Le lundi 18 mars 2024, le Gouvernement béninois a tenu un conseil extraordinaire des ministres qui a fait le nid à des mesures susceptibles de contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de travail des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME). Informés et contents de ces différentes mesures, les AME expriment leur reconnaissance aux différents acteurs ayant contribué à cette décision.
Charles Bokossa, AME à Gbégamey
« Toutes ces mesures donnent plus de motivations dans le travail que nous accomplissons »
«Mes premières impressions sont celles de joie et de fierté par rapport aux luttes menées pour porter nos cris de cœur vers les autorités. Nos doléances ne sont pas tombées dans les oreilles de sourds. Donc, c’est une grande joie pour moi. La particularité est que la réintégration des collègues suspendus pour fait de grève m’a réjoui. L’octroi des 12 mois sur 12 avec une prime d’intérêt au service national, ce sont autant de choses qui m’ont particulièrement ému. Ces décisions viennent améliorer beaucoup de choses dans la vie des AME. D’abord, les stress qui étaient causés par le manque de moyen suffisant pour faire le travail, les soucis liés aux besoins de moyen financier pour se soigner, se loger, se nourrir. Ce n’était pas facile et il fallait donner le meilleur de nous-mêmes. Les décisions viennent corriger tout ça. Les femmes qui sont enceintes sont obligées de travailler jusqu’à l’accouchement et juste après l’accouchement. Les congés de maternité leur permettront de mieux se donner au travail et d’être en bonne santé. Toutes ces mesures donnent plus de motivations dans le travail que nous accomplissons pour le système éducatif béninois. Nous souhaitons de tout cœur que ces promesses soient respectées comme elles ont été annoncées en conseil des ministres. Que vivement, le Gouvernement hâte le reversement puisque nous avons déjà fait 5 ans et l’âge évolue. Cela permettra d’avoir un statut, de bénéficier des primes et de jouir de tous les privilèges dont bénéficient les autres enseignants comme cela se doit. L’engagement que je prends personnellement, avec mes collègues d’ailleurs, c’est de me mettre plus au travail comme cela se doit afin que le système éducatif béninois soit plus impacté. Les AME sont plus que jamais motivés à se donner plus à la tâche. Je dirai merci à toutes les confédérations qui ont lutté et œuvré de quelque manière que ce soit, directement ou indirectement, afin que cela aboutisse. Les parents d’élèves qui sont à nos côtés, qui suivent l’actualité de près et qui se sont mis dans la danse, qui se sont impliqués pour réclamer l’amélioration des conditions de vie et de travail des AME, je leur dis ‘‘Merci’’. Ce qui reste pour que le hautement social soit total au niveau des AME, c’est le reversement. L’âge évolue et il faut que le reversement ne tarde pas. Même s’ils ne peuvent pas le faire d’un seul coup, qu’il le fasse par promotion et que cela ne tarde pas. Les semaines ou les mois à venir, qu’ils prennent un décret pour nous reverser une fois pour de bon. Merci encore au Gouvernement de Patrice Talon et que ses œuvres ne s’arrêtent pas en si bon chemin. Que le 2e mandat du président qui s’achève en 2026, se termine avec une bonne situation, avec une satisfaction de tout le peuple d’avoir connu un président qui a aussi à cœur le bien-être de la population. »
Anselme Houétchénou, instituteur de la maternelle, AME 1re promotion, 1re vague
« Mes attentes, c’est l’application réelle de cette décision prise en conseil des ministres »
«Nous saluons la FéSEN-CSTB qui a su appeler les AME en général à la grève du 7 mars 2024. Cela montre qu’elle maîtrise la thérapie des soins syndicaux. On dit souvent que « Un tient vaut mieux que deux tu en auras ». Cela simplement pour dire que c’est mieux que rien. Seulement, la maladie cruciale des AME est le reversement. Tant que l’arbre de notre maladie n’est pas coupé et déracinée cela sous-entend que la maladie est toujours là. Le reversement ou rien. Mais ce qui me touche positivement, c’est la réintégration des AME radiés pour fait de grève courant 2021. Mes attentes, c’est l’application réelle de cette décision prise en conseil des ministres, le lundi 18 mars 2024. Mon engagement n’a jamais changé. Je dirai ‘‘merci ‘‘
à la fédération d’être toujours à nos côtés. Au Gouvernement, je lui dirai que c’est un pas franchi. Mais nous tenons à ce que la doléance importante soit satisfaite dans un bref délai. ‘‘Merci’’ à la presse aussi qui ne cesse de relayer nos infos. En somme, les vendeurs d’illusions ont déjà commencé à réclamer les décisions du Gouvernement comme si c’était leur apanage. Mais à la FéSEN-CSTB seule la gloire de cette lutte. »
Audiace Gbèmavo, instituteur à EPP Houéyiho/B Cotonou
« Ces décisions me permettront, un tant soit peu, de souffler légèrement pendant les vacances »
«Je pense personnellement que, sans la lutte, nous ne pouvons rien obtenir. Si la décision du conseil des ministres est venue à la suite d’un mouvement de débrayage, cela suppose en clair que la grève a porté ses fruits. Et je tiens à remercier très sincèrement la FéSEN-CSTB qui a pris la question des AME comme son cheval de bataille. En tant que AME, ce qui me touche particulièrement est le payement de 12 mois sur 12 de nos émoluments et cette légère augmentation de 20 000f. Ces décisions me permettront, un tant soit peu, de souffler légèrement pendant les vacances. Il est vrai que ce n’est pas encore ça, mais cela aura quand même un impact positif sur mon quotidien. Mes attentes, c’est de voir ces promesses se réaliser. Toutefois, je souhaite que le Gouvernement fasse mieux en reversant tout simplement cette catégorie d’enseignants afin de leur permettre d’avoir la paix du cœur dans l’exercice de leur fonction. Quant à la fédération, je voudrais leur demander de ne point baisser les bras en ce qui concerne leur lutte. Laquelle est de voir nos conditions améliorées de jour en jour. En tant qu’enseignant, je m’engage à poursuivre la lutte enclenchée par la CSTB aux côtés des AME, pour une amélioration totale de nos conditions de vie et de travail. Aussi voudrais-je prendre l’engagement de mener à bon escient, la mission à moi confiée. Merci beaucoup à la seule fédération (FéSEN-CSTB) qui ne ménage aucun effort pour soutenir les AME. Visiblement, elle est la seule d’ailleurs qui se soucie de notre mieux-être. Je souhaite qu’elle ne s’en lasse point. Au Gouvernement, je demande simplement le reversement tant prôner, afin de voir conjuguer au passé, la souffrance des enfants de la nation que nous sommes. »
Ulrielle Tanori, enseignante à l’EPP Tibona Parakou
« Au Gouvernement, nous disons merci d’avoir finalement pris à cœur nos souffrances et plaintes »
«Les mesures prises sont vraiment à saluer. Après tant d’années de lutte, nous disons merci. Ce qui me réjouit, c’est la réinsertion des radiés pour fait de grève. C’est une très bonne idée de les avoir réintégrés, encore que ce motif de leur radiation n’était pas juste. Il y a eu dans leur rang beaucoup qui ont perdu leur vie, des familles disloquées et j’en passe. Je dirai que je suis payée désormais comme tout fonctionnaire de l’Etat même si je continue d’être AME. Que cela ne soit pas juste des jeux de mots comme nous avons l’habitude d’entendre. Nous voulons la concrétisation de ces décisions. Mon engagement est de me remettre sincèrement au travail sans plus trop me soucier de notre sort dans ce système d’aspiranat, puisse que déjà que le Gouvernement a commencé, il finira. Je viens parler là du reversement d’office en agent de l’Etat. Puisse que nous faisons le même travail que les autres collègues, nous avons le même cahier de charge. Mes remerciements à ceux qui ont lutté corps et âme afin que le Gouvernement améliore nos conditions de précarité qui emportaient, chaque jour, nos collègues qui n’arrivaient pas à résister avec des malades sans capacité de se soigner. Au Gouvernement, nous disons merci d’avoir finalement pris à cœur nos souffrances et plaintes. »
Boukari Wassiou, AME en service à Parakou
« J’ai coulé les larmes en lisant que les enfants des AME ne paieront plus la contribution »
«La décision du Conseil des ministres est salutaire puisque dans l’ensemble, c’est un pas. Je félicite le Gouvernement ainsi que les ministres qui ont écouté finalement les cris des AME. Ce qui me touche beaucoup, c’est la réintégration de nos collègues radiés depuis un moment. De plus, j’ai coulé les larmes en lisant que les enfants des AME, à partir d’aujourd’hui, ne paieront plus la contribution ; nous avons droit à l’assurance pour notre protection et celle de nos enfants. Pourquoi le gouvernement a mis des années pour résoudre ce problème ? Nous avons perdu des collègues émérites, des jeunes, des bras valides qui auraient pu faire le travail correctement. Mais aujourd’hui, la décision est prise et elle me touche vraiment. Je remercie notre président qui a pris cette décision. Même si c’est difficile, c’était la bonne décision à prendre. Cette décision d’une part, a diminué quelque chose en moi puisque le stress et la colère innés de tous les AME, particulièrement moi, ont diminué. Nous n’aurons plus à être en colère contre le fait de voir nos collègues avec qui nous avons les mêmes cahiers de charge, jouir de certains avantages que nous n’avons pas. Je dirai que j’aurai le cœur un peu tranquille. Je vais bien m’organiser et bien faire le travail désormais. Nos attentes, c’est désormais le reversement des AME pour que ces derniers puissent jouir des primes que les autres aussi perçoivent. Nous voulons le reversement parce que beaucoup sont bloqués pour les avancements dans le diplôme professionnel. Il faut réintégrer tous les AME en Agent Contractuel de Droit Public de l’Etat (ACDPE). Si reverser tout le monde à la fois, serait de trop pour eux, qu’ils pensent au reversement promotion par promotion. Avec ça, les AME vont se donner plus à la tâche. Je dirai que si mes besoins sont satisfaits comme ils l’ont dit, je vais bien me donner à mon travail. Et je crois que c’est ce que les autres aussi feront. Puisque le Gouvernement même a constaté que ça ne va plus dans nos rangs et qu’il souhaite améliorer nos conditions. Je me porte garant à bien faire mon travail si le Gouvernement améliore vite nos conditions de vie, de nous intégrer comme des ACDPE. Je ne peux que dire merci à tous ceux qui ont œuvré pour que nos conditions commencent à s’améliorer. Merci au Gouvernement. Que le hautement social qu’ils ont commencé ne s’arrête pas. Qu’ils fassent l’effort de reverser tous les AME et ce sont les AME qui feront campagne pour le président en 2026.
Propos recueillis par Estelle DJIGRI