Le Bénin, à travers ses politiques innovantes, s’insère à grands pas dans l’écosystème des Technologies de l’Information et de la Communication au service de l’éducation. Aux côtés d’initiatives étatiques comme EducMaster, des approches Tic relevant du secteur privé émergent également pour tirer le pays vers le haut dans ce secteur majeur de développement. C’est le cas de myBeatus, une plateforme qui accompagne et modernise la gouvernance et le fonctionnement du système éducatif béninois via une gamme de E-services attractifs pour tout promoteur, responsable d’établissement scolaire et décideurs du secteur. Mikhael Mazu, promoteur de cet outil numérique, consultant en transformation digitale, membre du Conseil d’administration de plusieurs écoles privées et gouverneur d’un collège en Angleterre, présente, à travers cet entretien, la plateforme MyBeatus et ses nombreux atouts et apports au système éducatif béninois.
Educ’Action : Quelle est la source de cette passion que vous avez pour le numérique au service de l’éducation ?
Mikhael Mazu : J’ai obtenu mon BEPC et mon BAC au Congo et mon BTS au Bénin, mon beau pays. L’éducation a eu un effet transformationnel incroyable sur moi. On pourrait assimiler cela à une baguette magique. Je crois que cette magie de l’éducation m’a toujours fasciné. J’ai toujours cherché l’opportunité de contribuer à ce que cette magie touche le plus de personnes. Beaucoup de responsables d’écoles en Afrique m’ont dit qu’ils ont des difficultés à créer de sites internet pour leurs écoles malgré la qualité de leurs offres éducatives. J’ai trouvé cela un peu désolant. Si on a des gens qui ont la possibilité d’offrir une éducation de qualité, on devrait en faire profiter le maximum d’enfants. L’usage du numérique peut aider à avoir cet impact.
Présentez-nous la plateforme myBeatus ?
Plus qu’une technologie, MyBeatus est une méthodologie, des processus, l’accompagnement au changement qu’il faut pour mettre en place une digitalisation dans le système éducatif. Nous sommes un éventail de solutions, une vision qui est de faire l’éducation du futur. C’est une éducation qui permet aux apprenants d’avoir les compétences qui vont leur permettre de vivre dans le monde de demain où les humains travailleront à côté des robots. Il faudrait que les humains puissent se différencier. Les compétences comme la capacité à trouver des solutions aux problèmes, la capacité à penser de façon créative, la capacité à travailler en équipe, de façon collaborative, l’empathie. Ce sont des capacités et des compétences purement humaines sur lesquelles les robots ne pourront pas faire la concurrence avec les hommes. MyBeatus vient accompagner les écoles, travailler avec elles et proposer des solutions qui, au final, assurent aux apprenants des qualités en plus du réseau qui leur permettra de réussir et de réaliser le bonheur d’une éducation de qualité. Il y a un éventail de solutions qui sortent de cette vision que nous proposons au Bénin.
Par exemple, nous avons une solution de gestion des bulletins dans les écoles. Le constat que nous avons fait, c’est que tout le travail de création des bulletins dans les écoles prend jusqu’à six (06) semaines. Entre le moment où les devoirs sont terminés et le moment où les parents ont accès aux bulletins, il y a six semaines. Ces semaines exigent un travail rigoureux et rébarbatif pour les enseignants, qui, pour nous, n’apporte pas de valeur ajoutée à l’apprenant. Le bulletin a de la valeur, mais le travail de conception du bulletin n’apporte pas de valeur à l’apprenant. Notre solution permet de réduire ce temps de six semaines à six jours, voire moins. Cela couvre tout le processus de bout en bout, de la planification des devoirs et examens à la distribution des bulletins aux parents en passant par le calcul des moyennes sous ses diverses formes. Les bulletins sont disponibles sur les téléphones ou ordinateurs des parents et dans le passeport éducatif de chaque apprenant.
Quel défi du système éducatif pensez-vous relever en mettant en place MyBeatus ?
Le travail de l’enseignant est un travail qui vient d’une passion, mais cette passion est émoussée par des activités rébarbatives. Ces activités ne sont pas perçues comme étant attrayantes. Cela est un défi majeur car ce sont des enseignants motivés et engagés qui font un système éducatif de qualité. Vous pouvez avoir les plus belles classes du monde, si vous n’avez pas des professeurs motivés, engagés et passionnés, vous aurez des résultats médiocres. C’est le principal défi.
Dans quelle dynamique s’inscrit MyBeatus à côté des autres initiatives privées et publiques comme EducMaster ?
Je salue l’initiative EducMaster qui est très attendue. Le rôle de EducMaster dans l’amélioration de la qualité du système éducatif est fondamental. Il y a des exemples comme le numéro unique d’immatriculation des élèves, le fait que les élèves qui redoublent dans une classe ne peuvent pas aller dans une autre école et passer en classe supérieure, etc. EducMaster aide notre système éducatif à être mieux reconnu, aidera les élèves qui sortent de ce système éducatif à accéder à de meilleures opportunités. EducMaster est un outil de régulation, un outil de contrôle. A côté du contrôle et de la régulation, il y a tout ce qui est lié à la performance et c’est là que myBeatus intervient. Nous avons la performance financière en terme de recouvrement, la performance en terme de gain de temps comme c’est le cas avec le calcul des moyennes, etc. C’est un rôle complémentaire car les écoles n’ont pas besoin que de la règlementation pour bien fonctionner. Elles ont aussi besoin des outils qui les accompagnent dans la performance et l’efficacité. C’est ce que nous faisons.
Vous êtes aussi gouverneur d’une école en Grande-Bretagne. Que retenir de cette expérience que vous vivez actuellement ?
Ce que cela m’apprend, c’est leur vision très prospective sur l’avenir du monde. Les Anglais ont compris qu’avoir des apports de partout dans le monde, dans leur système éducatif prépare mieux leurs enfants pour l’avenir. Il n’y a pas de comparaison d’un point de vue financier entre nos écoles et ce qu’on peut faire en Angleterre. Le collège dans lequel je suis a un peu moins de milles (1000) élèves de 11 ans à 18 voire 19 ans. Le budget du collège par année dépasse quatre milliards (4.000.000.000) Francs CFA. Malgré ces moyens importants, ils n’ont pas encore touché le plein potentiel du digital. Ils sont en train de faire ce travail de façon accélérée en investissant énormément. Il y a une transformation qui s’opère dans les systèmes éducatifs des pays développés parce que ce qui est attendu d’un système éducatif dans dix (10), vingt (20) ou trente (30) ans n’est pas du tout ce qu’on a aujourd’hui. Nous pouvons rattraper cet écart. La qualité d’un système éducatif ne se fait pas dans la beauté des locaux que nous avons mis dans la stratégie éducative que nous avons, dans les questions que nous posons sur l’accompagnement de chaque élève.
Quel message avez-vous à l’endroit des acteurs de l’éducation ?
Notre initiative peut être résumée en une phrase : les enseignants sont des héros. Ils le sont à plusieurs titres. Ils ont un rôle transformationnel dans la vie des gens.
L’avenir de notre société, le développement de notre continent, ne se fera qu’à travers notre éducation. Sous les autres cieux, cela a été très bien compris. Quand on regarde le niveau d’investissement des pays développés dans l’éducation, cela n’a rien à voir avec ce que nous faisons parce qu’ils ont compris qu’on peut transformer un pays à travers l’éducation, c’est le meilleur moyen de transformer un pays. Transformer une génération, équipez-les de bons outils et vous avez résolu le problème. Vous n’avez pas besoin de leurs donner des solutions, ils vont trouver des solutions aux problèmes de demain. En plus de les célébrer, nous apportons d’autres solutions aux enseignants pour leur permettre de gagner plus, de proposer leur savoir à plus de gens.
Propos recueillis par Adjéi KPONON
MAZU MATINI
Je suis tres content de ce que je viens de lire.Cela fait plaisir de savoir qu’il existe des acteurs qui ont compris sur quel axe il est utile de travailler pour etre sures de sortir une meilleur qualité d’individus dans l’échantillon des apprenants d’aujourd’hui .