Pour un adieu, c’en fut un ! Des déclarations d’amour aux déclamations poétiques, tout était au rendez-vous pour le dernier salut. Des chants et danses à la zulu, des fleurs, des signatures dans le livre d’or, les Sud africains et le monde entier ont rendu hommage au grand Nelson Mandela, héros de la lutte contre l’apartheid, Prix Nobel de la paix, premier président noir de l’Afrique du Sud démocratique. Le nonagénaire s’en est allé, entouré de sa famille dans la paix et la sérénité ; une belle mort empreinte de grande émotion qui vient couronner une belle vie au service des autres au point d’arracher à Barack OBAMA ces mots : « Il était un homme courageux, profondément bon. Grâce à sa farouche dignité et sa volonté inébranlable de sacrifier sa propre liberté pour la liberté des autres, il a transformé l’Afrique du Sud et nous a tous émus. » A sa suite, la reine d’Angleterre Elizabeth II s’est dite profondément attristée par la disparition de MADIBA, louant son action «sans relâche» pour une Afrique du Sud pacifiée. Le président français François Hollande ajoutera que «Nelson Mandela aura fait l’histoire. Celle de l’Afrique du Sud. Celle du monde tout entier. Le message de Nelson Mandela ne disparaîtra pas, il continuera d’inspirer les combattants de la liberté et de donner confiance aux peuples dans la défense des causes justes et des droits universels.» Que de belles choses ! D’où vient alors que dans cette constellation d’hommages, la ribambelle de politicards autocrates, s’attarde sur le passage dans l’au-delà d’une figure qui aura vécu aux antipodes de leurs idéologies, de leurs pratiques macabres et peu recommandables. De son vivant, Nelson Mandela écrivait déjà ceci : « Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes… C’est vivre de manière à respecter et renforcer la liberté des autres. » Et c’est justement ce que ces tombeaux blanchis ont du mal à faire ! Pourquoi devraient-ils se mêler à cette dynamique planétaire pour oser ‘parler’. Je reste persuadé que le baobab, de vénérée mémoire, fierté des sans-voix, leur aurait retourné leurs délicatesses en leur demandant PACIFIQUEMENT et avec le charme qui est le sien, de libérer leurs peuples de la servitude, des violences et atrocités enregistrées çà et là. Il leur aurait enseigné que nous ne sommes pas vraiment libres si nous privons quelqu’un d’autre de sa liberté et que l’opprimé et l’oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité ! Madiba leur aurait rappelé que son idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie et avec des chances égales. J’aurais aimé que ce branle-bas de politiciens véreux, ventripotents, vastement repus et assurément bedonnants, prennent date avec cet évènement et donc cessent d’être des meutes de brutes, des rigolards désœuvrés et pervertis pour se mettre résolument au travail afin que le message du secrétaire général des Nations Unies devienne une réalité partout où il y a encore des foyers de tension dans le monde. Ban ki Moon disait en effet de Mandela que «Nous devons nous inspirer de sa sagesse, de sa détermination et de son engagement pour nous efforcer de rendre le monde meilleur». Ces politiciens syncrétistes qui proclament la paix au soleil et s’arment la nuit doivent comprendre comme David Cameron, que Nelson Mandela était un héros de notre temps et que c’est «Une grande lumière qui a quitté ce monde». Puisse cette lumière guider les dirigeants africains et autocrates pour l’éclosion et la protection de la liberté des peuples.
N. P
Ulrich Vital AHOTONDJI