Dame nature n’a pas été très clémente avec la commune de Sèmè-Kpodji. Une bonne partie des bâtiments du Collège d’Enseignement Général (CEG) de cette commune a été entièrement dévastée après les pluies de la nuit du dimanche 14 au lundi 15 mai 2023. Voici les dégâts.
Il est méconnaissable, le grand Collège d’Enseignement Général (CEG) de la commune de Sèmè-Kpodji. Alors qu’il accueille la grande majorité des apprenants de cette commune, le collège central a perdu toute la splendeur qu’on lui connaissait jadis. Et pour cause : la forte pluie qui a frappé la grande agglomération de Cotonou dans la nuit du dimanche 14 au lundi 15 mai 2023 a dicté sa loi, laissant derrière elle de vrais dégâts. Le bilan est bien lourd.
Des cocotiers et manguiers déracinés, laissant l’enceinte de l’école dans un chaos total ; des murs de la clôture tombés par endroits. Un bloc administratif (direction, censorat, secrétariat, comptabilité) détruit et sans toiture. Des toits arrachés et en lambeaux ; des feuilles de tôles et des charpentes emportées, froissées et broyées par le vent. Au total, 30 salles de classe détruites sur 45 de construites. Des documents administratifs et autres pièces sensibles emportés par le vent et la pluie. Par chance, certains ont séché au soleil. Des imprimantes et unités centrales étalées au sol pour séchage. Des matériaux didactiques, dont des boîtes de craies, des paquets de papier Ram exposés sur des tables-bancs pour les mettre au sec… Bref, le CEG Sèmè-Kpodji est un véritable champ de ruine qui laisse sans voix le personnel administratif, les enseignants et les élèves.
Un état de choc général
Désormais sans bureau depuis ce drame, le directeur du CEG Sèmè-Kpodji reçoit ses visiteurs en plein air et sous les quelques rares arbres encore debout. Visage triste, regard évasif et ton vide, Anicet Sessou est quasiment dans un état de choc traumatique depuis le lundi 15 mai. Il se souvient encore de son état d’âme en découvrant le nouveau visage que présente son établissement dans la matinée du lundi 15 mai 2023. « J’étais suffisamment étonné, déboussolé, désemparé. Je me posais beaucoup de questions : c’est mon établissement qui est comme ça ? Est-ce mon CEG qui est dans cet état ? Je manque de mots pour expliquer et décrire ce qui a eu lieu », confie le directeur. Première personne à avoir franchi le seuil de l’établissement le lundi, l’enseignant d’EPS, Mahoutin Alain Hounmènou, dit être resté sans voix face à la scène. « Je suis le premier enseignant à avoir mis les pieds dans l’établissement le lundi matin. Venez voir mon état d’âme. Depuis le dehors, j’ai constaté les dégâts. Je rentre enfin et je réalise que ce qui s’est passé est vraiment grave. L’administration est désarticulée, il y a l’eau partout. J’étais désolé. C’est pour la première fois que je vois un tel événement. C’était la désolation », raconte l’enseignant d’EPS. Celui d’Anglais, Lucien Gnansounou n’est pas resté indifférent à ce qui s’est passé. « C’était un vrai choc parce que je n’ai jamais vu ça. Pendant des orages, j’ai vu des toitures s’envoler mais pas avec autant de dégâts que j’ai constatés le lundi », se désole-t-il.
Dans le cadre des derniers devoirs de l’année, la date du lundi 15 mai avait en effet été retenue pour évaluer les apprenants. Non sans tristesse, ces derniers ont bien vu que rien ne pouvait être fait ce jour, les événements ayant obligé au report des devoirs. « Nous avons toujours fait les cours dans ce collège sans rien craindre. Mais nous avons tous été choqués le lundi matin. On avait prévu de faire les devoirs mais à notre arrivée, on a vu que toutes les classes ont été décoiffées par le grand vent », confie l’élève Alain Jean-Baptiste Yonoun. Edouard Lokossou, un autre élève, laisse entendre : « Ce que j’ai vu le lundi est vraiment déplorable. À notre arrivée, on a vu nos toits démolis, des arbres déracinés, on était choqués, c’était incroyable. » Cosme Gbénou, lui aussi apprenant, dira à son tour : « J’étais venu pour la composition le lundi passé mais à notre grande surprise, on a vu les dégâts. J’étais triste vu l’état de mon établissement. C’était vraiment décourageant et c’est la pluie qui est à la base de cela. » Néanmoins, avec la descente des autorités sur le terrain, des solutions ont été trouvées afin que les devoirs puissent se tenir à partir du mercredi 17 mai 2023.
Délégations départementale, communale et ministérielle au chevet de la communauté scolaire
Nouvellement nommé à la tête de l’Ouémé, le 5 avril 2023, le directeur départemental des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, Mahugnon Sévérin Mèhouénou a pris le taureau par les cornes afin que soient tenus les devoirs. Aussi a-t-il recommandé à l’administration, lors de sa descente sur le terrain, de mener des démarches auprès des écoles environnantes pour solliciter leur hospitalité. « Sa première recommandation est de vite faire pour organiser la toute dernière série des devoirs. Pour cela, il a suggéré de voir comment nous orienter vers les CEG publics de la place, les cours privés aussi afin qu’ils puissent nous accueillir », renseigne le directeur Anicet Sessou qui a suivi les recommandations de son responsable hiérarchique. « C’est ce que nous avons fait très tôt dans la journée du lundi et ça nous a permis de commencer les devoirs à partir du mercredi » poursuit-il.
Ainsi, pour la tenue effective de ces évaluations, un groupe d’apprenants a été accueilli au CEG Sèmè Okoun et un autre, au cours privé ‘‘Notre Dame de la Patience’’. Un troisième groupe composé des apprenants des classes d’examens est resté dans les quelques salles épargnées par la pluie. Le ministère de tutelle ainsi que la Mairie de la commune ont rapidement dépêché leur délégation sur le terrain pour s’enquérir des difficultés de la communauté scolaire du CEG Sèmè-Kpodji afin de prendre les dispositions d’urgence.
La Mairie de Sèmè-Kpodji déjà dans les démarches pour soulager le CEG
Faut-il le préciser, le CEG Sèmè-Kpodji héberge depuis des années les examens de fin d’année du BEPC et du Baccalauréat. Sa réfection est donc urgente afin que les examens puissent y avoir lieu. Cette préoccupation a été posée aux autorités de la Mairie de Sèmè-Kpodji située à quelques pas du CEG. Ceci dans le but de savoir ce qui sera fait d’ici là. En l’absence du maire, un cadre a expliqué sous anonymat, les démarches déjà entreprises. « Sèmè-Kpodji a vécu ce que je peux appeler une catastrophe lorsque nous avons constaté les faits le lundi matin. Ça a été un désastre pour la commune et la première autorité s’est rendue immédiatement sur les lieux pour faire le constat et échanger avec les acteurs », explique le cadre. Il ajoute par ailleurs qu’au-delà de la descente, il y a eu une réunion urgente à la Mairie pour savoir quoi faire. « Malheureusement, nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas possible d’agir tout de suite sans certaines autorisations », se rappelle-t-il. Autrement, la Mairie n’est pas libre d’agir face à cette situation si elle ne reçoit pas un accord préalable des autorités compétentes. Il s’explique : « Au niveau budgétaire, on ne peut pas prévoir que des toits d’un collège vont s’enlever en une année donnée et dédier un fonds pour ça. Donc, ce n’était pas prévu dans le budget. Mais les moyens sont là, c’est l’État qui dispose de tous les moyens pour mettre à l’aise les populations, en particulier les enfants de nos lycées et collèges. On attend donc l’autorisation du ministère de la décentralisation et surtout de son organe technique qui est la Commission Nationale des Finances Locales (CoNaFiL) qui doit apprécier la situation. » Seulement ensuite, à l’en croire, quelque chose pourra être possible. Le cadre communal précise cependant que « cette commission est déjà en relation avec la commune pour voir dans quelle mesure les dégâts seront réparés le plus tôt possible. Nous sommes déjà dans ce processus actuellement. Vivement donc ». Il a saisi l’occasion pour rassurer toute la commune. « Je peux déjà lancer un message d’apaisement à tout le monde, à toute la population et particulièrement aux enfants et parents d’élèves de la commune de Sèmè-Kpodji pour leur dire d’être tranquilles, que l’État est là pour venir à leur chevet. Les examens auront lieu en bonne et due forme et dans les meilleurs délais car les réparations seront faites », les console-t-il.
Des cris de cœurs montent vers toutes les bonnes volontés
En attendant que les choses ne se dessinent au niveau de la Mairie de Sèmè-Kpodji, l’Etat central, les cadres de Sèmè-Kpodji et les bonnes volontés sont sollicités pour secourir le CEG principal de cette commune. « Nous prions toute personne de venir nous aider à réparer ce qui est endommagé. Les examens sont là et notre établissement est un centre de composition », plaide Cosme Gbénou, élève en 1re dans ce collège. Son camarade de la classe de Terminale, Edouard Lokossou, fait appel aux cadres de Sèmè-Kpodji. « Je veux bien demander aux autorités et surtout aux cadres de la commune de venir nous aider à reconstruire les salles de classe et les toitures pour nous redonner du courage », demande-t-il. Si c’était possible, Alain Jean-Baptiste Yonou inciterait ses camarades à cotiser pour réfectionner leur école. « Hélas ! Ce qui s’est passé ici nous dépasse. Nous sollicitons l’aide de l’Etat puisque les examens sont déjà à nos portes », dira-t-il.
Dans le rang du personnel administratif et enseignant, les voix montent également. « Nous demandons à la communauté nationale comme internationale, pourquoi pas, de voler à notre secours. C’est ce que nous voulons expressément pour que l’année s’achève dans de bonnes conditions », fait entendre Lucien Gnansounou, enseignant d’Anglais dans le CEG. Pour l’enseignant Mahoutin Alain Hounmènou, il urge que les dégâts soient réparés. Car, renseigne-t-il, « la loi dit que s’il n’y a pas de clôture, il n’y a pas d’examen. Voilà les clôtures qui sont par terre. Il faut d’abord arranger les clôtures dans l’urgence ». Ensuite, suggère-t-il comme solution, « il faut que les autorités pensent à raser tous les bâtiments et reconstruire le CEG Sèmè-Kpodji parce que c’est le CEG central ».
La première autorité de ce lieu de savoir, le directeur Anicet Sessou n’a pas manqué de pousser un cri de cœur. Face au visage que présente désormais son collège, il emboîte le pas à ses élèves et enseignants pour solliciter des aides. « C’est l’occasion pour nous de lancer un cri de cœur, un appel aux bonnes volontés de tous ordres afin qu’elles puissent voler au secours de la communauté scolaire du CEG Sèmè-Kpodji. Tout est en lambeau et le CEG mérite une reconstruction totale. Plus rien n’est en place au CEG central de Sèmè-Kpodji. Donc, nous les sollicitons en leur demandant humblement de bien vouloir voler à notre secours pour que ce qui doit être fait, soit fait. »
A quelques semaines des examens de fin d’année, le stress monte d’un cran dans le rang de tous. Leur souhait reste et demeure la réfection du CEG pour la tenue effective des examens du BEPC et du Bac. Le directeur l’exprime d’ailleurs si bien. « Nous ne souhaiterions pas qu’on déloge les examens d’ici pour un autre site. C’est notre souhait le plus ardent parce que ce n’est pas facile d’avoir un CEG comme centre du BEPC et du Bac. Si on nous l’ôte, on ne sait jusqu’à quand on va nous l’octroyer encore à nouveau. », insiste le directeur.
Estelle DJIGRI