Déjà quelques semaines que les apprenants profitent tant bien que mal de leurs vacances. Pour leur permettre de développer des compétences, diverses structures initient des ateliers de formation.
«J’ai décidé que pendant ses vacances, mon enfant apprenne un métier artisanal qui lui permettra d’avoir d’autres compétences en plus de ce qu’il apprend à l’école. Cela l’aidera à mieux faire face aux réalités du chômage plus tard. » A l’image de cette mère de famille qui ambitionne de voir son enfant à l’abri du chômage à l’âge adulte, ils sont plusieurs parents à inscrire leurs enfants dans différents ateliers dans le but de permettre à ces derniers de se découvrir d’autres talents et d’acquérir de nouvelles compétences. Pour ce faire, d’aucuns ont inscrit leurs enfants dans des ateliers de formations artisanales. Par contre, d’autres enfants sont envoyés dans des camps de jeux divers initiés à leur intention. Dans la ville de Cotonou comme à l’intérieur du pays, des initiatives diverses sont prises pour bien des raisons. Entre autres, faire adhérer les enfants à l’ambition portée par le gouvernement béninois. Laquelle est de favoriser la formation technique et professionnelle pour pallier le chômage. Autre raison, permettre aux enfants de mieux se connaître à travers la découverte de leur talent longtemps resté caché.
Photo de famille des joueurs et du staff technique
Des vacances bénéfiques
Nous sommes dans la ville de Lokossa en ce mois de juillet 2023, précisément au Centre des Sports de Main. Ici, nous sommes sur le terrain de basketball. Vêtus de maillots de différentes couleurs et de diverses tailles selon l’âge, ils sont tous en position ‘‘triple menace’’ au départ sur le terrain. Mais très tôt, cette position laissera place à des passes et des dribbles avec pour objectif de marquer un panier. Loin d’avoir affaire à des professionnels de la balle orange, c’est plutôt une soixantaine d’apprenants ayant choisi de vivre autrement leurs vacances. Contrairement à leurs camarades qui sont soit dans les écoles pour les cours de vacances, soit à la maison, ce groupe d’apprenants a choisi de se familiariser avec le basketball ainsi qu’à ses techniques. L’âge compris entre 6 et 18 ans, les poulains du coach Roland Svédin Sohounhlouè, l’un des promoteurs du camp, connaissent désormais le b.a.-ba de ce sport de main. C’est à travers le ‘‘camp vacances de basketball La Relève’’ initié à leur intention par un groupe de basketteurs professionnels. Ce camp, à en croire l’un des initiateurs, vise deux objectifs. Roland Svédin Sohounhlouè, explique dans un premier temps, que « le camp est initié pour occuper sainement les apprenants en cette période de vacances ». Il poursuit ses propos en laissant comprendre qu’il s’agira également de « renforcer les capacités des jeunes apprenants et par la suite faire une détection des talents afin de mettre en place une équipe de basketball pour le compte de la commune de Lokossa ».
Un peu plus loin dans la ville de Cotonou et environs, c’est l’entreprise ‘‘Berceau des Perles’’ qui enseigne aux plus jeunes, la fabrication de divers objets à base de perles. Sur les sites de Cotonou et d’Akassato, ce sont de jeunes élèves filles qui manipulent perles, fils élastiques, afin de réaliser divers objets. Entre autres objets, les colliers et bijoux, aiguilles, fermoirs, broches, etc. les pots de fleurs, les chaussures, les cravates, les sacs à mains, les chapeaux, pour ne citer que ceux-là. Ainsi, les bénéficiaires de cette formation pourront à coup sûr se livrer à une autre activité pendant leur temps libre afin de gagner en autonomie financière. C’est d’ailleurs l’objectif visé par Florence Tchokpon Tchinkoun, qui a initié cette formation intitulée ‘‘Promo Vacances Berceau des Perles’’. « Nous sommes dans une ère où l’enseignement général offre peu d’opportunités aux diplômés à revenus modestes voire faibles. Les jeunes doivent vite s’insérer dans des métiers techniques et professionnels pour se construire un meilleur avenir. Nous avons à cet effet voulu contribuer et partager avec les jeunes la passion que nous avons pour les perles (la joaillerie). Ceci, pour leur permettre de s’orienter aussi dans notre corps de métier », a exposé la directrice de ‘‘Berceau des Perles’’ pour justifier ses actions. En plus d’aider les apprenants à s’occuper utilement pendant les vacances, ces différentes activités initiées de part et d’autre développent bien d’autres qualités chez les apprenants.
Construire des compétences indispensables pour la vie
L’école ne transmet toujours pas les aptitudes nécessaires à la réussite dans la vie. Certaines compétences de vie sont acquises à travers le contact avec les autres, les jeux, et même sur d’autres terrains. C’est ce que semblent dire les différents promoteurs d’ateliers rencontrés. La directrice de ‘‘Berceau des Perles’’, Florence Tchokpon Tchinkoun le fait clairement entendre lorsqu’elle dit que « l’école offre l’instruction à un enfant mais les petits métiers le forment à une autonomisation et une autosuffisance sociale ». Ainsi, à l’en croire, en plus de l’autonomie, l’initiation de ces enfants au métier des perles leur permettra d’avoir d’autres qualités utiles en société. « Quand vous vous essayez aux perles, vous apprenez à vous concentrer, à découvrir les couleurs, à utiliser vos dix doigts pour travailler et enfin à pouvoir réaliser des chefs d’œuvre artistiques dans la joaillerie », a-t-elle renseigné.
De son côté, Roland Svédin Sohounhlouè, l’un des promoteurs de camp de basketball, en parlant de ce sport, explique que les jeux en général favorisent bien des qualités chez l’apprenant qui s’y adonne. « Les jeux en général et le Basketball en particulier permet aux enfants de cultiver l’esprit d’équipe, l’entraide, le respect mutuel, l’acceptation de soi et de son prochain. Ce jeu permet à l’enfant de s’intégrer dans un environnement et aussi de savoir accepter la défaite. Et tout cela a forcément un impact sur le développement de l’enfant dans la vie réelle », a-t-il listé. Malheureusement, certains parents restent encore dubitatifs quant à l’idée de laisser les enfants vivre d’autres expériences pendant les vacances.
Florence Tchinkoun, directrice de Berceau des Perles
L’appel des promoteurs à l’endroit des parents d’élèves
Pendant longtemps les jeux ont été considérés comme des distractions inutiles pour le développement de l’enfant tandis que les formations professionnelles sont vues comme des métiers réservés aux illettrés. Aujourd’hui encore, cette perception demeure la même dans le rang de certains parents qui peinent à autoriser leurs enfants à aller à la conquête du monde à travers d’autres expériences. « C’est malheureusement ce a quoi nous sommes confrontés actuellement… », se désole le promoteur du ‘‘camp de basketball La Relève’’, Roland Svédin Sohounhlouè. Sans vouloir accuser les parents pour le refus qu’ils opposent à leurs enfants concernant les jeux et autres activités, le basketteur ne manque pas de conseils à leur endroit. « Je tiens néanmoins à dire aux parents que le sport et les études vont de pair. Mieux, le sport est un facteur important qui participe à l’excellence de l’enfant, le sport forge le mental de vos enfants dans la vie active », essaie-t-il de convaincre. Pour Florence Tchokpon Tchinkoun, il est impérieux que les parents inscrivent les apprenants dans des formations professionnelles ou artisanales, car, rappelle-t-elle, « elles peuvent mettre les enfants à l’abri du besoin et du chômage ». Ces formateurs n’ont pas manqué de prodiguer des conseils aux apprenants. Lesquels leur permettront d’être dans les bonnes grâces de leurs parents.
Estelle DJIGRI
