« Nous avons été encadrés et cela nous a permis d’éviter beaucoup d’erreurs »
La série de publications du mois de mars consacrée à l’entreprenariat des jeunes diplômés aborde son dernier virage dans les colonnes du journal Educ’Action. C’est à travers cette interview de Rocard Ountekpo, ancien incubé et aujourd’hui manager d’entreprise. Le premier répondant de AVENOB Groupe, parle de son parcours au sein de l’incubateur d’entreprises de l’Université d’Abomey-Calavi.
Educ’Action : Comment avez-vous découvert l’UAC Startup Valley ?
Rocard Ountekpo : J’ai découvert l’UAC Startup Valley en 2014, lors de la Semaine du Monde Professionnel (SEMOP). Je finissais fraîchement l’université à l’époque où ce sont les cinq (5) premiers par filière qui étaient invités à participer à l’événement. J’étais deuxième de ma promotion. En ce temps, on ne parlait pas de l’UAC Startup Valley mais de parc d’incubateurs d’entreprises.
Que peut-on savoir de votre parcours au sein de l’UAC Startup Valley ?
Les choses n’étaient pas aussi ficelées comme c’est le cas actuellement. Nous avons eu des mésaventures parce qu’avant, c’était un programme de l’UAC qui s’occupait de ce volet. Donc, il n’y avait rien qui était tracé. Nous avons perdu pratiquement un (01) an dans les programmes, avant que les choses ne démarrent en 2015.
Comment se sont passés l’intégration et le parcours au sein de l’UAC Startup Valley ?
Nous sommes venus à l’UAC Startup Valley avec une idée qui a été défendue devant un jury. Nous avions perdu pratiquement un (1) an dans les programmes, on était comme des cobayes dans le temps. Ensuite, nous avons été retenus pour suivre le programme qui s’étend sur six (6) mois.Durant ces six mois, nous avions travaillé sur l’idée, en étudiant tous les contours pour qu’à la fin, nous puissions sortir avec un projet dont la finalité est d’avoir un plan d’affaires bancable. Nous avions travaillé donc sur le projet et sur l’idée en vue d’en faire un projet. Après les six mois, nous avions entamé la phase de pré-incubation qui s’étend aussi sur six (06) autres mois. C’est durant ce temps que nous avions démarré les activités. Nous n’avons pas eu de financement de départ puisque notre projet relève du secteur de l’immobilier. En réalité, on n’avait pas besoin de beaucoup de ressources avant de démarrer, vu que nous sommes dans le secteur des services. Nous avons juste constitué notre capital de départ qui était de 100.000 francs CFA. L’UAC Startup Valley avait mis à notre disposition, un ordinateur portatif et un cadre. Notre objectif pour les six prochains mois était donc de faire un chiffre d’affaires pour démontrer que le projet est viable. Après la période de six mois, lorsque vous passez l’évaluation et que c’est bon, vous rentrez en phase d’incubation pour deux ans. En 2018 après évaluation, ils ont jugé utile de nous garder encore pendant un an, toujours pour renforcer nos capacités. Donc, nous avons fait la post incubation d’un an. C’est après cela que nous avons été libérés. Trois ans et demi pour ne pas dire quatre ans.
Des agences immobilières, ce n’est pas ce qui manque au Bénin. Vous pensez que c’était nécessaire pour vous de prendre par cet incubateur d’entreprises avant d’exercer aujourd’hui comme agence immobilière ?
C’était nécessaire. Le fait de passer par l’UAC Startup Valley, c’est clair qu’il y a des avantages. Comparativement à d’autres entreprises concurrentes, nous nous sommes beaucoup plus imprégnés des réalités. Que cela soit du point de vue technique ou du point de vue de la compétence nécessaire pour faire le travail. Beaucoup sont promoteurs d’agences immobilières, mais ils n’ont aucune idée des lois qui régissent la location au Bénin. Nous avons été encadrés à l’UAC Startup Valley et cela nous a permis d’éviter beaucoup d’erreurs, surtout du point de vue de la gestion parce qu’on nous a inculqué les secrets d’une gestion efficace d’entreprise.
Vous rencontrez des difficultés dans ce parcours d’entrepreneur ?
Nous sommes dans notre 6ème année d’existence et les difficultés ne manquent pas. Vous savez, chaque activité avec ses difficultés. Ce n’est pas facile, mais ce n’est pas difficile non plus. Certains problèmes pourraient faire disparaitre l’entreprise depuis longtemps si on n’avait pas pris par l’UAC Startup Valley.
Est-ce que cela vous est déjà arrivé à l’esprit de quitter l’entrepreneuriat au regard des difficultés rencontrées ?
Non, jamais. Cela n’arrivera pas d’ailleurs. Pour rien au monde, je n’irai travailler pour un salaire, puisque c’est une volonté. Ne s’aventure pas dans l’entreprenariat, qui veut mais qui peut. C’est vrai que tout le monde veut être autonome, personne ne veut recevoir d’ordre de qui que ce soit, tout le monde veut gérer son temps comme il le souhaite mais il y a un prix à payer. Quand vous êtes à votre propre compte, tout se résume à vous, personne ne vous paye un salaire et ce sont vos clients qui sont en quelques sortes vos employeurs. L’idée ne m’a jamais traversé l’esprit parce que quand j’ai terminé l’université, dans ma tête c’était la création d’entreprise. Donc, je n’ai jamais songé à l’emploi salarial. Je suis épanoui dans ce que je fais et c’est ce qu’on souhaite à tous les jeunes.
Avez-vous un message à l’endroit des jeunes qui aspirent embrasser le même chemin que vous ?
Ce que je peux dire aux jeunes, c’est de foncer et de toujours commencer. Beaucoup de jeunes veulent commencer à entreprendre mais ils pensent que c’est une question de gros moyens. C’est l’idée qui crée la richesse, c’est le projet qui crée le financement.
Propos recueillis par Edouard KATCHIKPE