C’est désormais connu de tous qu’au Bénin, les établissements scolaires privés coulent à flot. Telles des mouches sur des tas d’immondices, ils poussent de façon vertigineuse aussi bien dans les quartiers de ville que dans les campagnes. A l’approche de chaque rentrée scolaire, c’est un dilemme pour bien des parents d’élèves qui ne veulent plus inscrire leurs progénitures dans les établissements publics. Car, les écoles et collèges privés, il y en a de trop. Parmi ces géniteurs, on retrouve parfois des enseignants qui sont quand même en fonction dans les établissements publics. Ceux- ci fuient leur propre école ou collège pour inscrire leurs enfants dans les entreprises éducatives créées par de simples individus. Approchés, certains parmi eux qui ont opté pour ce choix se justifient. Alain Hounyo est un professeur d’instruction civique. Aujourd’hui chef service de l’information et de la communication à l’Institut National pour la Formation et la Recherche en Education (INFRE), il pense que c’est le contexte actuel qui amène à ces genres de comportements. Selon lui, les établissements publics ont du mal, d’une part à maitriser les programmes d’étude et d’autre part sont esclaves de ces programmes. Or ce n’est pas le cas des établissements privés.
M. Alain Hounyo indique que ces écoles et collèges sont comme des entreprises où il y a une obligation de résultats. « Tous ceux qui sont engagés dans cette entreprise se doivent de produire des résultats contrairement aux structures étatiques où résultats ou pas résultats le salaire tombe », affirme-t-il. A l’en croire, les établissements privés ont une certaine ouverture dans l’utilisation de la pédagogie au point où on n’est pas exclusivement confiné dans l’approche qui est en vogue dans le système éducatif du pays. De son côté, le professeur certifié de français, Amadou Sanni Sikirou déclare : « On constate que beaucoup de parents d’élèves même des professeurs, agents permanents de l’Etat payés par le budget national préfèrent envoyer leurs enfants dans les écoles privées plutôt que de les mettre dans le public là où ils sont.
Je crois qu’en analysant la situation, il y a lieu d’être inquiet. La raison est toute simple. Les professeurs qui interviennent dans les privés ne tombent pas du ciel. Pendant que les professeurs qui sont dans le public travaillent au minimum, dans les privés, ils donnent le maximum d’eux. Dans le privé, le professeur est évalué sur la base de ses rendements. Lorsque le rendement n’est pas ce qu’il faut, le fondateur du privé est en droit de le remercier l’année qui suit. Nous n’avons pas ce type d’exigence, ce type de contrôle dans le public. Chacun vient, il fait le minimum et il s’en va. Et dans ce cas, il est évident qu’on n’ait pas de bons résultats. Je crois que c’est la raison fondamentale. »
Quel sort alors pour les établissements publics ?
Après un regard analytique sur la situation des établissements privés au Bénin, on se demande alors le sort réservé aux établissements publics dans les prochaines années. Ce n’est pas un secret que pour envoyer un enfant dans une école ou collège privé, il faut avoir une situation pécuniaire équilibrée voire stable. Alors, tout le monde n’est pas appelé à y mettre son enfant. Mais lorsqu’on constate que ce sont les animateurs du public (enseignants APE et contractuels de l’Etat) qui enlèvent leurs enfants de leur propre collège pour les placer dans les privés, on se pose mille et une questions. Ne se font-il plus confiance ? Quand tous les enseignants en service dans les établissements publics et les quelques – uns des parents d’élèves qui ont encore leurs enfants dans les établissements installés par l’Etat auront les moyens d’inscrire eux- aussi leurs enfants dans les privés, que restera-t-il dans les publics ? A notre avis, les infrastructures car tout le monde aurait déjà fui le mauvais rendement des publics. Alors, il s’avère impérieux pour les autorités en charge de l’éducation d’arborer leur robe de rigueur, de vigueur et d’optimisme pour se mettre aux pas. Ceci afin de reprendre les enfants qui sont les leurs.
Cader E. Gbétablé (Ouémé/Plateau)