Tout comme les autres ministères, le ministre des Enseignements Maternel et Primaire, Eric Kouagou N’Da, assisté de ses cadres, a présenté son projet de budget au parlement, la semaine dernière. Un exercice qui retrace les nombreux défis de ce sous secteur de l’éducation et surtout expose les grandes priorités de l’année 2014.
Le Ministère des Enseignements Maternels et Primaires prévoit dépenser pour l’année 2014, le montant total de 111 milliards 17 millions 506 mille francs Cfa. Ce montant, aux dires de Mohamed Aboubakari, Directeur de la Programmation et de la Prospective, est en baisse de 4% par rapport au budget de l’exercice 2013 dont le montant était de 115 milliards 626 millions 916 mille franc Cfa. Cette diminution du projet de budget de l’exercice 2014 s’explique par une baisse d’environ 8% des dépenses ordinaires, a justifié Mohamed Aboubakari. On entend par dépenses ordinaires, les dépenses de personnel, les dépenses d’achat de biens et services, les dépenses de transferts, les dépenses d’acquisition et de grosses réparations. Selon lui, cette baisse s’explique par les nombreux départs à la retraite des enseignants au niveau de ce sous secteur et le défaut de compensation des recrutements liés à ces départs à la retraite. La baisse réside aussi dans les acquisitions et les grosses réparations, argumentera t-il. « Dans un contexte où le budget a globalement diminué, nous avons préféré que la réduction se fasse sentir sur ces réparations au lieu que cela agisse au niveau des intrants pédagogiques, au niveau de la formation des enseignants, au niveau du suivi de ces enseignants-là», a laissé entendre Mohamed Aboubakari.
La clé de répartition du projet de budget 2014
« Le projet de budget 2014 est subdivisé en deux grandes parties », a signalé le DPP Mohamed Aboubakari. Les dépenses ordinaires qui regroupent les constructions, des matériels pédagogiques, l’achat de manuels, les dépenses de fonctionnements hors personnels. etc. et les dépenses en capital qui constituent réellement l’investissement, qui assurent la pérennité du système. « Globalement les dépenses ordinaires présentent 86,84% du budget et les dépenses en capital représentent 13,16% de ce budget », a affirmé le DPP.
Le tableau ci-dessous présente clairement la répartition des dépenses.
Les grandes priorités du
projet de budget 2014
Les priorités du MEMP pour l’année 2014 sont plurielles car les défis sont énormes et les ressources insuffisantes.
– Améliorer la qualité des apprentissages
« Une bonne partie de nos enfants finissent le primaire sans savoir lire et écrire », constate le DPP. « Toutes compétences qui leur sont indispensables pour continuer leurs études au niveau de l’enseignement secondaire puisque nous préparons les enfants pour leur accès au niveau du secondaire ou dans les centres d’apprentissage selon le cas », a-t-il poursuivi. Les enfants devraient donc savoir lire, écrire et calculer. « C’est pour cette raison que l’amélioration de la qualité des enseignements est un élément très important au niveau de ce budget », a déclaré Mohamed Aboubakari.
– Améliorer les conditions de formation des élèves-maîtres
« Nous avons constaté que nous apprenons beaucoup trop à nos enseignants les techniques d’enseignement, les stratégies d’enseignement et nous leur apprenons moins les contenus notionnels, les contenus qu’ils doivent enseigner. Donc, il y a tout le système de formation au niveau des écoles normales, des instituteurs que nous allons attaquer. Améliorer le programme, former les formateurs. Voilà un premier élément que nous allons attaquer et pour accompagner cela, il va falloir que nous mettions à la disposition de toutes les écoles dans tout le pays les intrants pédagogiques nécessaires pour que les enseignants soient dans de bonnes conditions pour l’éducation des enfants», a affirmé le DPP. Le Memp entend aussi dans cet ordre d’idées renforcer le niveau de ceux qui sont déjà des enseignants.
– L’expérimentation des langues nationales.
L’introduction des langues maternelles dans le système formel est une autre priorité sur laquelle le MEMP travaille. Les études ont démontré que le fait que les premiers apprentissages se déroulent dans une langue étrangère qui n’est pas la langue maternelle de l’enfant a aussi un impact négatif sur l’acquisition des connaissances et des compétences. Et c’est pour cette raison que le Memp a commencé à expérimenter au cours de l’année scolaire 2013-2014, l’introduction progressive des langues nationales dans le système éducatif formel. Cette introduction progressive va être consolidée par la mise en place d’un système de suivi qui permet de s’assurer que véritablement l’expérience est ou pas concluante afin de la généraliser.
– Le renforcement des circonscriptions scolaires, organes de contrôle, de suivi et d’inspection
Autre priorité de ce budget, le renforcement des circonscriptions scolaires, organes de contrôle et de suivi et d’inspection de ce qui se fait au niveau des écoles. « Les conseillers pédagogiques et les inspecteurs auront des ressources complémentaires pour pouvoir suivre les enseignants et les directeurs d’école dans leur travail au quotidien », a noté avec satisfaction le DPP Aboubakari.
– L’éducation pour tous
Aujourd’hui, presque tous les enfants en âge d’aller à l’école au Bénin y sont parce que le Bénin affiche un taux brut de scolarisation de 120% et un taux net de 98% . 120% parce qu’il y a des enfants qui vont à l’école de façon prématurée. Le Bénin est d’ailleurs cité à raison parmi les pays qui sont susceptibles d’atteindre en 2015 l’éducation pour tous, d’atteindre les OMD en matière d’éducation. « Nous allons continuer à construire les salles de classe, à réhabiliter les salles de classe qui ne sont pas en bon état et à donner des bureaux des tables-bancs des bureaux magasins. Et puisque nous sommes en train d’évoluer vers le développement durable c’est-à-dire la prise en compte des aspects de l’environnement, de l’assainissement, nous avons prévu de mettre en place les points d’eau dans un certain nombre de nos écoles où l’accès à l’eau est difficile. Nous sommes en train de décider de mettre des latrines dans toutes les écoles pour que le milieu soit assaini », a promis le DPP.
– La rétention scolaire
Une chose est que les enfants accèdent à l’école, l’autre est qu’ils s’y restent. Pour régler cette question, il faut mettre en place le système des cantines scolaires. « Nous allons donc renforcer les cantines scolaires, augmenter le nombre de cantines scolaires avec environ 184 nouvelles écoles qui bénéficieront de cantines scolaires. Cela est une action très importante que nous allons entreprendre et qui fera que les enfants vont venir à l’école parce qu’une fois à l’école, ils pourront avoir un repas. Donc quand les enfants seront affamés ils ne pourront pas écouter les enseignements. Et comme nous allons leur offrir un repas surtout ceux qui sont dans les milieux ruraux, nous sommes certain que ces enfants-là vont venir à l’école et y rester et à la fin de leur cursus ils auront les compétences minimum qu’il faut pour le développement de notre pays», a rassuré le DPP Aboubakari.
-Un point d’honneur à la communication
Autre innovation non moins négligeable de ce projet, l’année 2014 mise sous le double signe du suivi et de l’évaluation de toutes les actions de communication autour des actions du MEMP. « Nous faisons assez de chose au niveau des Enseignements Maternel et Primaire que nous ne faisons pas trop voir à la population. Nous avons décidé d’inverser cet état de chose et de montrer véritablement ce que nous faisons. Donc le budget de la communication, nous l’avons augmenté pour nous permettre de véritablement communiquer autour de ce que nous faisons », s’est réjouit le DPP.
Les défis de ce projet de budget
« Le principal défi ici, c’est de pouvoir atteindre les objectifs avec le peu de ressource », a déclaré le DPP. « Aujourd’hui malgré tous les efforts, le déficit en enseignement n’est pas prêt à être comblé encore moins le défi de dotation de mobiliers et équipements scolaires malgré les 1200 salles de classe construites en moyenne chaque année », déplore le DPP. Somme toute, pour se résumer, par rapport au déficit en enseignant, le DPP dit encore recruter l’année prochaine, cela ne suffira pas mais cela représenterait des efforts pour amoindrir le déficit. Par rapport au déficit en salles de classe, il annonce la construction d’environ 1200 salles de classe l’année prochaine. Cela atténuera, à ses dires, le déficit sans le combler et il sera créé de nouvelles cantines au nombre de 184 dans les zones rurales. Cela ne suffira pas pour couvrir toutes les zones rurales, mais on aura avancé d’un pas, rassure t-il.
Extrait de l’intervention du ministre à la sortie du Parlement
«… Je crois que le ministère des Enseignements maternel et primaire, a un budget de 110 milliards de FCFA. Mais quand on dit 110 milliards et que vous rentrez dedans, vous comprenez que 80 à 85% sont constitués de salaires. Donc, cette année, contrairement à l’année dernière, nous constatons qu’il y a une amélioration des dépenses en capital. C’est très important parce que c’est à travers ces dépenses que nous investissons. Les dépenses en capital sont autour de 15 milliards contre 11 milliards l’année dernière. Nous constatons aussi, qu’il y a une diminution des frais de fonctionnements. Ce qui témoigne de la volonté du gouvernement de donner priorité aux investissements dans le secteur de l’éducation par rapport au fonctionnement. Voilà grosso modo comment notre budget est structuré. »
Les observations sur la consommation du budget de 2013
« Maintenant quand nous rentrons dans la réalisation du budget 2013, parce que c’est cela qui nous permet d’apprécier le budget de 2014, nous constatons que nous sommes autour de 75% de consommation à la date de 30 septembre 2013, ce qui est conforme, puisque ça fait environ trois trimestres et nous espérons que dans le quatrième trimestre c’est sûr, nous serons à un taux de plus de 90%. »
L’œil des députés sur le personnel – enseignant du MEMP
« Par rapport aux recommandations des députés, je crois que les députés ont voulu que la question du personnel enseignant, leur formation soit une question prépondérante, parce que la qualité de notre système éducatif en dépend. Si nous avons des salles de classes, des élèves et que ceux qui doivent les enseigner n’ont pas des capacités requises pour le faire dans les règles de l’art, nous sommes sûrs que nous n’aurons pas de bons résultats. Nous avons déjà pris des dispositions à travers les réformes pour qu’au niveau des Ecoles normales d’instituteurs publiques et même privées, nous puissions améliorer les programmes de formation afin de rehausser la qualité des enseignants qui en sortent. Il faut que la formation des formateurs soit améliorée pour que ceux- là aient les qualités requises pour aller sur le terrain afin de bien former nos enfants. »
Le dialogue social au cœur des échanges
« Par rapport au dialogue social qui est un impératif, parce que s’il n’y a pas de dialogue social, c’est sûr qu’il n’y aura pas la paix et quand il n’y a pas la paix nous ne pouvons pas travailler en toute quiétude. Je pense qu’à ce niveau, les députés ont apprécié ce qui se fait au niveau du ministère et ils nous ont demandé de continuer dans cette optique et de faire en sorte que le dialogue entre les syndicats et l’administration ne soit jamais rompu. Donc, voilà de façon ramassée, les grandes recommandations que les députés ont eues à faire. Ils ont également demandé le transfert des ressources vers les communes conformément à la loi sur la décentralisation et nous avons dit comme vous le savez, le ministère des enseignements maternel et primaire est le premier ministère qui transfère les ressources aux Communes. Depuis 2010, nous avons transféré près de 12 milliards de FCFA vers les Communes sur le budget national et sur le budget des partenaires, ce transfert doit être aussi autour de 10 milliards. »