Décédé de façon tragique, le jeudi 20 février 2025, le ministre Kouaro Yves Chabi repose désormais dans sa dernière demeure à Parakou, depuis le samedi 1er mars 2025, avec les hommages qui lui sont dus.
Le samedi 1er mars 2025, la douleur est aussi vive comme aux premiers jours de l’annonce du décès du désormais feu Kouaro Yves Chabi, le ministre des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle. Le charme de la cathédrale Saints Pierre et Paul de Parakou, désormais trop exigüe pour contenir le nombre de personnes, a été corrompu par la tristesse qui se dégageait. Visage attristé et vide de sens, étonnement, désolation, long soupir et larme. Chacun a trouvé sa manière d’exprimer sa peine à l’occasion de la messe de suffrage célébrée lors de la cérémonie d’hommages à l’homme qu’on ne nomme plus. Membres du Gouvernement, hommes politiques à divers niveaux, présidents des institutions étatiques, diplomates, partenaires techniques et financiers béninois et étrangers, acteurs du secteur de l’éducation de rang varié, familles, amis et connaissances, chrétiens catholiques ou non, ont rendu un dernier hommage au ministre en signe de reconnaissance pour ce qu’il aura été pour chacun d’eux et pour la nation béninoise, de son vivant.
L’église offrant l’eucharistie en mémoire du disparu
Une messe pour le repos de l’âme du disparu
La mort n’arrête pas l’amour. C’est donc pour témoigner leur attachement au ministre défunt, que le peuple béninois a effectué le déplacement à la cathédrale Saints Pierre et Paul de Parakou. Ici, des prières ont été offertes pour le repos de l’âme du regretté.
Feu Kouaro Yves Chabi est un fils de l’église catholique pour avoir reçu son baptême, le 22 décembre 1973, soit 7 mois après sa naissance. C’est donc à raison que Monseigneur Pascal N’Koué, archevêque de Parakou, a célébré la messe de suffrage pour implorer la miséricorde de Dieu sur son âme. Pour la circonstance, les textes choisis par l’église pour le samedi 1er mars 2025, cadrent parfaitement avec la personne qui est à l’honneur, à en croire Fortuné Gonzalo, le curé de la cathédrale. A travers son homélie, le prêtre a su faire le lien entre la vie du ministre Kouaro Yves Chabi et le passage de l’évangile du jour qui dit : ‘‘Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent’’. « Jésus ne se contentait donc pas seulement d’aimer les enfants mais il nous invite à les imiter, à imiter la simplicité de leur cœur. Cette conscience d’être enfant de Dieu a toujours habité Kouaro Yves Chabi et cela, dès le début de son existence… Cette conscience d’être enfant de Dieu, lui a toujours fait voir dans les autres, des enfants de Dieu et cela a expliqué le respect, la délicatesse, le sens de l’engagement qu’il a toujours eu pour le prochain… Tellement il était accueillant et engagé dans le sens du bien au prochain », a témoigné le prêtre. Par ailleurs, il dira en guise d’exhortation que « Devant le mystère de la mort, c’est le silence et la contemplation qui s’imposent. Remettons donc tout au Seigneur, il est le Dieu de notre histoire ».
Au terme de la célébration eucharistique, le Gouvernement béninois a procédé aux hommages dus au feu ministre.
Kouaro Yves Chabi, désormais Grand Officier de l’Ordre du Bénin
La Nation béninoise a pour tradition, d’honorer ses filles et ses fils les plus méritants et dévouées, à titre normal ou exceptionnel. Entre autres nominations exceptionnelles, celles à titre posthume. A cet effet, le président de la République a décidé au nom de la Nation béninoise toute entière, de décorer le ministre Kouaro Yves Chabi à titre posthume. Ceci, en reconnaissance des services qu’il a rendus à la Nation. Dans l’enceinte de la cathédrale Saints Pierre et Paul de Parakou, la grande chancelière et vice-présidente du Bénin, Mariam Chabi Talata, a présidé la cérémonie d’élevation du feu ministre Kouaro Yves Chabi au rang de ‘‘Grand Officier de l’Ordre du Bénin’’. Mais avant, elle a rappelé les conditions pour être reçu dans l’ordre. « La reconnaissance de la nation est une très haute distinction, une élévation au sommet de la pyramide des dévoués, inaccessible aux communs des citoyens. Pour y avoir droit, il faut être citoyen d’exception, il faut avoir été un modèle incontesté dans sa contribution à la construction de notre pays, à ses avancées, ses progrès, sa culture, son développement économique et social, son rayonnement. Ce n’est donc pas seulement ce que vous êtes qui fonde et justifie votre reconnaissance par la nation, c’est la grandeur et la qualité de votre contribution à son évolution, son bien-être, son harmonie, son rayonnement », a expliqué la grande chancelière. Avec une forte émotion de tristesse, elle laisse entendre que Kouaro Yves Chabi répond à tous ces critères pour avoir assuré ses charges avec un état d’esprit pacifiste, positif et motivé au poste de ministre des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle depuis sa nomination, le 25 mai 2021. « Soucieux de la réussite de l’école, dans son aire de compétence et de la qualité des ressources humaines dont il avait la charge, Kouaro Yves Chabi est resté jusqu’à sa mort, dans le service permanent inconditionnel, l’admiration, le don de soi, le sacrifice absolu qui s’est mué en sacrifice ultime et suprême, le 20 février 2025 à l’entrée de Parakou… », a-t-elle témoigné.
Le peuple béninois uni pour un dernier hommage au feu ministre
Des allocutions empreintes de témoignages
La douleur de la disparition de Kouaro Yves Chabi n’a épargné personne. Ami de l’illustre disparu depuis l’adolescence, le préfet du Borgou, Djibril Mama Cissé n’a pu retenir ses larmes devant la mémoire de son frère. Consolé par l’archevêque de Parakou, il trouvera la force pour saluer la grandeur de l’homme. « Ce jeudi 20 février 2025, il était encore parmi nous plein de vie, partageant sa journée de travail avec ses collaborateurs, offrant son dernier service à la nation comme pour signaler à tous, son départ, avant de prendre la route à la rencontre de sa destinée. Mais pourquoi donc ? Et pourquoi lui ? Seigneur Dieu pourquoi as-tu abandonné ton fils ? Et j’entends une voix répondre : Mon fils a fini d’accomplir sa mission », a-t-il relaté.
Kouaro Yves Chabi a fini sa mission certes, mais ses collaborateurs par la voix de Garba Ayouba, son directeur de cabinet, promettent maintenir le cap. « Monsieur le ministre, au vu de vos mérites et succès, les acteurs du sous-secteur des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle par ma voix, prennent l’engagement solennel de transformer notre douleur en détermination inébranlable au service de l’éducation nationale afin de perpétuer les souvenirs enrichissants que tu nous laisses », a-t-il fait comme serment. Le Gouvernement béninois garde de meilleurs souvenirs de l’homme qui fut. « Nous gardons de lui le souvenir d’un ministre de la République à l’écoute, au tempérament calme qui accomplit ses fonctions avec dévouement, humilité bienveillance et responsabilité… La perception que le ministre Kouaro Yves Chabi laisse est celle de l’homme qui a tout donné. Tout donné de son temps, tout donné de son énergie à la vie et à la jeunesse de notre pays », a témoigné le ministre des Enseignements maternel et primaire, Salimane Karimou au nom du Gouvernement. Il reste convaincu que les pages écrites par Kouaro Yves Chabi dans le système éducatif, resteront parmi les plus mémorables. Le frère aîné du ministre disparu a, au nom de sa famille, remercié le Gouvernement et tout le peuple béninois pour les marques d’affections et d’attention à leur égard. Le ministre repose désormais dans sa dernière demeure à Parakou.
Quant au garde du corps Christian Sabi Kawepo qui a promis fidélité au ministre même dans la mort, il a été enterré le mercredi 26 février 2025, dans l’intimité familiale à Tanguiéta.
Estelle DJIGRI