Bonjour chers tous. Je suis enseignant du primaire dans mon pays. Il y a tellement de termes pour désigner notre race en Afrique qu’il faudrait en faire plusieurs thèmes de master ou de doctorat. De toutes les façons, cela ne changera rien si nos maîtres ne se décident pas à révolutionner l’essentiel à savoir cette éducation qui rencontre les temples et églises dans la promotion, l’aliénation. Attention, moi je ne me plains pas hein ! En tant qu’enseignant de bas niveau, car je ne suis pas parmi ces paresseux de privilégiés intégrés dont le seul titre de gloire est d’être dans la fonction publique. Ce qui leur permet de maltraîter des gens comme moi appelés, vacataire, ou volontaire ou encore mieux âme tourmentée mais productrice.
Je vous jure, je ne me plains pas car j’ai la chance d’enseigner dans la périphérie d’une petite ville où la plupart des gens de mon genre ont pour mission de servir les rares agents assermentés de l’Etat qui font le minimum et laissent le maximum au bétail des volontaires. En fait, il faut apprendre à servir en courbant l’échine. Le plus étonnant, c’est qu’ils ont pour la plupart, de la qualité, mais s’en servent à contre-cœur face à une carrière pleine de chefs, pour un pécule régulier mais insuffisant.
Dans cet horizon contrasté, il faut savoir trouver les chemins du bonheur. Pouvez-vous croire qu’il y a des moments formidables ? Il est vrai que la plupart des enseignants refusent les milieux ruraux alors que c’est plutôt là qu’on peut aller à la félicité. S’il est vrai que dans ces contrées lointaines, l’intervention des medias et notamment du portable a changé la donne, un maître est toujours quelqu’un qu’on considère s’il ne fait pas l’erreur de se vautrer dans les alcools locaux et le dévoilement de tout ce qui est voilé !
Je connais un directeur d’école qui s’est fait oublier depuis plus de 10 ans dans un coin enclavé du nord du pays où il a de vastes champs et plusieurs bien immobiliers et une famille nombreuse ! Voilà un homme qui a réfléchi et entrepris au lieu de viser les carrières administratives de sous chefs locaux, qui vous transforment en dictateur et en mendiant compulsif.
Le moment que je préfère, c’est la période des examens faits de commissions, de concessions et de compromissions au grand dam d’une technicité et d’une qualité éprouvées d’organisation. C’est simple, l’argent et les intérêts coulent à flot.
Par exemple, l’enfant doit aller au CEP alors que dans les contrées lointaines ou enclavées de notre pays, l’école ne commence pas à huit heures ; les enseignants viennent comme ils peuvent et pendant la saison des pluies, les parents débauchent les plus grands etc. Alors il s’agit de demander à l’administration scolaire locale d’être bienveillante pour les élèves pendant l’examen.
C’est beau ! Lorsque l’équipe d’administration de l’examen arrive, nous sommes reçus en grande pompe : on mange, on boit et on gite gratuitement. Une autre équipe, ailleurs, a eu à mentionner qu’on leur avait même proposé quelques pucelles pour chasser les moustiques et le froid. Heureusement qu’ils ont été sages !
Mais alors ! Qu’est-ce qui est donné en retour à cette population hospitalière ? Rien hein. Ce qui se passe, c’est que la délégation, fatiguée par une réception de haut niveau, oublie de surveiller les élèves qui composent. Il se trouve même qu’un quidam du groupe, sous l’effluve des alcools et autres plaisirs inavoués de la nuit, se prend à recopier les épreuves au tableau. C’est ainsi qu’on obtient les meilleurs résultats dans ces lointaines contrées de gens intelligents. Un jour, le Ministère autant que le comité national de la femme trouveront la parade. Pour l’instant, je jouis !
Maoudi Comlanvi JOHNSON,
Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe