René Mathias Akakpo à propos du développement de l’EFTP au Bénin : « L’engagement de tout un chacun peut permettre de réussir ces réformes »

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Après de longues années au service de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (EFTP), René Mathias Akakpo a passé le témoin pour enfin profiter de sa retraite. Au sortir de la cérémonie de passation de charge, le lundi 11 décembre 2023, le désormais ex-conseiller technique s’est confié à Educ’Action. Interview

Educ’Action : M. Akakpo, rappelez-nous votre parcours professionnel, s’il vous plaît ?

René Mathias Akakpo : Je voudrais tout d’abord remercier très sincèrement le Groupe Educ’Action qui m’a toujours accompagné de façon spontanée sans en espérer une contrepartie quelconque et qui ce jour encore est présent avec une forte équipe.
Revenant à votre question, je vous dirai que j’ai exercé à divers postes de responsabilités dans la Fonction Publique. Entre autres, j’ai été professeur de Génie mécanique à l’Ecole Normale Intégrée (ENI) de Lokossa de 1987 à 1990, puis à l’ex-CPU de 1990 à 1994. J’ai occupé le poste de censeur du Lycée Technique de Bohicon de 1996 à 2000. J’ai dirigé la Direction des Examens et Concours de l’EFTP de 2002 à 2005. J’ai été directeur de la Famille de 2006 à 2008. De 2013 à 2015, j’ai été à la tête de la Direction de l’Enseignement Technique. Et pour finir, j’ai joué le rôle de conseiller technique à l’Enseignement et la Formation Technique et Professionnelle auprès de plusieurs ministres en charge de la Formation Technique et Professionnelle, pendant plus de 5 ans.

En tant qu’acteur très actif et conseiller technique au niveau de l’EFTP, quel état des lieux pouvez-vous faire de ce sous-secteur aujourd’hui ?

Le diagnostic du sous-secteur de l’EFTP qui a précédé l’élaboration de la Stratégie Nationale de l’EFTP ( SN-EFTP, 2020-2030), voulue par le chef de l’Etat, Patrice Talon et son Gouvernement avait révélé une situation catastrophique marquée, entre autres, par des programmes de formation désuets, des équipements et matériels didactiques obsolètes et un manque de formateurs qualifiés. Il faudra encore du temps et de l’engagement de la part des acteurs pour que la mise en œuvre de la SN-EFTP favorise la concrétisation des réformes engagées pour le sous-secteur avec les ressources importantes mobilisées suite à la détermination du président Patrice Talon. Ce dernier qui a voulu lancer l’industrialisation de notre pays avec des ressources humaines qualifiées bien compétentes. Cela permettra de réduire le chômage et le sous-emploi des jeunes.
Comme nous le constatons aujourd’hui, la plupart des familles se trouvent obligées de supporter non seulement les nombreux diplômés sans emploi, mais également leurs progénitures.
Par ailleurs, un autre drame se joue aujourd’hui, des titulaires de licences ou de Master retournent en atelier de coiffure ou de couture. Alors à quoi ont servi les formations financées par l’Etat et les ménages, les investissements des parents jusqu’à ce niveau de certification ? C’est vraiment douloureux quand on y pense. L’EFTP est encore là où il est aujourd’hui parce que nous manquons d’ambition, de solidarité et de patriotisme.

Aujourd’hui, l’Etat se donne les moyens pour changer la donne. Pensez-vous que cela soit possible ?

Le développement de notre pays passera aussi par le développement de la formation technique et professionnelle. Dans ce sous-secteur, il y a eu beaucoup d’initiatives de réformes mais c’est la première fois qu’il y a eu une volonté politique pour accompagner une stratégie de l’EFTP avec la participation des acteurs du public et du privé. Le succès dépendra également de l’engagement effectif de tous les acteurs.

Face à ces défis, qu’attendez-vous de la part de votre successeur ?

Celui qui vient de me remplacer, c’est lui qui m’avait remplacé à la Direction de l’Enseignement et la Formation Technique et Professionnelle. Donc, il connait assez bien le système mais c’est une synergie qu’il faut rechercher pour que tous les acteurs puissent contribuer effectivement à utiliser les moyens qui sont à notre disposition aujourd’hui pour faire du concret pour la jeunesse. Au-delà de l’ambition, de la vision du chef de l’Etat, de sa détermination en nous aidant à mobiliser les ressources, l’engagement de tout un chacun peut permettre de réussir ces réformes.

Maintenant que vous êtes pleinement à la retraite, qu’est-ce qui va désormais occuper vos jours ?

Pleinement à la retraite oui mais que je le veuille ou non, la formation technique et professionnelle va toujours occuper une bonne partie de mes heures de repos et de retraite, c’est une évidence. Je profite encore de cette opportunité pour vous féliciter et vous dire encore merci pour cet accompagnement inestimable. C’est un privilège pour moi d’avoir connu le Groupe EducAction.

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Propos recueillis par Estelle DJIGRI

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