Prêts scolaires à l’approche de la rentrée : Les parents d’élèves divisés sur leur opportunité

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La rentrée scolaire et académique offre l’opportunité aux opérateurs économiques de se faire de l’argent. Vente de fournitures scolaires et assimilés, frais de scolarité, transport des élèves et étudiants. Toutes ces réalisations sont souvent rendues possibles grâce aux prêts scolaires faits par les banques de la place. Belle opportunité pour les uns, risques pour les autres, ces prêts suscitent de nombreuses interrogations dans l’esprit des populations. Educ’Action a tendu son micro à certains citoyens pour recueillir leurs avis sur cette « manne financière ». Reportage !

C’est le quartier des banques. Sur deux kilomètres à la ronde, les sièges et directions générales de toutes les banques du Bénin sont installés avec des architectures qui respirent le parfum de l’argent. Si vous n’êtes jamais venu à Cotonou, le nom Ganhi ne vous dit absolument rien, mais pour les habitants de Cotonou, c’est le quartier des affaires. Non loin des sièges de trois de ces banques, derrière l’un des bâtiments de l’armée nationale, Wenceslas Kouvèhèdé, opérateur économique sort d’un rendez-vous d’affaires dans un restaurant chic d’à côté. Dans un complet blanc étincelant, il décroche son téléphone pour répondre à un appel, ce qui l’oblige à marquer un arrêt sous un arbre dont les feuilles rafraîchissent l’air en cette heure chaude de la journée. Juste avant de reprendre sa marche pour rejoindre sa voiture garée de l’autre côté de la rue, le reporter de Educ’Action l’invite à la discussion. Avez-vous une idée des prêts bancaires offerts à l’approche de la rentrée scolaire ? C’est la question qui lui est adressée après les salutations d’usage. « C’est un avantage pour les parents d’élèves. Je n’en ai jamais fait, mais je crois que cela permet aux parents de bien outiller les enfants à la rentrée », répond l’opérateur économique, un léger sourire au visage. A côté de lui, la même question est posée aux conducteurs de taxi-moto, appelés « zémidjans » et à d’autres passants. Voici leurs réponses.

Un service réservé à une catégorie de citoyens

« Nous en entendons parler ! Nous voyons seulement les affiches ! On ne sait vraiment pas de quoi il s’agit mais c’est une affaire d’argent. Je ne connais aucun zémidjan qui ait fait cela ! C’est seulement pour les fonctionnaires ! » Ce sont là, pêle-mêle, les réponses des citoyens rencontrés dans le quartier de Ganhi et ailleurs dans les villes de Cotonou et d’Abomey-Calavi. Rares sont ceux qui ont pu apporter une réponse claire à cette question : connaissez-vous les prêts bancaires offerts à l’approche de la rentrée ? « Oui ! Il y a les prêts de scolarité pour le primaire, le secondaire, l’université ainsi de suite. Les banques nous les offrent à l’approche de la rentrée. Sinon, ils ont déjà commencé et c’est au plus 72h si tu fournissais vite les dossiers », affirme Clément Kiki, agent de l’État,

                         Clément KIki

 

rencontré à la sortie des bureaux, derrière le ministère de l’Economie et des Finances, dans le quartier Cadjèhoun, à Cotonou. Vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon de couleur sombre, c’est un habitué de ce service. A quelques pas de là, Arthur (prénom attribué), se prononce sur le sujet. « Les prêts bancaires aident beaucoup les parents que nous sommes à affronter les réalités de la rentrée parce que les établissements exigent déjà le payement de la moitié ou d’une première tranche de la scolarité », soutient le père de famille, visiblement pressé de retrouver l’entreprise où il travaille à la sortie de la Direction Générale des Impôts. « Oui. On voit les affiches partout dans la ville à l’approche de la rentrée. C’est une bonne initiative pour le citoyen qui a des revenus moyens et qui retire son salaire par le biais de la banque », informe Sylvie Abiassi, secrétaire d’une organisation de la société civile. Contrairement à eux, Augustin Akpa, enseignant d’anglais, préfère garder ses distances avec ce service offert par les banques. « Moi généralement, je ne suis pas trop habitué aux prêts scolaires parce qu’en fait, tout est une question d’organisation et de planification. Lorsque vous évaluez un peu ce que vous payez comme intérêt par rapport à ce prêt, ce n’est pas vraiment évident de le faire ». Sur ce plan, Arthur, dans sa tenue locale bohoumba, n’y va pas par quatre chemins pour dire ce qu’il pense de ce service : « les gens se font énormément d’argent sur notre sacrifice professionnel ». Face à ces avis contradictoires, quels sont les avantages et les inconvénients de ces prêts bancaires, offerts à l’approche de la rentrée.

Avantages ou inconvénients, tout dépend des imprévus de la vie

Les bénéficiaires de ce service sont généralement sur un nuage, car c’est une solution pour solder les frais de scolarité des enfants, notamment ceux qui sont dans les écoles privées. Le revers de la médaille, c’est que le prélèvement salarial effectué directement à la source ne laisse pas de chance pour faire face aux imprévus qui surviennent durant l’année scolaire. « L’inconvénient ici est que cela agit sur le salaire et les projets qu’on pourrait faire en se basant là-dessus. Par exemple, la maladie ne prévient pas. Mais voilà que tu as déjà signé un engagement là-bas et paf, la maladie survient », lâche Clément Kiki, le regard inquiet. Cela dit, il ne manque pas d’ajouter que cela « pèse en quel que sorte, mais on est à l’aise quand on paye la scolarité parce que les fondateurs, les directeurs d’école renvoient à tout bout de champ ». Arthur, le visage sérieux et d’un ton ferme admet que l’inconvénient, pour lui, c’est lorsque l’on n’est pas dans un emploi où le revenu mensuel est stable, surtout lorsqu’on a un contrat à durée bien fixe. « Cela peut te causer des ennuis parce que si tu n’honores pas les engagements, la banque va t’emmerder », ajoute-il d’un ton moqueur en écarquillant les yeux. Sylvie Abiassi, par contre, se pose des questions sur l’efficacité de ces prêts en se basant sur les expériences de ses proches. « Je me demande si cela peut effectivement résoudre les problèmes des parents, notamment ceux qui ont des familles nombreuses. Je me demande aussi si cela couvre la cantine des enfants. L’autre question est de savoir combien de fonctionnaires recoivent ces prêts et est-ce que cela les arrange ? » Sans répondre à toutes ces questions, elle poursuit en indexant l’État sur cet aspect de la vie scolaire. « Je crois que le plus important, c’est que l’État adopte une politique pour qu’on revoie le montant des scolarités et leur échelonnement », recommande la quarantenaire, invitant ainsi les autorités à réguler ce pan des activités des établissements privés.
A côté de ces constats, les personnes interrogées ont aussi fustigé certains services offerts par certaines banques avant d’avoir accès aux prêts. Sans aller dans les détails, Arthur pointe du doigt les services des banques dont les couleurs dominantes sont le vert et le bleu ciel. Il s’agit notamment de l’accueil des clients et de la durée du traitement des dossiers de prêts. Face à ces observations, ils n’ont pas manqué de faire diverses propositions pour l’amélioration de ces services.

Adjéi KPONON

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