Réussite scolaire des tout-petits : Le préscolaire : une option éducative en débats

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Le préscolaire ou la maternelle est, de plus en plus, prisé par les parents d’élèves. Une option éducative qui, de l’avis de certains géniteurs, participe de l’éveil du jeune apprenant. D’autres également s’en passent pour son caractère onéreux et les contraintes qu’elle (option) impose. Educ’Action, spécialiste des questions éducatives, s’y est penché dans ce papier de terrain.

Mardi 30 mars 2021. Nous sommes dans l’un des quartiers de Akpakpa, dans le 4ième arrondissement de la ville capitale, Cotonou. Le sol est bien sablonneux par ici, dans cette enceinte éducative : l’Ecole Maternelle Publique de Gbèdjèwin, non loin de la place Lénine. Rien ne se perd, tout se transforme via des techniques de recyclage. Les verres en plastiques jetés dans la nature retrouvent une seconde vie : des jouets téléphoniques qui amusent les tout-petits. Idem pour les papiers usés qui sont transformés en colliers ou objets décoratifs. Des espaces de jeux sont aussi aménagés pour le plaisir des enfants. Toboggans, balançoires, chaises roulantes, pneus… tout y est pour arracher le sourire aux enfants.
Pas trop loin, se dresse un autre espace réservé aux activités sportives. Arborant des uniformes de couleurs verte, jaune, rouge et bleue selon les groupes, et sous le contrôle des animateurs, les jeunes apprenants se livrent aux activités sportives. Plus en retrait, des voix fines et tremblantes d’enfants innocents reprennent en chœur des chansons classiques. Ailleurs, dans un autre espace décoré à l’aide de guirlandes en papiers, de petits coins sont réservés pour la distraction. On dénombre : le coin cuisine, le coin hôpital, le coin vente de divers articles, le coin coiffure, etc. Chacun des coins correspond donc à une activité dédiée à laquelle s’adonnent les enfants.
A l’instar de cette école maternelle du secteur public, le Bénin regorge des centaines, des milliers pour la prise en charge et l’encadrement des enfants d’âge inférieur à cinq (05) ans. Des parents éclairés, ambitieux ou fonctionnaires n’hésitent pas à y inscrire leurs enfants. D’autres, à raison, réfutent cette option éducative, indexant le caractère onéreux du préscolaire. Et pourtant, de l’avis des spécialistes, la maternelle reste un passage obligé pour la réussite scolaire des tout-petits.

La maternelle, un passage obligé

Pélagie Yanclo est la directrice de l’Ecole Maternelle Publique Gbèdjèwin. De son analyse, l’école maternelle est une institution scolaire qui accueille les enfants de deux (02) ans et demi à cinq (05) ans, pour leur initiation à l’école. Elle est organisée, en République du Bénin, en petite et grande sections selon l’âge de l’enfant. S’agissant de son importance dans la réussite scolaire de l’enfant, Claudine Dossou, maîtresse à la maternelle, section des grands, indique que « la maternelle est un passage obligé pour les enfants parce que cela prépare l’enfant à affronter les réalités des classes du primaire ».
La maternelle est très importante, va marteler la directrice, Pélagie Yanclo. « Un enfant d’âge préscolaire doit fréquenter une école maternelle parce que c’est le cadre idéal, le cadre le plus indiqué pour l’amener, l’aider à se libérer des handicaps psychologiques tels que l’égocentrisme, le syncrétisme, l’animisme qui l’empêchent de comprendre et d’appréhender le monde dans lequel il vit afin de mener des raisonnements logiques », fait-elle savoir.
La psychopédagogue de l’orientation scolaire et professionnelle, Zénabou Boukari, va préciser qu’il est nécessaire pour un enfant de passer par cette étape. « L’école maternelle est importante parce qu’elle permet à l’enfant de construire ses premières expériences scolaires. Elle prépare l’enfant à l’acquisition d’une nouvelle langue outre que celle maternelle », explique-t-elle. Cette importance révélée des classes de la maternelle serait due à sa mission capitale de construction de l’être humain qu’est l’enfant.

Quid du développement de l’enfant

En matière de développement personnel, les classes de la maternelle sont des cadres où le tout-petit apprend à se détacher progressivement de ses parents, tout en gagnant un plus dans ses connaissances. C’est d’ailleurs la mission dévolue aux écoles maternelles dès leur création, informe la directrice de l’Ecole Maternelle Publique Gbèdjèwin. « L’école maternelle a pour mission d’aider l’enfant à avoir le goût d’aller à l’école, de l’aider à quitter l’attachement qu’il a déjà pour ses parents et à s’intégrer au groupe pour vivre ensemble avec ses pairs afin de développer son langage oral », précise Pélagie Yanclo, renseignant qu’à cette étape, « l’enfant de cet âge va découvrir l’écrit. Ensemble avec ses amis, ils réfléchissent et ils s’exercent à résoudre de petits problèmes par diverses manipulations. Toutes ces manipulations stimulent, éveillent et développent le potentiel latent chez l’enfant dans le domaine de la santé, du mouvement, de l’expression de sentiment et d’émotion, les domaines de vie sociale. »

Apport de la maternelle aux plans pédagogique, social et physiologique

A propos, Zénabou Boukari va apporter d’autres précisions sur la classe de la maternelle. Psychopédagogue de l’orientation scolaire et professionnelle, puis directrice du Centre d’Assistance et de Conseil en Education (CACE) Ste Louise de Siméon à Abomey-Calavi, elle détaille que la maternelle profite bien à l’enfant aussi bien sur les plans pédagogique, social et physiologique. La maternelle, à l’en croire, est le socle éducatif et pédagogique sur lequel s’appuient et se développent les apprentissages qui seront systématisés à l’école primaire. De même, sur le plan social, elle permet à l’enfant d’interagir avec ses pairs même si dès le début, il craint les autres enfants. Elle permet d’obéir à une autorité, le maître ou la maîtresse et lui permet également de s’orienter. Sur le plan physiologique, l’enfant arrive à faire la différence entre la gauche et la droite. A cet effet, la directrice de l’Ecole Maternelle Gbèdjèwin fait part des outils qui entrent en ligne de compte dans l’éducation des tout-petits.

Les jeux comme moyens d’apprentissage

« L’école Maternelle est là pour accompagner les parents dans leur rôle d’éducateur parce que déjà de zéro (00) à six (06) ans, 80% de ce qui constitue le développement du cerveau est déjà effectif et les études l’ont prouvé », a informé la directrice de l’Ecole Maternelle Publique Gbèdjèwin avant de préciser : « à la maternelle, l’enfant apprend tout en jouant. Ce sont les jeux qui sont priorisés dans l’apprentissage. Les activités que nous menons ici, le sont dans le sens d’aider l’enfant à développer tout son potentiel latent dans cinq (05) domaines ». Cette étape de la vie scolaire de l’enfant lui donne des avantages dont ne bénéficie pas l’enfant privé de la maternelle.

Des avantages pour les enfants ayant fait la maternelle

« Si l’enfant a bien fait la maternelle, les enseignants qui vont le garder au cours primaire n’auront pas trop de difficultés à l’encadrer dans ses apprentissages. Lorsque l’enfant suit bien la communication orale ici, arrivé là-bas, il s’exprime aisément. Nous faisons presque toutes les formes géométriques : triangle, rectangle et il connaît tout cela avant d’aller au cours primaire », a précisé Claudine Dossou, animatrice à la section des grands. « Exactement ! », répond la directrice Pélagie Yanclo qui explique que l’enfant qui a fait la maternelle aura des réflexes que celui qui ne l’a pas faite, ne pourra avoir dans certains domaines. Selon elle, l’enfant qui a fait la maternelle acquiert des réflexes de la santé contrairement à l’enfant qui n’a pas fait la maternelle. Du point de vue des activités d’éducation : le mouvement, le bien-être physique et le développement psychomoteur, l’enfant peut facilement, dans des situations de jeux, faire des mouvements simples d’adaptation de son corps. « Si nous prenons le domaine des activités de la réflexion, des attitudes cognitives et intellectuelles, l’enfant de la maternelle sait déjà comment tenir un livre, le sens de la lecture, les notions préliminaires en mathématiques, la pré-écriture. De même, quand on prend l’ardoise, l’enfant de la maternelle sait que c’est avec la craie qu’on doit écrire là-dessus. Quand je prends le domaine de la gestion des sentiments et des émotions, on amène l’enfant à contrôler ses sentiments de joie, de peur, de tristesse », a-t-elle expliqué.
Même son de cloche chez Zénabou Boukari, qui estime que l’enfant ayant fait la maternelle a de la facilité à tenir un stylo, le crayon à travers le gribouillage ; il a une représentation des formes et est habitué aux allers-retours de l’école. De même, poursuit-elle, la socialisation est acquise contrairement à l’enfant qui n’a pas mis les pieds à la maternelle. Bien qu’elle soit indispensable pour la réussite de l’enfant, la maternelle présente cependant des conséquences, de l’avis de la spécialiste de l’éducation.

Des conséquences de l’école maternelle pour l’enfant

De l’avis de Zénabou Boukari qui gère un centre pour enfants, la maternelle, malgré son importance, peut avoir des conséquences sur l’enfant si son contact avec l’école est précoce. Se référant aux réalités qu’elle vit dans son centre qui s’occupe des enfants, elle indique que la séparation de l’enfant d’avec sa mère est parfois précoce à cause des raisons professionnelles ; ce qui pourrait priver l’enfant de la chaleur affective et maternelle. Elle explique également que la maternelle telle que conçue au Bénin, n’est pas adaptée aux réalités du pays. « C’est un système où l’enfant quitte son cercle familial avec une langue maternelle différente de la langue dans laquelle on veut l’encadrer. Il y a une rupture brusque à ce niveau », a-t-elle martelé. Elle ajoute que dans ces conditions, l’enfant aura des difficultés à exprimer ses besoins à la maîtresse.
L’autre conséquence relevée par la spécialiste est liée à la méconnaissance du métier par les encadreurs. « Les encadreurs ont nécessairement une formation pour la maternelle, mais ce ne sont pas des gens qui ont fait la psychologie ou les sciences de l’éducation pour avoir une idée de ce qu’est un enfant. Ils doivent être des gens qui savent s’exprimer dans la langue des enfants et cela peut bien permettre l’intégration facile à ces derniers », a-t-elle informé. Aussi, déplore-t-elle, l’excès d’exercices soumis aux enfants parce que, dit-elle, cela pourrait entraîner la fatigue dans le rang des tout-petits. « Vous voyez des enfants de la maternelle à qui on donne des exercices de deux à trois pages. Il y a de quoi que cet enfant soit fatigué et développe une répugnance vis-à-vis de l’école. L’enfant qui a fait la prématernelle, la maternelle 1 et 2, arrivé au CI, est fatigué. Cela veut dire que le premier contact avec le savoir ne s’est pas bien passé. Du coup, l’enfant de CI est déjà fatigué et a du dégoût pour écrire », a déploré la spécialiste. Face ce constat, les acteurs de l’école sont invités à harmoniser les curricula de formation et à créer les conditions d’une bonne formation des enseignants de la maternelle.

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