Spécialistes de tout le Bénin : unissez-vous !

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A chaque fois que je me retrouve devant un parterre d’intellectuels béninois notamment dans le domaine de l’éducation, je suis à la fois admiratif et plein de perplexité. Lorsque vous parveniez à établir un véritable dialogue, vous vous rendez compte de la qualité de vos interlocuteurs qui vous analysent facilement et profondément la situation du système éducatif !
J’ai eu la même impression lorsque j’ai eu à échanger avec un groupe d’inspecteurs la dernière fois. Et pourtant ! Pourquoi notre école ne marche pas mieux ; est dans cette « situation préoccupante », selon le premier des Béninois. Pour parler le plus simplement, qu’est-ce qui freine ces intellectuels de qualité dans la promotion de notre système éducatif ?
Les problèmes sont nombreux. Mais on peut les subdiviser en deux catégories : ceux endogènes et ceux exogènes. Evidemment, il serait fastidieux d’essayer de les décrypter tous. Nous nous attarderons sur leur présentation structurelle.
Les problèmes endogènes dérivent globalement d’un besoin de reconnaissance. Le cadre technique se heurte souvent à la présence du chef face auquel il s’établit une relation difficile. Dans des sociétés bureaucratiques peu démocratiques, souvent politiques où celui qui est le chef use d’un pouvoir de décision voire de coercition, le cadre a de la difficulté à maîtriser son rôle technique. Il a l’impression de ne pas être écouté à sa juste valeur et prend le parti de se taire au lieu de jouer son rôle de ressource humaine d’aide à la prise de décision. Il serait, peut-être, utile de poser ce problème un jour, mais surtout de sortir une masse critique de cadres de leur silence et d’utiliser leurs qualités.
Les problèmes exogènes peuvent se traduire par des habitudes et pratiques cognitives peu fructueuses pour fonder la promotion de nos systèmes éducatifs. Ainsi, face au problème posé, le technicien se perd dans un long diagnostic qui retrace tous les angles du problème posé. Il aboutit généralement à des propositions intéressantes qui, la plupart du temps, ne sont pas suivies des mécanismes de mise en œuvre et de suivi. Regardez et évaluez nos documents universitaires et scientifiques. Sur 90% de la production, ce sont les revues de littératures, les hypothèses, les développements de toutes ces hypothèses de telle façon qu’on arrive, certes, à un document solide dans l’approche méthodologique mais qui ne laisse très souvent, aucune trace de solutions convaincantes pour l’évolution de notre société.
Je soutiens que cette approche est exogène dans le sens que lorsque vous analysez les programmes d’éducation des pays occidentaux, on ne prend pas deux (02) ans pour élaborer des documents de planification qu’on étale sur dix (10) ans. Ceci est évidemment inopérationnel dans le sens où l’expérience a montré qu’à mi-parcours, on sent le besoin de revenir sur ces documents qui sont déjà dépassés. Nous nous retrouvons dans des techniques et pratiques qui ont besoin de plus d’efficacité. Le processus devrait, certes, consister en un diagnostic mais qui va rapidement à des propositions de solutions doublées de mécanismes de mise en œuvre et de suivi. Ainsi, en ce moment où la plupart des pays africains ont des cadres de qualité en planification de l’éducation et dans les domaines connexes, il est important de revoir les théories et pratiques qui nous ont, certes, aidés et les améliorer dans une société plus rapide et en perpétuel mouvement.
Ce qui serait aussi intéressant, c’est cette multidisciplinarité où les différentes structures de gestion se parlent mieux et attirent l’attention sur l’essentiel. C’est seulement à ce prix que les approches programmes proposées peuvent prospérer. Car, dans les documents de planification, on responsabilise des structures et des directions qui n’en sont même pas conscientes. On constate donc que les cadres ne se parlent pas, ne mutualisent pas leurs qualités et sont toujours tétanisés par la minorité active que constituent nos partenaires techniques et financiers. Ces partenaires nous ont tendu la perche pour être dans le fauteuil de conducteur de notre éducation et nous ne réussissons pas vraiment. Alors, ils passent le temps à nous mettre face à des défis comme la nécessité de coacher nécessairement nos documents de planification et d’éducation qui ne peuvent se faire sans leurs consultants internationaux aussi chers que peu au courant des réalités de Karimama et d’Avrankou. Je me rappelle d’une période épique où sur plusieurs années, les partenaires reprochaient aux cadres béninois de ne pas savoir rédiger des Termes de Références leur permettant d’accéder aux financements du Fast-Track ! La vérité, comme le disait si bien un illustre enseignant, c’est la main qui donne qui ordonne. S’il est vrai que nous avions nécessairement tort, il va falloir se décider à mieux réfléchir, mieux gérer nos ressources et nous tourner résolument vers la vision d’un EFTP salvateur, proposé par les gouvernants.

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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