Prof. Holden Fatigba, à propos de la réouverture du laboratoire de la Faculté de Médecine de l’UP : « Il n’est plus question de venir dispenser un enseignement et rentrer »

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Resté fermé durant quinze ans, le laboratoire d’application et de travaux pratiques en sciences de la santé de la Faculté de Médecine (FM) de l’Université de Parakou (UP) renaît de ses cendres. Première autorité de ladite Faculté, le professeur Holden Olatoundji Fatigba, revient sur les raisons, les ambitions et autres aspects clés de la réouverture de ce laboratoire. C’est à travers cette interview accordée à Educ’Action.

Educ’Action : 15 ans se sont écoulés sans activités dans le laboratoire d’application et de travaux pratiques en sciences de la santé de la Faculté de Médecine. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Prof Holden Fatigba : Il s’est passé que d’une manière ou d’une autre, nous avons failli en tant qu’enseignant, nous avons failli en tant que formateur et nous avons peut-être manqué de vision ou que nous n’avons pas été vigilants. Nous n’avons pas su définir les priorités, ce qui faisait l’essence d’une Faculté de Médecine. Il faut dire aussi que nous nous sommes contentés du peu parce que la Faculté de Médecine s’appuie jusqu’à présent sur le Centre Hospitalier Départemental (CHD) du Borgou qui est un hôpital universitaire disposant de laboratoire d’analyses pour les patients qui viennent. Ce faisant, profitant du statut hospitalo-universitaire de ce centre hospitalier, les responsables d’alors ont estimé que la faculté pouvait, d’une manière ou d’une autre, s’appuyer sur le laboratoire de service de ce centre.

Quels sont les impacts de cette fermeture sur la formation des étudiants ?

L’impact, à mon avis, le plus dommageable, c’est certainement que, faute de laboratoire, nous n’avons pas pu, dans la formation, diversifier les activités de travaux pratiques. Mais cela, c’est pour les étudiants puisque comme je l’ai dit tantôt, il y a le laboratoire étatique du Centre Hospitalier Départemental qui faisait ses analyses normalement. Donc nos étudiants ont eu à passer dans le laboratoire de biochimie. Mais la formation est restée confinée sur cette seule option d’analyse biomédicale de base. Moi je suis un neurochirurgien et je suis en fonction en tant qu’enseignant depuis plusieurs années. J’ai encadré déjà une trentaine de thèses de doctorat en médecine. Tout ceux-là ont voulu faire de la neurochirurgie leur spécialité parce qu’ils ont vu faire, ils ont aimé au même titre qu’ils ont vu les gynécologues opérés, les pédiatres travaillés. Donc, le défaut de pratique de visibilité d’un tel laboratoire a fait que nous n’avons pas su créer de l’émulation pour former des futurs spécialistes qui pourtant, dans le domaine des sciences fondamentales, manquent cruellement à cette faculté. Cette absence de laboratoire en faculté, immanquablement, a certainement eu un impact sur les travaux de recherche des enseignants eux-mêmes. Mais, je voudrais être clair ! Est-ce-que cela a fait des produits sortis de cette faculté jusqu’à lors des produits moins valeureux, moins fiables, non compétents ? Je dirai non !

Aujourd’hui, vous avez relancé les activités. Pourquoi ?

C’est d’abord pour des raisons de bons sens. Une Faculté de Médecine dans un pays d’Afrique subsaharienne tropicale où nous avons des maladies comme la drépanocytose, le paludisme, toutes les maladies diarrhéiques que vous connaissez pour ne citer que celles-là, toutes les maladies virales qu’on enseigne à nos apprenants et qui resteraient théorique ! Ce n’était pas normal, ce n’était pas concevable !
C’est pour dire que, j’ai honoré avec fierté un engagement pris parce que nous en étions capable, la Faculté disposait des moyens de le faire et il fallait comme on le dit, semer, restaurer ce pan de la formation pour bénéficier davantage du soutien de l’État et du ministère de tutelle, mais aussi pour rendre définitivement crédible la formation dispensée dans cette faculté.

Que comptez-vous faire pour que le laboratoire soit toujours fonctionnel et ne pas retomber dans les erreurs du passé ?

Doyen ou pas, je puis vous garantir que plus jamais ce laboratoire ne sera fermé. Au contraire, cela va se développer en se diversifiant parce que désormais, nous avons inscrit continuellement dans les lignes budgétaires de cette faculté, une ligne spéciale dédiée au fonctionnement de ce laboratoire. Non seulement il doit être fonctionnel, mais aussi il est diversifié. Le résultat est que toutes les disciplines fondamentales, la parasitologie, l’immunologie, la biochimie, la virologie, la pathologie, tous ces enseignements qui sont faits ont le volet pratique rendu obligatoire pour tout enseignant. Il n’est plus question de venir dispenser un enseignement et rentrer. On prévoit, surtout que nous sommes en LMD, le volet travaux pratiques. Donc ce faisant, on ne peut que développer ce laboratoire, puisque l’utilisation crée le besoin, le besoin suscite la recherche de financement, de moyens et ce faisant le laboratoire se développe. Il en sera ainsi quel que soit le dirigeant qui sera désormais à la tête de cette entité.

Nouvel état d’esprit, nouveau souffle. Alors présentez-nous ce laboratoire au visage nouveau ?

Ce laboratoire est dénommé « Laboratoire d’Application et de Travaux Pratiques en Sciences de la Santé de la Faculté de Médecine de l’Université de Parakou ». Nous avons pris un acte officiel administratif pour attester cela. Il a une capacité d’accueil en instantané d’au moins quarante (40) étudiants. Or, nous avons des groupes pédagogiques de 120 à 130. Avec la panoplie de microscopes modernes que nous y avons installés, centrifugeuses, chambre froide, l’investissement nouveau qui est fait permet de recevoir des groupes de quarante étudiants par vague, encadrés par un professeur titulaire de biochimie. Nous l’avons non seulement équipé en matériels, mais aussi nous l’avons aussi équipé en ressources humaines puisque nous avons recruté sur le budget de la faculté, avec le soutien du rectorat, deux techniciennes de laboratoire. Elles vont accompagner les équipes d’encadrement et, en s’occupant des étudiants, elles seront formées à la pratique pédagogique en ce qui concerne les sciences biomédicales.

Quelles sont les activités qui seront menées dans le laboratoire pour le dynamiser ?

Ce sont les activités basiques, les activités de formation et d’apprentissage. Le laboratoire aujourd’hui reste ouvert à l’instar d’une bibliothèque où tous les étudiants, sur leur temps mort, leur temps de travail personnel, peuvent aller dans ce laboratoire. Il y a des techniciens qui sont présents pour les accueillir et pour les occuper, les former, pour revisiter les travaux pratiques. Il est question maintenant que les enseignants eux-mêmes préparent leurs travaux pratiques, même s’ils ont des travaux de recherche à faire. Que cela leur serve de tremplin et de socle. En tant que laboratoire universitaire cela voudrait dire qu’à tout instant, lorsque sur les questions de santé, de recherche de diagnostic, de clarification de phénomène de santé étrange, ce laboratoire est saisi, il doit pleinement assumer sa fonction de laboratoire universitaire de travaux pratiques, mais aussi de recherche.

Propos recueillis par Jean-Luc EZIN

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