Mohamed Madougou, Coordonnateur du CAPED-Unesco pour le Bénin : « Les enseignements techniques… sont une opportunité pour les jeunes de prendre leur avenir en mains »

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Effectifs des apprenants, infrastructures, personnels enseignant et administratif, intrants pédagogiques, conception des programmes … Bref ! Tous ces éléments doivent reposer sur des réflexions stratégiques avec l’éclairage des statistiques éducatives. Rencontré au sortir de la cérémonie officielle de remise de l’annuaire statistique 2014-2015 au ministre en charge des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle, Mohamed Madougou, Coordonnateur du CAPED-Unesco pour le Bénin, alerte sur les statistiques tout en levant un coin de voile sur la nécessité de vivifier l’ingénierie éducative au Bénin. Lisez plutôt !

Educ’Action : Qu’entend-on par CAPED ?

Mohamed Madougou : Le CAPED, c’est le programme de renforcement des Capacités pour une Education de Développement. Il appuie le Ministère des Enseignement Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP) sur plusieurs axes. Le premier axe, c’est d’aider le ministère à développer son ingénierie de formation. A cet effet, l’appui va directement à l’Institut National de l’Ingénierie de Formation et du Renforcement de Capacité des Formateurs. Ensuite, viennent les statistiques. Ici, il s’agit d’appuyer la Direction de la Programmation et de la Prospective (DPP) à produire des statistiques dans le secteur. Aujourd’hui, c’est l’occasion de remettre la première édition de l’annuaire statistique que nous avons contribué à élaborer avec la contribution des cadres de la DPP, de la DIP et du Secrétariat Général. Le troisième axe concerne l’organisation et la mobilisation d’un secteur professionnel qu’est le bâtiment et les travaux publics où une branche professionnelle a été mise en place avec un cadre de concertation au sein duquel, les besoins en compétences et en formation sont identifiés et seront remontés vers l’institut.

Que peut-on tirer essentiellement de ces statistiques 2014-2015 des Enseignements secondaires ?

Les statistiques montrent que le gros lot des apprenants au niveau des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle est dans l’Enseignement Secondaire Général. L’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle sont marginalisés. Ainsi, pour 1000 jeunes qui vont dans le Secondaire, nous avons entre 15 et 20 qui vont vers les Enseignements Technique et la formation professionnelle. Ce constat s’explique par le fait que ces domaines sont perçus comme étant une seconde chance. Ce qui n’est pas le cas. Les pays développés, eux, mettent l’accent sur la Formation Technique et Professionnelle. Ce qui fait que les jeunes ont toujours des compétences pour les entreprises et la production. Ici, c’est l’Enseignement Général qui domine du Primaire au Secondaire puis du Secondaire à l’Université. Il faut inverser la tendance pour montrer qu’au-delà d’être une seconde chance, c’est même l’opportunité pour les jeunes de se faire former et de prendre leur avenir en mains.

Vous avez récemment effectué un voyage d’étude en Tunisie avec des cadres pour le compte de l’Institut d’ingénierie de la formation. Que peut-on retenir de ce voyage ?

Il y a beaucoup d’enseignements à retenir de cette mission. Nous sommes allés dans une structure homologue qui a 24 ans contrairement à la nôtre qui a 4 ans. Nous avons remarqué qu’en termes de capacité, le CENAFIQ que nous avons visité en Tunisie est nettement très avancé avec 160 membres du personnel dont 60 % de cadres de conception de programmes alors qu’au Bénin, nous n’avons que 15 agents qui animent notre Institut. Le nôtre est installé dans 4 bureaux alors que de l’autre côté, le CENAFIQ est installé sur 7 hectares dont 2 sont couverts par les installations administratives et les résidences. Il collabore avec les ateliers de formation dans divers domaines. Ce centre est donc très efficace et productif, car, il a déjà conçu 472 programmes de formation. Lorsque nous faisons la comparaison avec le Bénin, nous constatons qu’il n’y a que quelques référentiels qui sont en cours d’élaboration. Franchement, nous pensons qu’il y a de la matière.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ici au Bénin parlant de la viabilité et de l’effectivité des actions de l’Institut ?

Il y a d’abord des difficultés relatives à l’espace, car, on se rend compte qu’aucun espace n’est encore dégagé pour que l’Institut soit installé. La deuxième difficulté, c’est la dotation en ressources humaines adéquates qui nécessite qu’on déniche des cadres de tous les secteurs pour pouvoir l’animer. Il y a aussi des problèmes au niveau du fonctionnement, car, l’Institut n’a pas encore de conseil d’administration. Egalement, la question des ressources financières se pose. Les PTF que nous sommes, ne pouvons pas tout faire si le gouvernement n’investit pas dans l’Institut pour la production des programmes. Il y a plusieurs matières et spécialités où il n’existe pas de programmes à enseigner alors que les gens anticipent sur les nouveaux métiers et développent des programmes et des enseignements qu’ils expérimentent et vulgarisent. C’est le moment pour le Bénin de passer à cette étape pour que les programmes soient disponibles à être enseignés dans tous les secteurs, car, l’adéquation formation-emploi dont on parle passe par là. Ce sont les programmes et les matières qu’il faut enseigner pour que les gens aient les compétences nécessaires pour exercer sur le terrain.

Quelles sont vos difficultés de terrain et celles dans votre collaboration avec les cadres du ministère ?

Les difficultés sont relatives à la collecte des informations sur le terrain. En effet, il y a certains directeurs qui n’ont pas rempli les fiches qu’on leur a envoyées. Il y en a qui les remplissent et ne les transmettent pas à temps tandis que certains même ne les transmettent pas du tout. Tout cela fait un peu de déperdition et peut biaiser le travail. Toutefois, nous avons fait en sorte que le maximum de fiches soit rendu. Actuellement, nous sommes en train de faire en sorte que les fiches soient remplies en version light c’est-à-dire via un ordinateur avec la connexion internet. L’autre chose, c’est le profil de nombreux cadres qui n’était pas adéquat pour faire le travail. Mais nous avons choisi ceux dont le profil s’y prête pour faire la saisie des données et manipuler le logiciel Stat Educ 2. Donc, d’une vingtaine de personnes, nous sommes passés à 12 qui ont pu réellement suivre la formation dirigée par un expert en mission pour l’Unesco et continuer le travail jusqu’à la fin. Parmi eux, nous avons les statisticiens, les planificateurs et les informaticiens alors que tous les administratifs ne sont pas les bienvenus. Ainsi, nous espérons que nous pourrons élargir encore la base des cadres à former pour que le ministère soit doté d’un vivier très important de cadres compétents pour pouvoir faire le boulot.

Nous sommes en 2017 alors que les statistiques datent de 2015. Ne remettent-elles pas en cause la vérité sur les réalités actuelles du secteur ?

En matière de statistiques, il y a généralement un écart entre la collecte, le traitement et la diffusion d’une information à un temps donné par rapport à la période où on vulgarise le produit. Mais nous avons déjà produit l’annuaire 2016 qui n’est pas encore sorti, car, nous sommes à la première étape du processus. Il est vrai que chez nous les rapports accusent un peu de retard mais cela n’enlève en rien la validité et la fiabilité des données qui sont produites. Ce qui est important, c’est de poursuivre l’édition de ces documents chaque année et nous sommes engagés pour cela.

Quelles sont les perspectives de votre travail ?

Nous allons continuer l’édition des annuaires jusqu’à ce que le ministère prenne le relai parce qu’il n’y a pas de décision sans statistiques. Ce sont les statistiques qui disent dans un tel endroit, il y a telles compétences à développer et donc telles opportunités qu’il faut saisir. Sur cette base, on crée un centre adéquat pour les jeunes.

Propos recueillis par Adjéi KPONON

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