La saison des pluies a débuté dans nos contrées avec des sentiments divers et contrastés d’espoir et de joies dans nos villages et champs, tandis que les citadins et assimilés s’indignent de toute cette eau qui inonde nos rues et maisons et nous empêche de vivre. Mais alors quelle est cette société de contrastes, de contradictions sinon de paradoxe ! Lorsqu’il ne pleut pas, nous avions chaud ; nous n’avions pas assez à manger tandis que les nantis bétonnent des maisons et des rues à tour de bras sans se soucier de l’environnement. Lorsqu’il commence à pleuvoir, les rues sont inondées et impraticables ; l’électricité est généralement coupée et l’eau devient rare dans les pompes. Les goudrons et les ouvrages d’art passent et ne tiennent pas assez compte des alentours. Ainsi, partout dans nos contrées africaines, c’est vrai que ce sont les moments de semailles, mais c’est aussi vrai que c’est en ce moment que des maisons sont si inondées que les habitants fuient, dorment sur des tables ou dans des bassines.
Mais alors qu’est-ce qui se passe ? Ne peut-on pas réussir à planifier un véritable projet d’assainissement de nos villes ? Pourtant, ce n’est pas déjà la grande joie dans les entreprises agricoles qui continuent à utiliser beaucoup de forces humaines pour une sécurité économique très difficile pour ne pas parler de précarité. En ce moment où on ne peut nier le grand effort de revêtement routier, mais l’intérieur de nos villes et de nos quartiers nous font vivre un calvaire terrible car depuis toujours, il n’y a véritablement pas eu une planification géographique conséquente pour apprécier et structurer les constructions, les revêtements routiers et les ouvrages d’art selon les spécificités des milieux.
Nous en arrivons à ce qui me préoccupe fondamentalement. Si, à chaque fois, j’insiste pour réécrire notre véritable histoire, je voudrais aujourd’hui souligner la nécessité d’y associer les études géographiques et géo morphologiques de qualité afin de repenser et d’assainir notre milieu. Les travaux routiers sont en ce moment énormes et aiguisent la fierté de beaucoup de monde. En même temps, on constate, à l’évidence que les exécutants sont, pour une bonne part, des ingénieurs des TP et des topographes ; ce qui est nettement insuffisant. Certes, il s’effectue des études environnementales et sociales qui sont confiées à bas prix à des spécialistes qui se contentent d’un travail superficiel.
Sinon, la construction de maisons, d’infrastructures et autres dans un milieu comme Cotonou, devrait requérir les avis d’experts universitaires ayant étudié l’histoire et la géographie du milieu afin de recommander les types de travaux adaptés. Les structures étatiques existent et se contentent de fonctionner sans souvent prendre des initiatives et se plaignent de moyens.
Ce qui est étonnant, c’est que souvent, des travaux de qualité écrits par des universitaires solides existent, mais ne sont pas pris ni en compte sinon ni au sérieux. Les torts sont partagés pour des universitaires qui ne savent pas se mettre au niveau des administrations et des populations pour vendre leur qualité. De l’autre côté, le gouvernement, décideur ne fait ni attention, ni confiance aux spécialistes de l’enseignement supérieur, jaloux de leurs prérogatives et de leur science difficile.
On comprend alors que si nous ne voulons pas continuer à dormir sur les tables et conduire des bassines sur l’eau, il y a une nécessaire interdisciplinarité qui devrait être identifiée et réveillée pour une véritable prise en compte de notre environnement quasi décadent. Nous vivons matériellement, moralement et physiquement dans l’eau et sous l’eau. Certes, nous avions de bonnes routes goudronnées mais qui traversent des océans de boues et de crasses que constituent nos rues et lieux de vie et de travail.
Quand aurons-nous véritablement des oasis de bonheur et de sérénité dans ce monde qui semble ne plus nous appartenir et qui a pour noms taxes, casques et interdictions diverses.
Maoudi Comlanvi JOHNSON,
Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe