Physique-Chimie-Technologie dans le Secondaire : Les élèves limités aux cours théoriques

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Science expérimentale qui s’intéresse à l’environnement de l’homme, particulièrement aux phénomènes qui s’y trouvent, la Physique-Chimie-Technologie (PCT) est une discipline au programme dans le secondaire au Bénin. Educ’Action s’est intéressé à l’enseignement de cette matière dans les collèges au Bénin. Constat !

En introduisant la Physique-Chimie-Technologie (PCT) dans le programme, les responsables étatiques et particulièrement ceux du système éducatif entendent faciliter dans le rang des apprenants, l’acquisition d’une culture scientifique et technologique. C’est l’objectif que vise cette discipline. A en croire l’enseignant de PCT, Guillaume Houéto, le programme de la PCT de la classe de 6e, couvre plusieurs domaines comme celui de l’électricité, de la chimie, de la thermodynamique et de la technologie. Enseignant de cette même matière, Dominique Dèhinto souligne que certaines notions dispensées en PCT sont partagées dans plusieurs classes. Parlant des notions enseignées en PCT, il énumère le courant électrique et ses dangers, les solutions aqueuses, les atomes. « Nous remettons un support aux apprenants avec des consignes. Ils traitent le sujet à la maison avant de venir au cours. Un petit temps est accordé pour le travail individuel et vient ensuite le travail en groupe avant la dernière étape qui est le travail collectif », évoque-t-il pour renseigner sur la méthodologie conduisant au déroulement du cours de PCT.
L’aspect scientifique et technologique fait de cette discipline, la bête noire de plusieurs apprenants en plus des mathématiques. Charnelle, élève de la classe de 3e ne cache d’ailleurs pas cette appréhension quand elle laisse entendre : « La physique-chimie est l’une des matières qui me compliquent la tâche. Il y a trop de formules que je ne comprends pas toujours. Les quelques rares fois où je peux dire que j’ai excellé dans cette matière, c’est quand je m’en suis sortie avec la note 6 en devoir. » Bilal vient de faire son entrée en classe de 6e cette année. Et déjà, il affirme que « La physique est une matière compliquée. » Par contre, bien qu’elle soit une matière complexe pour certains, d’autres apprenants s’en sortent tant bien que mal. « C’est vrai qu’il y a trop de formules dans cette matière et c’est vraiment contraignant. Mais c’est l’une de mes préférées parce que j’ai commencé à m’exercer très tôt. Ce qui m’a permis de démystifier cette perception que les gens ont de cette matière. Quand on décide de réussir dans une matière, on y arrive », a confié Hans-Orens, élève en classe de 1re C.
Aujourd’hui, même si l’Etat a trouvé un moyen d’inciter beaucoup d’apprenants à s’intéresser aux matières scientifiques, en primant les meilleurs apprenants des séries C, il n’en demeure pas moins que la PCT est dans un état agonisant dans les collèges.
Une matière abandonnée par la majorité des apprenants

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Elèves en Classe

Des apprenants en classe

Enseignant de PCT depuis des années dans un collège public, Guillaume Houéto est bien placé pour connaître l’état actuel de cette discipline. Selon ses dires, la PCT est dans un état très critique. « La PCT dans nos collèges est dans un état agonisant puis a fini par rentrer dans un coma profond. Et si rien n’est fait d’ici là, le pays manquera d’ingénieurs, de médecins », a-t-il d’abord diagnostiqué. Pour soutenir cette affirmation, il explique : « Nous pouvons remarquer que depuis un certain nombre d’années, plusieurs de nos apprenants se dirigent vers les séries littéraires. Ce qui fait qu’on observe alors une diminution drastique des séries scientifiques. » Prenant pour exemple ce qui se passe dans son établissement, il renseigne d’une part, qu’ils sont passés de trois en classe de Terminale D à une seule. D’autre part, sur 100 apprenants présentés au Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC), plus de 80% composent les langues étrangères et le reste, la PCT. Cet état de chose est rendu possible à cause des multiples difficultés rencontrées aussi bien dans le rang des apprenants que des enseignants.

Faible niveau en français et Mathématiques ; défaut de laboratoires équipés …

Il s’observe, à travers les explications de l’enseignant Houéto, un désintéressement vis-à-vis de cette matière dans le rang des apprenants. Lequel s’explique par diverses difficultés enregistrées de part et d’autre chez les apprenants et les enseignants. Spécifiquement aux apprenants, l’enseignant de PCT Célestin Hounguè, pense que ces difficultés émanent d’une part, du fait que ces derniers ont un niveau très faible en français. Ce qui fait qu’ils n’arrivent pas à comprendre les contextes de PCT et donc les consignes. D’autre part, le faible niveau des apprenants en mathématiques ne favorise toujours pas, de l’avis de l’enseignant Célestin Hounguè, la compréhension des PCT. Tout à faire vrai ! semble dire l’enseignant Guillaume Houéto dont les propos rejoignent ceux de l’enseignant Célestin Hounguè. « Très souvent au lycée et dans nos collèges, c’est la maîtrise des outils mathématiques qui peut faire défaut. Toute l’évaluation de la PCT met en jeu des calculs et des manipulations d’équations. Des lacunes en ce sens, sont très contraignantes pour les apprenants », a démontré l’enseignant Houéto. Il poursuit par ailleurs, en faisant remarquer que le cours qui est censé être à près de 90% pratique et 10% théorique est plutôt l’inverse. Ce sont des faits, fait-il observé, que les apprenants ne voient pas physiquement par expérience si ce n’est qu’au tableau.
« Nous avons un problème de manque de matériels pour pouvoir enseigner la pratique aux élèves. Nous sommes parfois obligés de mettre la main à la poche pour acheter certains matériels en vue de satisfaire les apprenants sur certaines notions pratiques », confie l’enseignant Dominique Dèhinto. La presque inexistence de laboratoires équipés et l’absence de salles de classes adéquates pour les manipulations constituent aux yeux des enseignants Guillaume Houéto et Célestin Hounguè, des difficultés qui ne favorisent pas du tout la compréhension des PCT chez les apprenants. A tout ceci s’ajoutent le manque de formation, les effectifs pléthoriques dans les salles de classe, le traitement réservé aux enseignants, le manque de modèles, le retrait de chicotte rendu public à travers les médias.
Pour corriger le tir, l’enseignant Guillaume Houéto estime qu’il faut d’abord et avant tout, commencer à motiver l’enseignant avec tout ce qu’il faut afin qu’il fasse avec cœur, le travail. Aussi, suggère-t-il l’organisation des formations 100% pratique et l’équipement des laboratoires de matériels.
« Mon appel, c’est que si nos autorités peuvent penser à doter les collèges de laboratoires, la science aura une belle place », renchérit l’enseignant de PCT Dominique Dèhinto.

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Réalisation : Estelle DJIGRI & Edouard KATCHIKPE

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