(… malgré l’amenuisement des ressources et moyens)
La prise en charge sanitaire des écoliers et élèves en milieu scolaire est dévolue exceptionnellement aux infirmiers et infirmières en poste dans les infirmeries scolaires. Quid de leur profil et mode de recrutement ? C’est la substance de ce deuxième numéro de la thématisation du mois qui fait le focus sur la prise en charge sanitaire des apprenants en milieu scolaire.
Vêtue d’un haut noir, sourire aux lèvres et confortablement assise sur sa chaise qui lui sert de fauteuil de service, dame Houéfa Jocelyne Djimadja est encore présente dans l’infirmerie du CEG ‘‘Le Nokoué’’, afin de secourir éventuellement lepersonnel administratif et les enseignants toujours à l’œuvre malgré cette période des vacances. L’histoire de cette dame avec cette infirmerie date de bien des années et s’assimile à un héritage qui passe de mère en fille. « En son temps, c’était ma maman qui était ici. Elle est la première infirmière que le CEG ‘‘Le Nokoué’’ ait connue. C’est elle qui a inauguré l’infirmerie », a raconté dame Djimadja. Son histoire avec le collège a donc pris corps à travers ses nombreux passages dans l’établissement pour porter assistance à sa génitrice presque en âge de retraite. « J’avais déjà suivi ma formation dans le Nord en infirmerie sous Alassane Séidou. Suite à ma formation, je venais de temps en temps assister ma mère jusqu’au jour où elle a été admise à la retraite. Deux ans après sa retraite, l’établissement l’a encore sollicitée et pendant tout ce temps aussi, je venais l’assister. Lorsqu’elle avait de petites courses à faire ou quand elle devait aller à la Mecque, c’est moi qui me chargeais de l’infirmerie jusqu’en 2016 où elle a décidé de prendre du repos », a-t-elle longuement détaillé expliquant qu’elle a donc succédé à sa mère dans ce collège. « Les responsables de l’établissement se disaient déjà entre eux comment faire pour pourvoir l’établissement en infirmier. C’est ainsi qu’ils m’ont sollicitée et m’ont demandé de préparer mes pièces pour prendre service. J’ai donc pris formellement service ici au CEG ‘‘Le Nokoué’’ au cours de l’année scolaire 2016-2017 », a-t-elle renseigné, avouant ne rien savoir de comment se faisaient les recrutements des infirmiers avant elle. C’est bien plus tard que le Surveillant Général Adjoint (SGA) de ce collège, André Sokponwé, va porter à la connaissance de Educ’Action que la première infirmière ayant travaillé dans le collège, avait été envoyée par l’Etat. Si autrefois, le recrutement des infirmiers d’établissements se faisait par l’Etat lui-même, il y a bien longtemps que cette pratique semble révolue, à en croire les explications du SGA. « Actuellement, c’est une infirmière que l’établissement même a recruté sur fonds propre et je crois qu’au Bénin, c’est désormais cette approche qui est, de plus en plus, adoptée dans les établissements scolaires. L’Etat ne recrute plus des infirmiers. Donc, il en manque et l’établissement est obligé d’aller voir des aides-soignants ou bien des infirmiers privés pour répondre à ce besoin », a laissé entendre le SGA André Sokponwé. Ses propos seront confirmés par ceux de l’infirmière qui indique n’avoir fait objet d’aucun recrutement par l’Etat et qu’elle perçoit sa rémunération auprès des responsables de la direction de l’établissement scolaire.
L’infirmerie placée sous l’autorité de la surveillance
Dans tous les établissements scolaires qui relèvent du giron de l’Etat, l’infirmerie est placée sous l’autorité de la surveillance. Et ceci, en respect de la législation scolaire. C’est ce qu’il convient de retenir des propos du SGA, André Sokponwé. C’est d’ailleurs ce qui explique la collaboration étroite qui existe entre ces deux (02) services. « Nous sommes réguliers à l’infirmerie. Nous travaillons en symbiose avec l’infirmier ou l’infirmière pour coordonner tout ce qui se fait et je puis vous dire que nous avons notre regard sur tout ce qu’elle fait », a-t-il précisé. Il rappelle au passage que l’infirmerie fonctionne tous les jours ouvrables à partir de 09 heures 30 minutes dans la matinée et l’après-midi à partir de 16 heures 30 minutes. « C’est un service qui est fréquenté par tous les apprenants et même les enseignants en cas de besoin. Mais, il faut préciser que c’est seulement les soins primaires qui sont administrés à ce niveau », a confié à Educ’Action, le Surveillant Général Adjoint rencontré à son bureau au CEG ‘‘Le Nokoué’’.
CEG 2 Abomey-Calavi : l’État à la manœuvre
Assise au milieu des élèves sur une table-banc, Keathlean Goudégnon a tout d’une enseignante d’EPS. Sa corpulence et sa voix laissent croire qu’il s’agit d’un professeur d’EPS qui dispense les cours à ses apprenants. Nous sommes le mardi 06 juillet 2021 et les candidats admissibles au BEPC 2021 se préparent à affronter les épreuves sportives et orales. Attentifs aux explications sur l’importance d’avoir confiance en eux-mêmes pour affronter ces épreuves, les élèves se délectent des conseils de l’infirmière du CEG 2 Abomey-Calavi. Juste quelques minutes d’échanges et le grand rassemblement est sonné pour mobiliser les élèves, car tout est fin prêt du côté des enseignants qui vont les évaluer. Le temps de faire un tour à l’infirmerie, la responsable de la santé des usagers du CEG 2 Abomey-Calavi se prête aux questions de l’équipe de Educ’Action.
« Je suis infirmière diplômée d’État depuis 2001. Je suis agent contractuel de l’État et j’ai été affectée ici le 30 mars 2015 », confie Keathlean Goudégnon. Si son statut lui permet d’émarger au budget de l’État, l’infirmière confie, par contre, que les médicaments qu’elle utilise sont à la charge de l’établissement. « Quand le budget de l’établissement est voté en début d’année, une cagnotte est réservée à l’infirmerie. C’est en fonction de cette cagnotte que nous achetons les médicaments selon les affections courantes », indique l’infirmière, avec un regard baladeur guettant de loin d’éventuelles difficultés des candidats occupés dans leurs différents mouvements, pour les uns, ou en promenade dans l’établissement, pour les autres. A propos de leur prise en charge, elle explique aussi que les mesures habituelles sont suivies des premiers soins. Après ces premiers soins, poursuit-elle, les apprenants sont renvoyés à la maison pour une prise en charge par leurs parents. En ce qui concerne les urgences, d’autres mesures sont prises. « Si l’apprenant a besoin d’être référé à l’hôpital, je prends soin d’appeler les parents pour les informer de la situation. Il y a parfois des crises. Quand nous essayons de réanimer l’enfant et qu’on n’y parvient pas, nous faisons appel aux Sapeurs-Pompiers. Les parents nous retrouvent à l’hôpital en urgence pour la prise en charge de l’intéressé », éclaire l’infirmière. En cas de besoin de repos, le dossier est transmis aux surveillants. C’est aussi à eux qu’il revient de donner les autorisations de reprise de cours, ajoute Keathlean Goudégnon, avant de préciser que lorsque l’apprenant s’absente sans justificatif, il est puni suivant le règlement de l’établissement.