L’année 2023 tire à sa fin. Il convient de faire un bilan sur ce qu’a été l’Enseignement Secondaire, Technique et la Formation Professionnelle (ESTFP). Après un retour, le constat est qu’il manque de projets dans l’Enseignement Secondaire Général (ESG) qui puissent retenir autant l’attention des uns et des autres, contrairement à l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (EFTP).
Le sous-secteur de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (EFTP) a été fortement secoué durant l’année 2023 par diverses institutions dont le Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP) et quelques institutions partenaires. Ceci se justifie par le fait que le Gouvernement attend beaucoup de ce sous-secteur qui est, selon lui, le levier du développement économique et social du Bénin.
En effet, rappelons que le Gouvernement béninois, a fait un diagnostic très peu reluisant sur la situation du pays en matière de formation, d’emploi des jeunes et du développement. Ce diagnostic révèle, entre autres, que les curricula de formation ne sont pas adaptés aux besoins du marché de l’emploi. Les programmes de formations sont désuets, des équipements et matériels didactiques obsolètes, le tout couronné par un manque de formateurs qualifiés. Mieux, les formations données aux apprenants, ne leur permettent pas de s’imposer sur le marché du travail afin d’assurer au pays, une situation économique évolutive. Conséquences, l’on observe un fort taux de chômage et de sous-emploi. Pire, des détenteurs de licences et de masters, retournent dans les ateliers de formation dans le but de se faire une place à l’abri du chômage.
Pour corriger cette situation et anticiper sur le retour des diplômés de l’enseignement secondaire général dans les centres de formation, l’Etat a décidé d’inverser la tendance d’ici l’horizon 2030, en orientant désormais 70% des apprenants dans l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (EFTP) et 30% dans l’Enseignement Secondaire Général (ESG). Cette ambition a fait l’objet de l’élaboration d’une stratégie nationale appelée « Stratégie Nationale de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (SN-EFTP) ». Cela explique donc cet engouement qui a été observé aussi bien du côté du ministre Kouaro Yves Chabi que de ses partenaires pour ce sous-secteur en 2023. Cependant, nous sommes tentés de dire qu’en 2023, l’ESG et l’alphabétisation sont délaissés, que rares sont les activités organisées pour ces sous-secteurs. Du moins, c’est le constat fait après une année d’observation.
L’ADET en action pour l’EFTP
Depuis l’élaboration de la SN-EFTP en 2019, le Bénin ne cesse de s’illustrer dans les autres pays par sa compétence dans le domaine de la formation professionnelle et de l’apprentissage. Il est devenu l’exemple que beaucoup de pays désirent imiter afin de développer le domaine de l’apprentissage en leur sein. Pour preuve, au thème de l’atelier régional sur le renforcement des systèmes d’apprentissage, organisé du 22 au 23 février 2023, le Bénin a été fait « Point focal de l’apprentissage en Afrique ». Ledit atelier a été porté par l’Agence de Développement de l’Enseignement Technique (ADET) avec l’appui technique et financier de l’Agence Française de Développement (AFD), de la Banque mondiale, de la Direction du Développement et de la Coopération Suisse (DDC), du Réseau pour la Politique et de la Coopération Internationales en Education et en Formation (NORRAG) et l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Cet atelier a connu la présence de plus de 200 délégués venus d’au moins 20 pays d’Afrique. A en croire le ministre Kouaro Yves Chabi en charge des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, cet atelier est une opportunité offerte aux pays africains. « La rencontre de Cotonou est une opportunité de partage d’expériences et des connaissances acquises par les uns et les autres et doit permettre à chaque pays participant, de tirer des leçons de ses échecs ou imperfections afin de mieux réformer son système », a-t-il dit.
Comprendre l’apprentissage, comment les institutions informelles et formelles interagissent et évoluent et servent d’incubateurs d’entreprises et de compétences ? Qu’est-ce qui fonctionne et comment ? Ce sont, entre autres, les sujets qui ont meublé le travail de réflexion de ces cadres. Au regard de ses nombreuses expériences dans le domaine, les participants ont désigné le Bénin comme point focal de l’apprentissage dans toute l’Afrique.
Toujours sous l’initiative de l’ADET, un atelier a été consacré à l’analyse de situation de travail de 50 métiers au profit des écoles de métiers dont la construction est annoncée par le Gouvernement béninois, dans le cadre de la mise en œuvre de la SN-EFTP. Cet atelier a permis aux experts sollicités, d’élaborer les curricula qui vont sous-tendre les formations à développer dans ces établissements.
La coopération allemande au chevet du gouvernement béninois à travers le ProFoP
La formation par alternance est l’une des réformes initiées dans l’EFTP et consignée dans la SN-EFTP. Il s’agit d’une formation qui se déroule à la fois dans l’école et en entreprise mais différente des stages professionnels. Cela implique aussi bien le secteur public que le secteur privé. Cette formation est l’un des aspects de la SN-EFTP qui intéressent la coopération allemande. Par le truchement de la GIZ, la coopération allemande s’engage de fait, aux côtés du sous-secteur EFTP.
A cet effet, à travers son projet de Promotion de la Formation Professionnelle au Bénin (ProFoP), elle a, en collaboration avec le Cadre National de Concertation pour la Promotion de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (CNCP-EFTP) organisé, du 15 au 17 février 2023, un atelier sur la « Validation des rôles et responsabilités du secteur privé dans la formation professionnelle ». Présidé par le ministre Kouaro Yves Chabi, à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCIB), cet atelier a permis de situer tous les acteurs du monde professionnel et des entreprises privées, sur les rôles et les responsabilités qui sont les leurs dans la mise en œuvre de la formation par alternance.
De même, le projet ProFoP a appuyé au cours de cette même année 2023, 10 lycées agricoles et professionnels dans la formation duale en dons en équipements dans les domaines de l’agriculture et des énergies renouvelables. D’une valeur totale de 85 300 000 francs CFA, ce lot d’équipements pédagogiques modernes va désormais permettre aux lycées de former et de préparer les jeunes pour le marché de l’emploi. Pour le ministre Kouaro Yves Chabi, le ProFoP est né pour améliorer le cadre institutionnel de l’offre de formation professionnelle formelle au Bénin, tout en prenant en compte les besoins du secteur privé.
Institutions, projets et particuliers accompagnent la SN-EFTP
Toujours dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie voulue par le Gouvernement béninois, des ateliers ont été organisés par des institutions sous tutelle du MESTFP. De même, des coordonnateurs de projets ont organisé divers ateliers pour faire le point du déroulement desdits projets.
C’est le cas de l’atelier consacré à la 1re session du Comité de Pilotage du Projet de Développement de l’Enseignement Technique, de la Formation et de l’Insertion Professionnelle (DEFI-Pro). Organisée le 14 avril 2023, cette session a rendu compte des réalisations faites et celles en cours dans la mise en œuvre dudit projet. On note le démarrage effectif, depuis le 20 février 2023, des travaux de construction et de réhabilitation du lycée technique agricole d’Ina pour un délai contractuel de réalisation de 15 mois ; la formation de 12 cadres de l’INIFRCF à la conduite d’élaboration de curricula de formation selon l’Approche Par les Compétences ; l’élaboration de 4 curricula de formations dans de nouveaux métiers, pour ne citer que ces réalisations.
Des ateliers se sont suivis pour le compte du MESTFP mais ne se ressemblent pas. Un autre a fait place à la Direction de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (DETFP), le 04 juillet 2023. Cette direction a convié les cadres du MESTFP dans l’objectif d’identifier les métiers porteurs de croissance économique. Ceci, en vue d’établir une liste des formations prioritaires dans les pays de l’espace UEMOA et le Tchad.
Par ailleurs, Samuel Koffi Fangnon a initié un atelier au cours duquel il a fait la présentation du projet d’industrialisation du Bénin. Avant tout propos, ce particulier a fait remarquer que malgré que l’Afrique soit le continent le plus riche au monde, ses habitants sont parmi les plus pauvres. C’est pour corriger cet état de chose, qu’il a pensé ce projet. Il entend créer un centre d’excellence en mécanique au Bénin en vue de former 10 000 ingénieurs mécaniques et polytechniciens qui vont créer massivement d’emploi à la jeunesse béninoise.
De même, l’Organisation Mondiale Islamique pour l’Education, la Science et la Culture (ICESCO) et la commission nationale béninoise pour l’UNESCO ont mis la main à la pâte pour accompagner la SN-EFTP. Ceci s’est traduit par le renforcement de capacités de 50 filles des lycées techniques, dans les domaines de la couture, de la broderie, de la gestion et du marketing. Le Projet d’Inclusion des Jeunes (ProdIJ) a lui aussi, fait bénéficier diverses formations aux jeunes vulnérables du Bénin.
La Chine et l’Arabie Saoudite épousent la SN-EFTP et appuient sa mise en œuvre
Le Gouvernement du Bénin a fait de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (EFTP) son leitmotiv. Pour cela, il s’est engagé dans des réformes profondes et structurelles afin de former les jeunes dans les métiers pourvoyeurs. Pour avoir les ressources nécessaires pour la mise en œuvre de cette politique, le ministre Kouaro Yves Chabi accompagné d’une délégation béninoise, a participé du 22 au 27 septembre 2023, au forum international sur la transformation de l’EFTP. Lequel a été organisé par l’Institut Polytechnique de Ningbo en Chine, au profit des pays en voie de développement. En prenant part à cette rencontre internationale, la délégation béninoise a réalisé que la Chine doit la réussite de son système d’Enseignement professionnel à la forte implication des entreprises privées industrielles chinoises au développement et au financement de l’EFTP. Ce forum a été bénéfique au Bénin qui s’en est sorti avec la signature de deux accords de partenariat avec l’institut et ayant pour site d’intervention prioritaire le Lycée Technique d’Amitié Sino-Béninois d’Akassato.
Outre le partenariat avec la Chine, le Bénin obtient 36 milliards de francs CFA de l’Arabie Saoudite, pour la construction des lycées techniques et professionnels. Le ministre Romuald Wadagni, en charge de l’Economie et des finances, a procédé à la signature de deux accords en novembre 2023, avec le Fonds OPEP pour le Développement International (OFID) et le Fonds Saoudien pour le Développement (FSD). Le prêt contracté au niveau du Fonds OPEP s’élève à 25,5 millions de dollars US, soit 14 milliards de francs CFA et est destiné à la construction des lycées techniques et professionnels modernes à Djougou et Ouidah. Par contre, un prêt de 40 millions de dollars US, soit 22 milliards de francs CFA, lie le Bénin au FSD. Ce montant servira à la construction d’une Ecole Normale Supérieure à Parakou et d’un lycée scientifique à Porto-Novo. Ce sont autant d’évènement ayant marqué le sous-secteur EFTP.
L’Enseignement Secondaire Général partiellement impacté
Si l’EFTP a été très dense du point de vue des actions, on ne peut pas dire autant du sous-secteur de l’Enseignement Secondaire Général, quoique, quelques événements ont été marquants.
Le 14 mars 2023, le ministre Kouaro Yves Chabi a pris l’initiative de rencontrer les acteurs à la base de son secteur. Des semaines durant, il a parcouru les 12 départements dans le but de motiver enseignants, inspecteurs, conseillers pédagogiques en vue de l’obtention de bons rendements scolaires au terme de l’année scolaire 2022-2023. Dans chaque département, il les a écoutés et a fait des promesses. Mieux, il les a exhortés, à donner le meilleur d’eux-mêmes malgré tout, pour que les établissements sous sa tutelle puissent s’illustrer au lendemain des compositions. « Je suis persuadé que malgré les difficultés, nous arrivons toujours à surmonter les obstacles lorsque la volonté est au rendez-vous. En ce qui nous concerne, les résultats sont notre performance au niveau des examens de fin d’année. Je voudrais que chacun se donne pour ambition de mieux faire que par le passé », a-t-il exprimé comme vœu.
On est tenté de dire que ce vœu du ministre Chabi a été exaucé si l’on se réfère aux résultats des examens de fin d’année du BEPC et du Baccalauréat 2022-2023.
Les taux de réussite du BEPC et Bac en hausse en comparaison à 2022
Plusieurs examens ont été organisés aussi bien dans l’EFTP que dans l’ESG. Au niveau de l’EFTP, l’examen du Diplôme de Technicien (DT) a enregistré 6 670 candidats répartis dans 15 centres. Ainsi, du 22 au 25 mai 2023, les candidats ont composé en Sciences et Techniques Industrielles, Hôtellerie et Restauration, Tourisme, Enseignements Familial et Social, Sciences et Technique des Métiers d’Art.
En juin, précisément à la date 12, 121 827 candidats ont affronté les épreuves du Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC) dans 213 centres de composition. Pour ce qui concerne le Baccalauréat, 77 653 candidats ont planché dans 136 centres. L’examen du Certificat de Qualification au Métier (CQM) a démarré le 30 octobre 2023. Il a réuni 63 928 candidats de 2021 et 2022 de 145 métiers répartis dans 107 centres. Durant le mois d’octobre toujours, l’examen du Diplôme d’Etudes Agricoles Tropicales (DEAT) a eu lieu avec la participation de 1 848 candidats ayant composé dans 6 spécialités. Il s’agit de la Foresterie, la production animale, la production végétale, la Pêche et aquaculture, l’aménagement et équipement rural, la nutrition et technologie alimentaire.
Pour ce qui concerne les résultats, les taux de réussite du BEPC et du Bac sont en hausse par rapport à 2022. Le BEPC a enregistré un taux de réussite de 69,21% au plan national contre 66,46% en 2022 tandis que le Bac a donné 63,08% de réussite en 2023 contre 59% en 2022.
La rentrée 2023-2024 débute avec des polémiques
La rentrée scolaire 2023-2024 a été effective sous le regard des trois ministres des trois ordres de l’enseignement. Le lancement officiel a eu lieu, le lundi 18 septembre 2023, dans l’école primaire publique de Donoukin dans le 2e arrondissement de Porto-Novo. A peine l’année démarrée, que des polémiques ont surgi de part et d’autres.
Tout est parti des réseaux sociaux sur lesquels certains acteurs ont alerté sur l’introduction de l’homosexualité dans les programmes du secondaire. La toile s’est davantage enflammée à propos de la question de la situation des Aspirants au métier d’enseignant d’une part et l’appel du ministre Chabi aux enseignants en retraite, faute d’enseignants qualifiés, d’autre part. Mais à chaque situation, les acteurs concernés ainsi que le ministre sont montés au créneau pour clarifier et apaiser l’opinion publique.
Pour pallier le manque d’enseignants, le ministre a procédé au déploiement de 754 autres enseignants en date du 17 novembre 2023. Autres informations, on note l’exploit des apprenants du CEG Sainte Rita à l’issue du tournoi UFOA-B, scolaire 2023.
Le ministre Chabi présente un budget de plus de 199 milliards
Pour l’exercice 2024 de son ministère, le ministre Kouaro Yves Chabi a défendu avec succès, un budget de 199 120 328 000 devant les parlementaires à Porto-Novo. C’était le vendredi 24 novembre 2023. Ce montant lui permettra d’apporter des réponses pertinentes à l’accès, la qualité de l’offre de formation et l’efficacité aussi bien externe qu’interne du sous-secteur des ESTFP, à travers des actions prioritaires et urgentes.
Les sous-secteurs ESG et Alphabétisation semblent avoir souffert d’événements au cours de l’année 2023 et méritent qu’on s’y penche à travers de vrais projets à exécuter à leur profit. L’année 2024 nous l’espérons, porteront des fruits pour ces deux sous-secteurs.
Estelle DJIGRI