Au nombre des disciplines enseignées en milieu scolaire, il y a le sport qui semble être une matière banale aux yeux de certains apprenants. Pourtant, il joue un rôle assez important et a des impacts positifs sur ceux qui s’y adonnent.
Hier, lundi 29 avril 2024. Une demi-heure nous sépare de 8 heures sur le deuxième terrain de sport du CEG ‘‘Le Plateau’’, dans la commune d’Abomey-Calavi. C’est l’activité sportive qui débute l’emploi du temps de la semaine chez certains élèves de ce collège. Sur ce terrain sablonneux entouré d’herbes, les élèves répartis en plusieurs promotions, procèdent au tracé du terrain avant le démarrage effectif de l’activité sportive à 7 h 50 minutes pour les apprenants en gymnastique. A l’opposé du silence qui règne dans les quatre murs d’une classe aux heures de cours, ici sur le terrain, les élèves vêtus de tee-shirt de sport et de banderoles se taquinent et se chamaillent tout en appliquant les instructions des enseignants dans la discipline. Professeure certifiée de sport exerçant au CEG ‘‘Le Plateau’’, Cornelie Abalot, souligne qu’une activité physique et sportive permet d’entretenir le corps, de développer des aptitudes au niveau des apprenants et d’assurer le brassage culturel à travers les compétitions. A son collègue David Dassi d’ajouter que la pratique de l’Education Physique et Sportive (EPS) permet l’amélioration de la santé physique, le bien-être mental et une meilleure concentration. « Les activités sportives participent à la socialisation, le travail d’équipe. A partir du sport, nous pouvons développer ces facteurs chez les petits enfants », fait-il remarquer. Dans une approche définitionnelle, Ismaïl Barres Fousseni renseigne que le sport est toute activité qui permet d’élever le niveau métabolique. C’est tout mouvement, précise-t-il, que l’on peut faire pour produire de l’énergie. Elève en classe de Terminale au CEG ‘‘Sainte Rita’’, Alida Amoussou affirme que la pratique du sport lui permet de se sentir bien et en pleine forme. Son camarade de la 1re D, Aboubacar Aboubacar ajoute : « En classe de 1re, nous faisons la gymnastique, le triple saut, le handball et le basket-ball. Le sport est utile pour moi parce que le sport me donne la santé. Cela soulage mon corps et je suis très content. »
Ismaïl Barres Fousseni
Les notions dispensées aux apprenants
Comme toutes les autres matières dispensées en classe dans le secondaire, le sport est réparti également en situation d’apprentissage. Au premier semestre, informe Ismaïl Barres Fousseni, nous faisons les disciplines qui prennent en compte le développement psychomoteur de l’enfant que sont essentiellement les disciplines individuelles et pour le compte du 2e semestre, on peut leur apprendre les activités collectives.
« Les notions dispensées varient suivant la promotion. Nous avons, entre autres, la course de vitesse, la gymnastique, le saut en longueur, la lutte africaine, le football », énumère l’enseignant David Dassi, avant d’ajouter que le cours d’EPS est souvent un moment de joie pour les élèves. Sa collègue Cornelie Abalot renchérit : « Le contexte en classe est différent du contexte au terrain. Quand les enfants, surtout les garçons savent qu’ils ont le football, c’est encore un autre engouement qu’ils ont pour venir au cours. Quand ils viennent, ce sont eux qui tracent en premier le terrain et mettent en place les équipements. Pour les apprenants, c’est une occasion pour se défouler. »
Aboubacar Aboubacar
Différence entre jeu et sport
Richelove Ulrich Lankpoédja est professeur de Sport dans un établissement public du Bénin. En tant que spécialiste en la matière, il nous apprend que le sport est un jeu mais le jeu n’est toujours pas un sport. « Un jeu est toute activité motrice ou mental, non imposée, ne visant aucune fin utilitaire, et à laquelle on s’adonne pour se divertir, en tirer un plaisir par exemple, les jeux radiophoniques qui consistent à répondre le plus vite possible à une question pour gagner un cadeau », a dit l’enseignant par rapport au jeu. Par contre, « Le sport est toute activité motrice codifiée et institutionnalisée, pratiquée individuellement ou collectivement pouvant donner lieu à une compétition selon un règlement bien défini et universel », a-t-il nuancé. Il précise par ailleurs, que le jeu, même si parfois a un règlement, n’est pas institutionnalisé, c’est-à-dire qu’il n’a pas des institutions telles que le CIO, la CAF, la FIFA ou les fédérations alors que le sport est géré par les institutions et est codifié. Le jeu comme le sport a des impacts sur les apprenants.
Alida Amoussou
Impacts des jeux et sport sur les apprenants
Avant tout propos, l’enseignant de sport Lankpoédja a tenu à préciser que dans les écoles, les apprenants ne sont pas instruits aux jeux mais plutôt à l’Education Physique et Sportive (EPS). Cette dernière pour atteindre son objectif, peut utiliser des exercices constitués uniquement des jeux moteurs. Revenant sur les impacts du jeu sur la personne humaine, l’enseignant explique : « Le jeu permet à l’enfant le développement de certaines habilités telles que la motricité, l’éveil, etc. » Mais pour ce qui concerne le sport, il renseigne que cela joue un rôle prépondérant dans l’éducation des apprenants aussi bien sur le plan physique, psychologique que social. « Sur le plan physique, le sport joue un rôle important dans la croissance de l’être humain. Sur le plan social, il permet à l’enfant de se conformer aux règles du jeu. La notion d’obéissance aux règles de la société s’apprend déjà à travers le sport. Lorsque l’enfant ne respecte pas les règles du jeu, il est sanctionné. Il permet l’intégration de l’enfant au sein d’une société », a-t-il martelé avec des exemples à l’appui. Sur le plan psychologique, le sport développe chez l’enfant non seulement la confiance en soi, mais aussi le prépare à avoir le courage d’accepter tous les résultats auxquels il peut faire face à la fin. Soit il gagne soit il perd. Du coup, l’enfant sait que dans la vie tout n’est pas toujours rose et il peut arriver qu’il perde parfois. Le sport permet aussi de relever un défi, donc permet une certaine assurance à l’enfant. Il permet à l’enfant d’être actif et éveillé.
« Toute la semaine, l’enfant est entre quatre (04) murs, peut-être orienté vers un tableau et il s’approprie tout ce qu’on lui apprend et heureusement qu’il a deux à trois heures pour bouger un tout petit peu. Alors, ce créneau lui permet de faire un tant soit peu le vide dans la tête. Le trop plein qu’il a reçu, il le déverse sur le terrain, il fait le vide pour repartir en salle encore emmagasiner », dira Ismaïl Barres Fousseni pour montrer ainsi que le sport permet à l’apprenant de s’épanouir, de vivre autre chose et en même temps, lui apprend à se socialiser.
Réalisation : Estelle DJIGRI, Edouard KATCHIKPE & Gloria ADJIVESSODE