Les propos de certains citoyens béninois frisent la haine envers certaines régions, notamment le Couffo appelé ‘‘Adja’’. Ses natifs subissent des propos désagréables qui ne promeuvent pas la diversité et l’inclusion sociale.
Ils subissent malgré eux, les critiques très peu plaisants sur leur être. Ils sont mal vus de certains compte tenu de leur origine, de leur ethnie. Eux, ce sont les hommes et femmes du Couffo connus sous le nom de ‘’Adjanou’’. Autant d’affronts qu’ils subissent et qui ne favorisent en rien le vivre ensemble qui doit être prôné en tout lieu, malgré la différence de chacun. Mais les détracteurs de ces derniers ignorent les conséquences que leurs propos et injures pourraient entraîner dans la société.
Manque de confiance en soi et division comme conséquences
Selon le sociologue Maoudi Johnson, les gens du Couffo ont tendance à être exclus à cause des histoires basées sur certains faits de référence qui auraient pu être gérés dans la paix mais qui malheureusement perdurent à cause des intérêts égoïstes des hommes. Quoi qu’il en soit, ces propos injurieux portent atteinte à l’estime de ceux qui les subissent.
Aurelie Klélé, native du Couffo, le dira d’ailleurs. « C’est très difficile de supporter les injures à cause de nos origines. Nous n’avons choisi ni nos origines, ni nos parents. A tort ou à travers, on nous embête, nous rabaisse et cela peut faire perdre la confiance en soi », a-t-elle confié. Donald Kokou, natif aussi du Couffo, n’est pas toujours à l’abri des injures du fait de son origine. D’ailleurs, il ne comprend pas ce qui leur est réellement reproché. « Il m’arrive de demander à certains, les raisons de leur mépris et la plupart n’ont aucune raison bien fondée. Pourquoi détester quelqu’un à cause de ses origines ? On peut ne pas aimer tout le monde mais on peut être tolérant », se désole Donald. Les conséquences de cet acte dans la société peuvent être énormes à en croire ces derniers. « Cela peut entraîner de la discorde, des disputes sur plusieurs années et sur plusieurs générations. Dans ces conditions, il n’y aura pas la quiétude et la paix », a dit Donald. Vrai ! s’exclame Aurelie Klélé qui renchérit : « Ces comportements peuvent créer des divisions, entraîner des tensions et diminuer l’harmonie sociale ».
La diversité, un avantage pour la société
Aurelie Klélé estime que ses détracteurs devraient considérer la différence de chacun comme un atout pour la société béninoise. « Notre diversité constitue une richesse en ce sens qu’elle permet d’avoir plusieurs points de vue, idées et perspectives pouvant favoriser l’innovation et la créativité. Peu importe nos origines, nous pouvons nous mettre ensemble, apprendre l’un de l’autre selon les réalités de chacun pour enrichir notre vie. Ceci, dans le respect et l’acceptation de l’autre. Notre diversité doit être célébrée au lieu d’être critiquée », a-t-elle exposé. Pour sa part, Donald Kokou pense qu’il faut être différent pour se compléter. C’est ainsi que le pays peut véritablement avancer. Malgré la diversité culturelle, économique, sociale, etc., dont regorge le Bénin, cela ne devrait pas empêcher une solidarité et une cohésion sociale. Ainsi pense le sociologue Maoudi Johnson. « La société est toujours plurielle, diverse. Il faut avoir la conscience de faire autre chose que cette tendance à critiquer et à dénigrer », insiste-t-il.
Une éducation à la tolérance et à l’inclusion s’impose
Apollinaire Yèbè, d’origine Xwla affirme que tous les Béninois viennent d’Adja. « C’est la méconnaissance de l’histoire qui nous pousse à nous moquer des autres. Tous les Béninois sont d’origine ‘‘Adja Tado’’. Il faut éduquer les gens sur leur histoire », conseille Apollinaire invitant ceux qui s’adonnent à cette pratique à se mettre à la place des autres. Cela implique selon Donald Kokou, le respect de la différence de chacun. « Il faut qu’on apprenne à être tolérant et à accepter l’idée que celui qui est à côté est différent mais que malgré tout, il doit faire partie de la société pour vivre heureux », exhorte Donald Kokou. « Pour un monde ouvert à tous, il faut rééduquer les gens et renforcer les brassages interculturels pour l’acceptation des autres sans jugement ni discrimination », préconise Aurelie Klélé. Le sociologue Maoudi Johnson invite les Béninois à aspirer à l’expression religieuse, à la divinité en tant que source de recueillement, de partage qui n’exclut personne.