’ancien élève Joglad. Il met un accent particulier sur le fait qu’avec l’évolution de la technologie, les véhicules actuels sont les véhicules dont la mécanique laisse place complètement à l’électronique. Donc, poursuit l’enseignant de bleu vêtu, si on n’a pas une formation de base théorique, on ne pourra pas véritablement intervenir sur ces véhicules. « Nos apprenants qui sont ici, ont la possibilité d’avoir des cours théoriques, et de comprendre véritablement la technologie, le fonctionnement de chacun des éléments, chacun des systèmes de tout type de véhicules. Ils gagnent aussi bien en pratique qu’en théorie. », reprécise-t-il à son tour. Ainsi, les apprenants sont formés avec des matériels de pointe, de dernière génération pour imprimer une nouvelle dynamique à l’exercice de la mécanique automobile au Bénin.
Hermann Tankpinou, animateur d’établissement en mécanique automobile à ASBA
ASBA, le lycée le mieux équipé pour la formation en mécanique automobile
Nul doute à se faire sur la qualité des produits livrés sur le marché par les lycées du Bénin en particulier le Lycée d’Amitié Sino-Béninois d’Akassato (ASBA). Surtout quand on sait qu’ils viennent du lycée actuellement le mieux équipé en mécanique automobile au Bénin. L’Animateur d’Etablissement (AE) en mécanique automobile au lycée ASBA, Hermann Tankpinou l’atteste si bien : « Nous sommes actuellement au Bénin et dans la sous-région, le lycée le mieux équipé en mécanique automobile ». A l’en croire, plusieurs réalités font que les apprenants sortis des lycées sont mieux équipés que les mécaniciens formés sur le tas pour répondre aux besoins du client. « Il y a deux choses qui nous différencient des autres : C’est la maîtrise des outils de travail et la maîtrise des démarches professionnelles de travail, c’est ça qui fait le professionnel. », a notifié l’AE, lui qui a enveloppé son corps dans un costume couleur cendre. Pour lui, le lycée ASBA entend mettre sur le terrain, de jeunes garagistes pouvant travailler avec les techniques et les outils les plus appropriés et actualisés dans le domaine du travail. « Une chose est d’atteindre les résultats mais l’autre est de les atteindre avec efficacité dans le temps. Actuellement, l’efficacité en matière de temps, de délai de travail dans les garages, ce n’est pas encore ça et la satisfaction des clients n’est pas encore le résultat attendu. Donc il y a encore un grand travail à faire sur le terrain, et c’est pour ça que nous, nous sommes là », a laissé entendre l’AE Hermann Tankpinou. Il espère sincèrement que les équipements mis à la disposition du Lycée ASBA pourraient profiter à la communauté locale au-delà de la formation.
Aujourd’hui, l’enseignement et la pratique de la mécanique automobile ne sont pas exemptes de difficultés. C’est l’aspect sur lequel nous reviendrons dans la parution prochaine.
Estelle DJIGRI