C’est un fait : la recherche scientifique est un facteur important pour le développement. Au Bénin, les chercheurs et enseignants-chercheurs font du mieux qu’ils peuvent dans les laboratoires des différentes universités. Qu’est-ce qu’ils font concrètement ? Qu’est-ce qu’ils trouvent ? De quels moyens et ressources disposent-ils pour cela ? Quels sont les défis qu’ils doivent relever ? Autant de questions auxquelles nous essayons de répondre dans cette série de publications sur les laboratoires dans les universités du Bénin.
Premier à ouvrir le bal, c’est le Laboratoire d’Expertise et de Recherche en Education, Formation et Orientation, en abrégé LAEREFOR, de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC). Dans cet entretien, Yélindo P. Houessou, docteur en Sciences de l’éducation, professeur titulaire des universités (CAMES), actuellement vice-recteur chargé des Affaires académiques de l’UAC et chef adjoint du LAEREFOR, lève le voile sur cette unité de recherche. Lisez plutôt !
Educ’Action : Pourquoi avoir créé ce laboratoire ?
Prof. Yélindo P. Houessou : Pour combler le manque d’un creuset de recherches et de réflexions concertées pour les étudiants en sciences de l’éducation et leur offrir un socle de référentiels endogènes, c’est-à-dire élaborés à partir de concepts et de démarches scientifiques contextualisés.
Par ailleurs, les ministères en charge de l’éducation qui initient souvent des programmes spécifiques nécessitant une expertise locale, sont fréquemment bloqués par des chicanes et des procédures administratives inimaginables. Ils sont obligés d’aller chercher ailleurs une solution généralement plus coûteuse et toujours décontextualisée. Un laboratoire de recherche en éducation est nécessaire pour répondre à ces préoccupations.
Présentez-nous le LAEREFOR.
Le Laboratoire d’Expertise et de Recherche en Education, Formation et Orientation, en abrégé LAEREFOR est créé par Décision n°934-2017/UAC/EDP-ECD/D/DA/SA du 16 octobre 2017 à l’Ecole Doctorale Pluridisciplinaire «Espaces, cultures et développement» (EDP-ECD). L’article 2 de la décision de création rappelle que c’est une unité d’expertise et de recherche pour toutes questions liées à l’éducation (relations éducatives en famille, en société, à l’école ; pratiques enseignantes scolaires et universitaires ; apprentissages en contexte formel, non formel ou informel ; psychopédagogie du handicap, éducation à…, technologie de l’information et de la communication en éducation, etc.). Il est aussi dédié à la formation (formation des formateurs scolaires et universitaires ; formation des conseillers en orientation, formation des moniteurs d’auto-école, formation psychologique des corps spéciaux tels que les médecins, les forces de l’ordre et de sécurité, etc.). Il s’occupe aussi des questions liées à l’orientation (scolaire, universitaire et professionnelle).
Comment fonctionne ce laboratoire et qui l’animent ?
Les articles 9 à 13 de la décision de création renseignent sur le fonctionnement du laboratoire qui est dirigé par un chef assisté d’un chef-adjoint, tous deux de rang magistral. Le chef et le chef-adjoint sont nommés par le Directeur de l’EDP, sur proposition du Coordonnateur de la Formation doctorale de psychologie et des sciences de l’éducation. L’article 4 stipule que peut être membre du LAEREFOR tout enseignant-chercheur, chercheur, doctorant, professionnel et tout individu ayant une expertise avérée dans le domaine de l’éducation, de la formation ou de l’orientation et désireux de mener des recherches en vue d’apporter des solutions aux problèmes spécifiques aux champs disciplinaires cités à la question 3. A ce jour, nous comptons la majorité des enseignants du Département des Sciences de l’Education et de la Formation (DSEF), les enseignants de la formation doctorale, les masterants et doctorants et deux nationalités étrangères qui sont membres du laboratoire.
Quelles sont vos réalisations après ces années d’activités ?
Le LAEREFOR a plusieurs réalisations à son actif. Les voici, des plus récentes aux plus anciennes. Courant mars 2022, nous avons organisé deux conférences grand public à l’UAC sur « Le système solaire et sa constitution ; Les enjeux du colloque du Caire de 1974 ; Les grandes académies de l’Egypte ancienne » et un « Cours d’initiation en Egyptien hiéroglyphique ».
En octobre-novembre 2021, trois conférences grand public ont eu lieu : « Qu’est-ce que le système solaire et comment s’est-il formé ? », « La spiritualité ancestrale d’Oussirê (Osiris) ou la première invention de la notion de Dieu unique dans l’histoire de l’humanité » et « Histoire des sciences et des techniques : 100 grands savants africains ayant révolutionné le monde face à la négrophobie des philosophes classiques occidentaux ». En mai 2021, deux conférences grand public : « Les grandes découvertes en mathématique de l’Afrique ancienne. Initiation à l’arithmétique en medou neter » et « Les grandes civilisations noires de l’antiquité à l’extérieur de l’Afrique et celles de l’ère impériale ayant dominé le monde ».
En janvier-février 2021, nous avons aussi eu deux conférences grand public dont celle portant sur « L’Egypte Noire Pharaonique : berceau des sciences psychologiques et de l’éducation, des sciences modernes et plus grande civilisation de tous les temps ».
Du 21 au 23 octobre 2020, nous avons organisé le colloque scientifique international « Les Sciences de l’Education et de la Formation à l’école africaine : regards pluridisciplinaires » en hommage au Professeur Gabriel C. Boko. Les 4 et 5 juillet 2019, c’est un séminaire de formation et de validation d’outils d’expertise en Sciences de l’Education qui s’est tenu à l’initiative du LAEREFOR.
Comment le laboratoire se positionne-t-il par rapport aux autres laboratoires de l’UAC et en dehors ?
Les partenaires présumés du LAEREFOR sont renseignés à l’article 5. A l’UAC, nous avons les Département des Sciences du Langage et de la Communication (DSLC) de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Communication (FLLAC) et Département des Sciences et Techniques des Activités Socio-Educatives (STASE) de l’Institut National de la Jeunesse, de l’Education Physique et Sportive (INJEPS), l’Unité de formation et de recherche de psychiatrie de la Faculté des Sciences de la Santé (FSS). A l’extérieur nous avons le Département des Sciences de l’Education de l’Institut National des Sciences de l’Education (INSE) de l’Université de Lomé, le Groupe d’études et de recherche sur les représentations sociales de l’Ecole normale supérieure d’Abidjan de l’Université Félix Houphouët-Boigny. Nous pouvons collaborer avec tout laboratoire, centre ou institut national ou international œuvrant dans le domaine de l’éducation, de la formation et de l’orientation.
Quelle est la contribution du LAEROFOR à l’atteinte des objectifs de développement du Bénin ?
Si l’Education est l’arme la plus puissante pour transformer et développer un pays, le LAEREFOR ne peut que contribuer fortement par ses différentes activités aux objectifs de développement du Bénin et qui doit nécessairement passer par une réforme profonde de son système éducatif ; ce à quoi s’attèle également le LAEREFOR.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
Il y a le problème rédhibitoire de disponibilité infrastructurelle à l’UAC : absence d’un local précis qui abrite le laboratoire envers et contre les efforts des responsables. Ensuite, une commande non réalisée depuis 2019 de documents (pour la bibliothèque du laboratoire) par le Directeur de l’Ecole doctorale à hauteur de 200.000 fcfa. Enfin, la réforme engagée par le vice-rectorat chargé de la recherche universitaires. Cette réforme met le LAEREFOR en situation administre ambigüe car s’il est vrai qu’il n’est pas interdit d’activité, il est, comme beaucoup d’autres laboratoires, en situation administrative incertaine à partir du moment où il ne fait toujours pas parti des laboratoires officiellement reconnus à l’UAC à ce jour.
Quels sont les défis que le LAEREFOR doit relever ?
Il y a le défi de la reconnaissance officielle, comme évoqué précédemment. Ensuite, le défi d’une contribution décisive aux réformes en cours du système é ducatif
Quel est votre mot de fin ?
La rééducation des Béninois à travers une réforme profonde du système éducatif est un impératif et le LAEREFOR doit y prendre toute sa place et jouer son rôle.
Propos recueillis par Adjéi KPONON