Nouveau directeur promu à la tête de la Direction de l’Enseignement Secondaire Général (DESG), du Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle, Slassifi Dramane présente ses ambitions pour une éducation de qualité dans ce sous-secteur. Entretien !
Educ’Action : Depuis le 13 novembre dernier, vous dirigez la Direction de l’Enseignement Secondaire Général (DESG). Quels étaient vos sentiments quand vous avez appris cette nouvelle ?
Slassifi Dramane : En termes de sentiments, c’était à la fois un peu de peur et de joie. La joie parce que c’est une opportunité qui nous est donnée pour apporter toutes nos expériences au profit du système éducatif béninois. La peur, quand nous mesurons tout ce qu’il y a à faire au niveau de cette direction. Puisque la Direction de l’Enseignement Secondaire Général (DESG) est une entité administrative qui traite beaucoup de dossiers sensibles et qui est tellement sollicitée par beaucoup d’acteurs.
Quel était le visage de cette direction qui vous a été léguée ?
Nous avons fait un certain nombre de constats à notre prise de fonction. C’est le lieu de remercier mon prédécesseur pour les efforts fournis à la tête de cette direction. Vu l’immensité des tâches à accomplir, ce n’était pas toujours facile. Cependant, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait des choses à améliorer sur le plan de l’écoute entre tous les acteurs de la direction. Il y avait non seulement du boulot à faire au sujet de la réactivité dans le traitement des dossiers, mais aussi il fallait améliorer la qualité des prestations de ce service.
Aujourd’hui, quels sont les défis réels de l’ESG au Bénin ?
En termes de défis de l’ESG, nous pouvons en noter trois. Le premier est relatif à « l’accès, l’équité, la rétention ». La DESG doit beaucoup travailler à ce qu’il y ait une amélioration considérable par rapport à l’accès, la rétention, l’équité. Quand nous parlons d’accès, nous travaillons de façon à améliorer le coefficient d’efficacité au niveau de nos différents établissements de sorte que pour des élèves qui entrent au 1er cycle pour les quatre ans ou au 2nd cycle pour les trois ans, que nous ayons à peu près le même effectif qui ressorte et qu’il n’y ait pas trop de déperdition, trop de gaspillage qui pèse sur l’économie de l’État. Le second défi est de faire en sorte que la qualité de l’enseignement-apprentissage connaisse une forte amélioration. Cela passe d’abord par les formations au profit des personnels enseignant, d’encadrement et administratif. Il s’agira de renforcer leur capacité à gérer surtout le volet pédagogique pour que cela ait directement un impact sur les résultats scolaires. Enfin, le troisième défi est l’amélioration du pilotage et de la gouvernance des établissements sous tutelle de la DESG. A ce niveau, nous allons faire en sorte que tous les établissements acquièrent progressivement une certaine autonomie par l’élaboration des projets d’établissement qui vont les rendre responsables de leur entité au niveau déconcentré. Lorsque les responsables au niveau des établissements n’attendent pas tout de la hiérarchie, et sont préparés pour prendre des initiatives au profit de leurs entités, cela milite à une amélioration de tout ce qui se fait au niveau desdits établissements.
Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés à votre prise de fonction ?
A notre prise de service, nous nous sommes fixés quatre objectifs. Le premier, c’est de fournir un leadership stratégique et administratif aux établissements qui sont sous notre tutelle. A ce titre, nous avons déjà démarré l’élaboration de la réglementation relative à l’organisation et au fonctionnement des établissements. Nous prenons l’ensemble des textes existants qui régissent l’organisation et le fonctionnement des établissements que nous toilettons. Ceci, afin d’identifier les textes qui posent problème dans leur application et procéder à leur relecture, voir les aspects qui ne sont pas pris en compte par ces textes et aller vers la prise d’autres arrêtés pour améliorer ce qui se fait sur le terrain. De plus, nous avons décidé de définir et d’animer la politique en matière de vie scolaire, d’actions sanitaires et sociales au profit des élèves. C’est toujours dans ce cadre que nous sommes appelés, en liaison avec d’autres structures compétentes, à définir les objectifs de recrutement, de formation, d’évaluation du personnel d’encadrement, du personnel administratif, du personnel enseignant, ainsi que de lutter contre les déviances, les violences ou toutes discriminations dans l’ESG. Le deuxième objectif est la supervision des politiques et programmes éducatifs. En liaison avec l’IGPM, nous travaillons à l’exécution quantitative et qualitative des programmes d’études. Au niveau des établissements, nous veillons à ce que la mise en œuvre des programmes d’études prenne en compte les objectifs nationaux et internationaux du système. Nous devons également participer à l’élaboration de beaucoup d’autres politiques éducatives. A cet effet, nous travaillons à garantir l’équité dans l’accès à l’enseignement secondaire général, en identifiant et en surmontant les obstacles potentiels, pour qu’il y ait une éducation totalement inclusive. Le troisième objectif est d’assurer la coordination entre les établissements et l’évaluation de leurs performances. Nous avons à faciliter la collaboration entre établissements afin qu’il y ait un échange des bonnes pratiques, pour une cohérence dans la mise en pratique des politiques éducatives de notre pays. Nous évaluons donc les performances des établissements pour identifier leurs domaines de réussite et réfléchir à des plans de remédiation. Le quatrième et dernier objectif, c’est de réfléchir à une communication fluide entre les parties prenantes de notre système. Quand nous prenons les acteurs institutionnels internes à l’établissement : élèves, enseignants, professeurs, directeurs, surveillants, les acteurs institutionnels externes tels que les inspecteurs coordonnateurs des circonscriptions d’inspection pédagogique, directeurs départementaux, et les partenaires externes de proximité : vendeuses, leaders religieux, APE, association de mères d’élèves, toute la communauté, c’est de voir comment communiquer avec tout cet ensemble pour que les objectifs et surtout les initiatives éducatives soient compris de la même manière par tous. Si cela est fait de cette façon, nous aurons créé un environnement très propice pour l’apprentissage à nos apprenants.
Quelles sont vos ambitions pour l’ESG et comment l’entrevoyez-vous d’ici quelques années ?
Notre ambition est de faire en sorte que les défis soient relevés, que nous puissions travailler pour trouver des solutions aux problèmes de l’ESG. En rapport avec les documents de politique qui sont mis en œuvre, d’ici 2030, il faut qu’au niveau de l’ESG, nous soyons un maillon tributaire de l’EFTP. Le profit d’enfants qui doivent aller vers l’EFTP, a besoin d’avoir une certaine bonne base surtout en sciences. Ce qui a suscité la suppression des sous-cycles et séries au premier cycle de l’ESG. De deux, dans le lot de ceux qui ambitionnent de faire le second cycle pour être des produits de l’enseignement supérieur, nous faisons en sorte que l’université accueille des profils très adaptés pour les différentes filières technologiques de ce sous-secteur. A l’horizon 2030, nous aurons donc de bons profils que nous enverrons à la fois vers l’enseignement supérieur et vers l’EFTP, pour un renversement des tendances.
Depuis l’adoption de la Stratégie Nationale de l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (SN-EFTP), l’ESG semble moins logé. Quelles seront vos stratégies pour plus d’attention vis-à-vis de l’ESG ?
C’est une impression qui n’est pas forcément fondée. Nous ne pouvions pas conduire de façon conséquente la SN-EFTP sans penser à la stratégie de l’ESG. En fonction de tout ce qui a été ficelé pour l’EFTP, nous nous sommes rendu compte qu’avant que cela ne marche, il fallait prendre certaines dispositions au niveau de l’ESG. Ce qui a conduit à l’élaboration de la stratégie de l’ESG. Au niveau de cette stratégie, nous préparons tous les élèves qui entrent depuis la 6e jusqu’à la fin du premier cycle, de façon à ce que la porte d’entrée ne leur soit pas fermée pour l’EFTP, ce qui fait que nous donnons le minimum commun de connaissances à tous les élèves du premier cycle pour leur permettre d’avoir les mêmes chances d’aller à l’EFTP ou de continuer avec l’ESG. Pour ceux qui prendront la décision de continuer avec l’ESG, ce document programmatique a prévu des stratégies pour leur permettre d’aller dans des séries qui sont véritablement porteuses quand ils iront au niveau du supérieur.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis du Gouvernement que de vos collaborateurs ?
Nos attentes vis-à-vis des collaborateurs immédiats au niveau de la DESG, c’est d’abord l’écoute. Ils doivent être animés d’un esprit d’équipe pour que nous soyons imparables. Nous attendons également d’eux, la réactivité et la proactivité pour éviter les imprévus. Nous devons aller vite et loin parce que nous avons de l’ambition pour l’ESG et il ne reste qu’auxcollaborateurs, de nous apporter leur engagement et leur détermination inconditionnelle. Par rapport à nos supérieurs hiérarchiques, nous avons reçu d’eux suffisamment d’intrants. Il ne reste qu’à les transformer en résultats. Nous sommes suffisamment écoutés par l’équipe actuelle qui a à sa tête quelqu’un qui connaît suffisamment le système et qui est à nos chevets avec son leadership éclairé. C’est à nous d’aller vers la hiérarchie pour expliquer ce que nous voulons faire, comment nous voulons le faire et bénéficier de bons conseils, et cela se fait régulièrement.
Quel est votre mot de la fin ?
Nous sommes dans une logique de la recherche permanente de la qualité de l’ESG. Et dans la course à la qualité, il n’y a jamais de ligne d’arrivée. Et ça, tous les acteurs doivent internaliser cela et nous accompagner. Au bout d’un moment, on aura un résultat qui sera salué par tout le monde.
Propos recueillis par Estelle DJIGRI