Peu ou prou désintéressé dans des familles, le livre contribue néanmoins au développement de l’enfant. Seulement, il faut des livres appropriés à l’enfant pour susciter son goût de la lecture, voire son développement.
«Au petit enfant, donnez le petit livre », disait l’écrivain français Victor Hugo. Cette citation trouve tout son sens lorsque les parents tiennent au développement de l’enfant à tout point de vue. Pour faire le nid à ce développement, des livres spécifiques doivent être portés vers l’enfant. « Il faut souvent lui offrir des livres. Les livres sont des cadeaux qu’on n’oublie pas : ils sont pleins de sens. Il faut l’inscrire dans une bibliothèque adaptée à son âge. Par exemple, à la bibliothèque ou à un espace de lecture, notamment pour enfants », suggère Axelle Adiho, responsable éditoriale des Editions Isidore de Souza. Autrice du livre jeunesse Le cadeau d’Eva en 2022, elle dit sa stratégie pour faire de ses enfants, des amoureux du livre : « Il faut souvent emmener l’enfant à la librairie. Même si vous n’achetez pas un livre à chaque sortie, le simple fait que votre enfant découvre cet espace dédié au livre, qu’il touche les livres, qu’il les feuillette, qu’il s’imprègne des nouvelles parutions, c’est un bien que vous lui faites. » Cette méthode de Axelle Adiho pour motiver ses enfants à lire est relativement approuvée par Emmanuelle Berny-Lalèyè, directrice de Spirupresse Sarl, une maison d’éditions béninoise qui édite des livres et des journaux pour enfants. Elle conte ainsi son expérience vécue durant sa tendre enfance pour devenir aujourd’hui autrice. « Quand j’étais enfant, mes parents me lisaient des histoires, m’offraient des livres pour mon anniversaire et m’amenaient régulièrement à la bibliothèque pour en emprunter. Je voyais mes parents lire. C’est pourquoi la lecture m’a toujours semblé quelque chose d’agréable », confie-t-elle.
Emmanuelle Berny-Lalèyè, directrice de Spirupresse Sarl
L’éducation de l’enfant passe essentiellement par les actes. L’enfant copie ce qu’il voit faire. « Un regard d’enfant enregistre vite. Plus tard, il développe l’épreuve ! », disait le poète français Jean Cocteau. Cette citation est soutenue par Axelle Adiho qui affirme : « Et surtout, il faut soi-même être un exemple pour son enfant. Lisez devant lui, lisez avec lui, lisez-lui des livres, ayez des moments dédiés à la lecture. Les enfants suivent mieux ce que nous faisons que ce que nous disons », affirme Axelle Adiho. Les enfants béninois s’intéressent pour la plupart aux livres et aux magazines pour enfants. L’enfance est un âge où la curiosité est aiguisée. « La jolie couverture multicolore du magazine ou d’un livre va forcément inciter l’enfant à en tourner les pages. Je le vois à la maison, quand les camarades de mes enfants viennent nous rendre visite. Souvent ils regardent les livres de mes enfants et parfois demandent à les emprunter », se rappelle Emmanuelle Berny-Lalèyè, autrice du livre jeunesse ‘‘L’enfant messager’’, finaliste du Grand Prix Littéraire 2023. Dans ses envolées explicatives, elle ajoute : « Lire un livre à son enfant, même quand il sait déjà lire, c’est un bon moyen de transmettre le goût de la lecture. C’est même plus que cela : j’ai de beaux souvenirs, des histoires racontées par mes parents, et j’ai eu beaucoup de plaisir à lire ces mêmes histoires à mes enfants. Ce sont vraiment des moments privilégiés en famille. »
Esckil Agbo est un éditeur et promoteur littéraire. Tout comme les autres acteurs du livre, il a sa politique pour déclencher le goût de la lecture chez l’enfant. « Il faut créer entre le livre et l’enfant une sorte d’amitié. Il faut trouver les motivations possibles pour faire du livre un ami, un compagnon de l’enfant », a-t-il ajouté pour soutenir ses collègues.
La contrainte de la lecture à l’enfant : une erreur
Contraindre l’enfant à lire avec un bâton en main est un échec. « Il faut amener l’enfant vers le livre par plaisir et non pas contrainte. Il faut montrer à l’enfant que le livre est un outil de développement de sa personne. Il faut lui montrer que le livre est un jeu. Si vous l’amener vers la lecture avec le bâton, sachez alors que l’enfant ne lira jamais », indique Esckil Agbo, éditeur à Beninlivres. Il ajoute par ailleurs : « Un enfant qui est contraint à la lecture, plus tard, il voit le livre comme un outil qu’on utilise pour arracher sa liberté. L’enfant dont le temps de jeu est remplacé par la lecture, prendra le livre comme son ennemi ».
Il est constaté, souvent, dans le cocon familial, l’imposition de la lecture des manuels scolaires et des livres au programme aux enfants. « Je pense qu’avoir une approche trop scolaire de la lecture peut décourager les enfants. Si vous êtes tout le temps en train d’exiger de votre enfant qu’il ait lu tant de pages dans la journée, de terminer le livre qu’il a commencé même si celui-ci ne l’intéresse pas, il sera difficile à l’enfant d’avoir envie de lire », explique l’autrice Emmanuelle Berny-Lalèyè. Approchés, d’autres acteurs du livre, trouvent que la plupart des enfants qui aiment la lecture, n’ont jamais connu une imposition. Dans ce cas, l’enfant fait du livre un allier au point de voir sa personnalité se développer.
Axelle Adiho
Retombées de la lecture chez l’enfant
« L’enfant construit petitement sa personnalité. L’enfant change son expression orale. L’enfant est curieux et veut lire tout ce qui passe sous ses yeux. L’enfant gagne en curiosité. Et la curiosité conduit à l’intelligence raffinée, à l’intelligence potable ». Ainsi s’est exprimé Esckil Agbo, promoteur littéraire renseignant ainsi les bienfaits de la lecture à l’enfant. Dans la lecture des livres mis à la disposition de l’enfant, ce dernier va à l’école du héros de l’histoire racontée dans le bouquin. « Les premiers signes ou les retombées de la lecture que l’enfant fait, c’est déjà que l’enfant tente d’imiter le personnage qu’il a découvert », fait savoir Esckil Agbo. Au-delà de l’imitation du personnage, il ajoute que « l’enfant qui est tout le temps avec le livre et qui a une fréquence de lecture, a une capacité de réflexion différente de celui qui ne se donne pas à la lecture ». Axelle Adiho dira, pour sa part, qu’« en lisant, l’enfant apprend, il se cultive, il découvre, il s’épanouit… Il développe son esprit et s’ouvre à de nouveaux horizons ».
Dans les rayons enfants des librairies au Bénin, il y a une grande diversité de livres. Il faut noter, entre autres, aventures, humour, manga, documentaires. « Le meilleur livre à mettre à disposition de son enfant, c’est sûrement celui qu’il aura choisi ! », a dit Emmanuelle Berny-Lalèyè. Ce qui me semble important, précise-t-elle, c’est surtout de mettre à sa disposition le livre qui lui plaira. Car, soutient-elle, chaque enfant a ses propres goûts.
L’amélioration de l’orthographe, du vocabulaire, de la syntaxe sont d’autres éléments qui forgent l’enfant admiratif de la lecture.
Enock GUIDJIME
