Nous sommes toutes et tous d’accord que c’est le principe de la logique qui doit guider notre vie. L’éducation que nous donnons à nos enfants, à la maison et à l’école se fonde sur ce principe que, nous ne devions pas et nous ne pouvions pas, soutenir ou faire quelque chose et son contraire. C’est insensé car, cela traduit de l’inconstance psychologique et morale. Ainsi comment tenir de Dieu et Satan à la fois ; être démocrate et soutenir la dictature ou encore être légaliste et soutenir la polygamie interdite.
Pourtant, vous ne pouvez pas vous douter à quel point les hommes aiment et vivent avec des sentiments autant que des raisonnements et des actions aux antipodes de ceux qu’ils prônent. Ainsi, en tant qu’individu, on se rend compte que plusieurs logiques nous animent. Pour cela, nous nous faisons le champion de la morale et de la piété. En même temps, nous savourons les amours incestueuses avec les pires bassesses qui consistent à avilir nos semblables au nom de certaines ambitions ou prétentions professionnelles. Nous sommes prêts à piétiner tous ceux qui sont devant nous et le dimanche suivant aller chanter à la messe et recevoir la communion.
D’aucuns expliqueront cela par des pulsions ou sentiments incontrôlables que le diable a introduits en nous pour casser nos principes douteux ! Je me souviens d’un de mes cousins qui avait ce talent rare de nous convaincre que le raisonnement mathématique ou scientifique déterminait celui moral, de telle façon qu’en suivant les règles de la science, vous ne pouviez que bien conduire votre vie. C’était un coach né et je ne me lassais pas de l’écouter. Il était tellement convaincant que quand il mourut, je me désolais de perdre un homme de cette qualité et fus l’un des premiers à me rendre chez lui. Et c’est pour malheureusement, assister au spectacle de quatre femmes et d’une ribambelle d’enfants qui se réclamaient de lui et se retenaient visiblement pour ne pas s’écharper.
Même la société peut vous amener à vous retrouver dans une logique contradictoire. Ainsi, vers la fin de sa vie, mon dernier grand-oncle s’est retrouvé seul dans une grande maison. A un certain moment, son unique femme était devenue aussi impotente que lui. Les indispositions de la vieillesse ne leur permettaient plus de se lever et vaquer aux occupations les plus simples. Les parents du village envoyèrent une délégation chez lui et diagnostiquèrent le mal. Il lui fallait une jeune épouse pendant ces vieux jours ; ceci n’est nullement pour présenter un rapport de performance ou encore réaliser ce que les gens vulgaires appelaient « se refaire le sang ». Non, il fallait en ce moment, une personne jeune et vigoureuse pour vous aider à vous lever, à manger et aller aux toilettes. Ceci, la tradition, approuve, mais les femmes leaders et émancipées réprouvent. Mon grand oncle est mort et sa femme, dragon infranchissable qui a fait fuir petits et grands et qui n’arrivait même pas à garder une bonne pendant une semaine l’a suivi peu après. Pour ne pas polémiquer, je pense que c’est elle qui n’avait jamais eu tort car, il y a des raisons totalitaires qu’on ne discute pas.
L’une de ces logiques contradictoires qui nous crée encore plus de problèmes, c’est celle observée surtout dans les milieux sociopolitiques des pays en développement. C’est connu : la meilleure solution pour se maintenir au pouvoir, c’est éliminer l’opposition en lui fermant toutes les possibilités de mobilisation de financement en interne et affaiblir le peuple en l’affamant car celui qui cherche son seul repas quotidien n’a pas le temps de se consacrer aux luttes pour l’obtention du pouvoir. Ainsi, en partant d’un désir sincère de développer leur pays, plusieurs leaders politiques, après avoir expérimenté et hautement apprécié les délices du pouvoir, se retrouvent avec un seul objectif : se maintenir. Alors, il n’y a qu’une seule solution : chasser et/ou appauvrir l’opposition et rendre le peuple misérable matériellement, moralement et psychologiquement. C’est ce que Karl Marx appelle ‘‘l’aliénation’’. Alors, on se retrouve dans un vaste ‘‘piège sans fin’’ où, autant le grand leader et ses séides que l’opposition soi-disant garant du peuple, sont convaincus que les lendemains vont déchanter.
Maoudi Comlanvi JOHNSON,
Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe