Il vous est assurément déjà arrivé de vivre des situations éprouvantes qui vous tourmentent l’esprit. Oui, je veux parler de ces situations peu souhaitables qui vous affectent directement ou qu’endure un des vôtres. Je fais allusion à ces épreuves têtues qui restent insensibles aux diverses stratégies que vous déployez pour les surmonter. Elles vous sont généralement imposées et vous les subissez en votre corps défendant.
Le manque d’emploi généralement désigné par le vocable chômage est une parfaite illustration de ces caprices de la vie. En effet, même si vous avez beau vous suffire avec un emploi bien rémunéré ; un des vôtres est forcément chômeur et vous emballe malgré vous, dans ce conflit psychologique empreint d’émotions et d’humeur ; une situation stressante née de votre proximité.
Si ce n’est votre frère ou votre sœur, c’est peut-être votre fils ou votre fille dont vous avez difficilement financé les études et qui continue de vous interpeller pour profiter du gite et du couvert. C’est un drame social qui prend d’ampleur au sein de la jeunesse où le chômage recrute massivement ses candidats dans le rang des licenciés, titulaires de Master, voire des docteurs. En cause, la crise de l’éducation.
L’inadéquation entre formation et emploi est alors indexée comme étant à la base de cette situation déplorable qui frappe de plein fouet, la jeunesse qui ne sait à quel saint se vouer et qui se contente de phagocyter les maigres revenus des parents. Véritable fléau social qui donne du fil à retordre aux principaux acteurs de l’école accusée à tort ou raison de faillir à sa mission. L’Etat, principal responsable des politiques éducatives, se retrouve ainsi au cœur des polémiques et tous les procès lui sont intentés à tort ou à raison, malgré les réformes pertinentes initiées pour inverser la tendance.
Dans sa quête de solution au mal, l’Etat conçoit et déploie avec l’appui de ses partenaires qui ne se font souvent pas prier, divers projets et programmes, plusieurs restructurations et réformes. Des succès sont parfois enregistrés çà et là sans que véritablement, le mal ne soit éradiqué. Décidemment, Il a la peau dure, ce chômage des jeunes pour qui des agences spéciales sont dédiées ; des formations, des renforcements des capacités et stages sont offerts. Maintes émissions radio télévisées sont animées et les TIC abondamment mises à contribution pour vulgariser diverses initiatives développées au profit de la jeunesse. Mais en vérité, ces initiatives, quoiqu’ambitieuses et innovantes, recrutent peu de jeunes, laissant la majorité dans le découragement et le désespoir.
Alors, on se retourne vers la grande panacée à savoir l’auto-emploi ou à l’entreprenariat.
A chaque âme traumatisée qui se plaint, on rétorque : « vas te faire former à l’entreprenariat » ou encore « vas te faire former à l’auto-emploi ». Voilà la réponse miracle, ou magique pour vaincre le chômage massif des jeunes diplômés. Il paraît que la promotion de l’enseignement technique et de la formation professionnelle procède de ces initiatives développées en vue d’offrir de l’emploi aux millions de jeunes sorties des universités et centres de formation et qui traînent dans les rues à la quête d’une hypothétique occupation rémunératrice.
Sauf que ces formations miracles sont données par des enseignants qui, pour la plupart, n’ont inventé ni l’eau chaude, ni l’eau tiède.
A supposer qu’on parvienne à enrôler tous les jeunes dans ces « dispositifs magiques » générateurs d’emploi et qu’ils en sortent tous prêts à s’auto-employer, trouveront-ils tous de financements, des mains d’œuvre et des clients pour bâtir une entreprise viable et prospère ? ‘‘L’auto-emploi pour tous’’ peut-être, mais pas ‘’tous pour l’auto-emploi’’ car les ‘‘auto-employeurs’’, pour asseoir leur business auront toujours recours à une main d’œuvre qui ne sera pas disponible si tout le monde était adepte du ‘‘tous pour l’auto-emploi’’. Ce n’est donc pas la panacée car, en vérité, la solution pour vaincre le chômage massif des jeunes est un long chemin semé d’embûches qui ne peut s’accommoder d’un vain slogan. Il faut absolument poursuivre les efforts de part et d’autre pour espérer venir à bout du phénomène. Le chemin est encore long et se trouve d’abord et avant tout dans une révolution pédagogique !
Manhamadou NONDICHAO,
Sociologue-Planificateur de l’Education,, Enseignant