De nombreux paramètres entrent en ligne de compte dans le processus d’apprentissage des apprenants. L’acquisition des connaissances dépend aussi de la qualité des infrastructures dont disposent les écoles et universités. Malgré les efforts et réformes menés dans le système éducatif béninois, force est de constater que les infrastructures et mobiliers, dans bien des écoles et universités, sont dans un état de dégradation avancé ou sont inadaptés. Educ’Action, toujours dans sa mission d’accompagner le système éducatif béninois et africain, fait la part belle, ce mois-ci, à l’état des infrastructures et mobiliers scolaires et universitaires. Bienvenu dans ce premier numéro consacré au constat de terrain dans nos différents écoles, collèges et universités. Lisez plutôt !
Le système éducatif béninois comprend les sous-secteurs primaire, secondaire et supérieur. Et c’est en raison de cela, que les reporters de Educ’Action ont mis le cap sur l’Ecole Primaire Publique Aïmevo située dans l’arrondissement de Godomey, commune d’Abomey-Calavi. Il est 17 heures ce jeudi 24 février 2022. Les reporters de Educ’Action ont foulé le sol de l’Ecole Primaire Publique, située dans la circonscription scolaire de Abomey-Calavi II. Ce sont les congés de détente, pas de présence d’apprenants ni d’enseignants. Les deux salles de classe de cette école, sont fermées. Il s’agit du cours d’Initiation (CI) et du Cours Préparatoire (CP). Les salles de classe construites à base de claie et couvertes par une toiture en tôles, ne disposent pas de lampes électriques. Accessible à tous les riverains du quartier, cette école relevant du giron de l’Etat est sans clôture. Aux alentours de l’école, on observe des herbes sauvages, exposant ainsi les acteurs à de nombreux risques. En face de la cour de cette école, se trouve un dépotoir d’ordures. Lequel dépotoir est fréquenté par les agents de la Société de Gestion des Déchets et de la Salubrité Urbaine du Grand Nokoué SA (SGDS-GN SA). Ici, une partie de la cour est occupée par des déchets de tout genre. « Nous versons les ordures dans le conteneur en face ici. Après les collègues passent le pour vider. Il faut dire que nous profitons des congés des enfants pour mieux faire notre travail », lâche un agent de la SGDS-GN SA.
En effet, l’EPP Aïmevo n’est pas le seul établissement dont la clôture inexistante compromet la sécurité des apprenants. Un tour dans les Collèges d’Enseignement Général (CEG) en donne plus que confirmation.
Des classes en attente de finition au CEG 3 Abomey-Calavi
Cour déserte au milieu d’un silence total. C’est le visage que présente le CEG 3 Abomey-Calavi cette matinée du mercredi 23 février 2022. Vous l’aurez compris, c’est aussi les congés dans cet établissement situé en quasi zone rurale, à quelques encablures de la Mairie d’Abomey-Calavi. Avec sa clôture en tôles et en branches par endroits, l’établissement offre un visage peu reluisant pour un espace d’acquisition du savoir. La qualité de ce premier rempart de sécurité de l’infrastructure éducative en dit long sur le sentiment de sécurité des usagers de l’établissement qui accueille seulement des apprenants du 1er cycle. Mieux encore, cette clôture en matériaux précaires couvre juste une façade de l’établissement. La deuxième façade de la clôture donne accès au terrain de sport et est grandement ouverte. Une fois à l’intérieur, c’est cinq bâtiments, dont deux en attente de finition, qui vous accueillent.
Non crépis, ces deux bâtiments abritent cinq (05) salles de classes. Sols crevassés, charpente ouverte et recouverte de tôles, tables-bancs bien rangées, les salles de classes sans portes, les bâtiments offrent un spectacle peu commode. Pour ce qui concerne les persiennes, elles sont inexistantes mis à part celles qui composent le mur extérieur de l’établissement. Les tableaux, quant à eux perdent progressivement leur couleur noire. C’est presque le même constat dans la salle des professeurs qui, par contre, est dotée de persiennes en matériaux définitifs mais n’a pas de portes d’accès.
Infrastructures endommagées aux CEG1 Godomey et CEG Le Nokoué
En plein cœur de Godomey, en bordure de la voie inter-état Cotonou-Lomé, se situe le Collège d’Enseignement Général (CEG) 1 Godomey. Il est 10 heures passées de quelques minutes ce mercredi 23 février 2022. Ici, c’est un concert de bruits d’engins de toute sorte qui se fait entendre, contrairement aux autres fois où ces bruits sont mélangés au tohu-bohu des apprenants. Dans cet espace éducatif, la présence de quelques rares apprenants se fait observer. Certains élèves des classes d’examens y sont pour les cours de rattrapage, tandis que d’autres y sont pour écouter le maître-cuisinier sollicité pour occuper les apprenants pendant les périodes de congés.
Ce qui justifie cette fois-ci la présence de l’équipe de Educ’Action sur ces lieux, ce sont les infrastructures qui accueillent les apprenants. Plusieurs bâtiments sont érigés sur ce grand domaine. Certains possèdent à la fois des escaliers et des rampes, et d’autres, des escaliers sans rampes. En ce qui concerne la forme de ces salles de classes, on y voit des classes qui sont bien vastes pendant que d’autres constructions, un peu plus vieilles, sont plus ou moins étroites. Au nombre des salles de classes visiblement récentes, des fenêtres sont grandes ouvertes à l’arrière, ce qui donne aux élèves la possibilité d’avoir accès à l’extérieur du bâtiment. « C’est vrai que quand nous sommes en classe, nous avons nos regards sur ce qui se passe au dehors surtout avec les bonnes dames. Parfois, certains s’amusent à commander du repas par ces fenêtres ouvertes, et les bonnes dames ou les plus petits les leur apportent », a confié un petit groupe d’apprenants. Pendant que ces fenêtres sont ainsi, le sol de ces classes est non-terrassé. Cela soulève de la poussière à en croire certains apprenants. « Le sol dans cet état, nous fait soulever de la poussière. Mais tout dépend de la manière dont l’élève marche. Il y a d’autres qui ont les pieds sales après les cours. Moi, je m’arrange pour que mes pieds soient toujours propres », a laissé entendre un jeune garçon de la classe de 3e dont les pieds sont sans poussières. Pour pallier le manque d’infrastructures dans cette école, des salles de classes sont érigées en matériaux précaires sur un sol sablonneux pour recevoir des apprenants.
Un peu plus loin, au CEG le Nokoué, le constat semble le même. La multiplicité des feuilles tombées des divers arbres au sol renseigne à suffisance sur l’absence des apprenants en cette période. Les feuilles de colas occupent bien l’espace en attendant le retour des apprenants. Rares sont les bureaux ouverts dans le bloc administratif. Un tour dans cette école aura permis de remarquer que derrière ces salles de classes bien construites se cachent d’autres salles érigées en matériaux précaires. Ce sont des tôles soutenues par quelques bois, qui constituent des salles de cours. Des fenêtres et portes endommagées par endroits ; des salles sans lampes ou avec des lampes grillées ; des tables et bancs en mauvais états mais utilisés par les élèves dans les classes ; des tableaux au fond noir ou vert. Ce sont autant de choses qui ont attiré l’attention de l’équipe de Educ’Action et qui soulèvent le problème de la qualité des infrastructures en milieu scolaire.
Des établissements publics d’enseignement général, les reporters du journal spécialiste des questions éducatives ont franchi le portail de l’Université d’Abomey-Calavi. Là aussi, dans ce haut lieu du savoir, nombre d’infrastructures végètent dans un état de dégradation, rendant l’apprentissage peu reluisant aux étudiants.
Tables et bancs cassés soutenus par des briques, hautsparleurs hors-d’usage dans l’amphithéâtre A500
Nous sommes dans l’enceinte de l’Université d’Abomey-Calavi, autrefois Université Nationale du Bénin (UNB). Les réformes engagées pour la rénovation de ce haut lieu du savoir se font de plus en plus visibles à la satisfaction de plus d’un. Sur le plan de l’aménagement, la communauté universitaire s’est vu offrir un accès facile aux bâtiments situés dans la zone de la FASEG et de l’ENAM grâce à une nouvelle voie pavée menant au petit portail de Zogbadjè pour le bonheur de tous. A quelques mètres de cette voie en provenance de l’ENAM on peut percevoir deux amphithéâtres érigés sur l’aile gauche. Il s’agit des amphis A 500 et B 500 dont les couleurs ternies par le soleil et la pluie témoignent de leur ancienneté.
L’amphithéâtre B 500 est hors d’accès car occupé par des étudiants qui suivent minutieusement le cours qui leur est dispensé par leur professeur. Du côté de l’amphi jumelle A 500 par contre, l’accès est libre. A peine entré, les premiers sièges nous accueillent. Dans la première rangée, des briques posées ça et là en dessous des sièges servent de support, une bonne dizaine de sièges cassés et trainant à même le sol. Plus loin, en montant les escaliers en direction de la deuxième porte de cet amphi, c’est une autre scène effarante et saisissante qui capte l’attention. Sur deux rangées consécutives, une bonne partie des tables qui font office de support pour écrire est totalement absente. Par-
ci et par-là, dans toute la salle, les mobiliers végètent dans un état de dégradation avancée. D’autres matériels pédagogiques sont aussi, hors d’usage. En témoigne les deux (02) hauts-parleurs placés aux deux extrémités de la salle qui peinent à être utilisés malgré leur rôle prépondérant dans les interactions pédagogiques. Pour ce qui est des ampoules, le résultat est satisfaisant à l’exception des deux prévues pour éclairer le tableau dont une seule est fonctionnelle.
Une multitude de mobiliers hors-d’usage en salles E1 et E2
L’amphithéâtre A 500 n’est pas le seul dont les infrastructures se détériorent et qui rendent la vie diffile à la communauté universitaire. A quelques mètres de l’amphithéâtre UEMOA, non loin de l’amphi Idriss Deby Itno, le bâtiment E rénové et peint aux couleurs éclatantes rose et belge donnerait presque envie de s’y installer dans l’objectif d’apprendre. Cependant, la réalité est toute autre. Au rez-de-chaussée, dans la salle E2, le constat est surprenant. Des sièges totalement détachés des tables sont disposés juste à l’entrée sur des briques et sans aucun support convenable pour écrire. Un peu plus loin, des bancs trainent à même le sol, des tables sont totalement dépiécées. En salle E1, les tables et bancs, malgré leur beauté, semblent ne pas servir à la majorité des étudiants. Les tables et bancs sont dessus-dessous, pas moins d’une vingtaine, les uns couchés sur les autres, sans oublier des pavés placés ça et là en guise de support. D’autres mobiliers totalement dépiécés ont été enlevés de leur emplacement et positionnés au fond de la salle.
Insuffisance de matériels d’aération, de sonorisation et de mobiliers dans les amphithéâtres B1000 et PIP2000
Dans la soirée de ce 23 février 2022, l’amphi B 1000 de l’Université d’Abomey-Calavi est plein à craquer et accueille des étudiants qui ont pu se trouver une place pour s’asseoir et suivre les cours avec quelques centimètres de distance les uns des autres. Ces derniers, suivent les cours dans la chaleur, faute de matériels suffisants d’aération. Certains sièges sont hors-usage, alors des étudiants s’accrochent aux murs pour suivre le cours depuis les fenêtres. Tout juste à côté de l’amphi B1000, se trouve l’amphi PIP 2000. Ici, en dehors du matériel de sonorisation qui fait aussi défaut, il faut ajouter le mobilier pouvant permettre aux étudiants de s’asseoir. Les fenêtres n’étant pas aussi grandes et ouvertes, les quelques ventilateurs installés n’arrivent pas à faire grand-chose face à la chaleur qui règne. Résultat, d’autres étudiants sont obligés de suivre les cours depuis les portes ou fenêtres de l’amphithéâtre.
La suite de cette série de publications sera consacrée aux textes et lois qui encadrent les infrastructures en milieu scolaire et universitaire.
La Rédaction