Symphorien d’Almeida, au sujet de la librairie par terre de l’UAC : « Il y a des livres qui n’existent pas dans les librairies et qu’on retrouve chez nous »

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La librairie par terre de l’esplanade du plus grand restaurant de l’Université d’Abomey-Calavi boucle 35 ans d’existence. A cœur ouvert avec Educ’Action, Symphorien d’Almeida, le promoteur de l’espace et président de l’Association des vendeurs de livres du Bénin renseigne sur son activité et les difficultés rencontrées.

Educ’Action : Comment se porte le commerce de livres au Bénin ?

Symphorien d’Almeida : Nous ne pouvons pas dire que cela se porte à merveille parce qu’il y a du recul à cause des téléphones portables. Les gens ont accès à beaucoup de choses à travers les portables, beaucoup préfèrent lire les livres sur les portables. Certains étudiants pensent qu’ils ont ce qu’il faut dans le téléphone portable. Donc, ce n’est plus nécessaire de venir acheter un livre. Alors que les professeurs qui les encadrent viennent chercher des livres ici pour pouvoir approfondir leurs connaissances. Tout n’est pas sur le portable. Les occidentaux qui ont créé les livres continuent de fouiller dans des livres malgré le portable. Cette situation a fait ralentir un peu la vente des livres. Il y a donc un peu de régression par rapport aux années antérieures.

Quel est le profil de la clientèle qui vient s’approvisionner à cette librairie par terre du restaurant universitaire ?

Nous avons les professeurs, les étudiants, les parents. Ceux qui veulent faire des recherches documentaires, des magistrats. Tous ceux qui veulent avancer dans les études viennent prendre des livres ici. Je crois que cela apporte beaucoup à la communauté universitaire parce qu’il y a des livres qui n’existent pas dans les librairies et qu’on retrouve chez nous autres. A la rentrée, les parents viennent ici aussi pour prendre des livres. Il arrive même qu’on passe dans des librairies pour pouvoir prendre certains documents et venir vendre.

Quelle formation pour devenir un vendeur de la librairie par terre ?

Il faut avoir au moins le niveau de 4e ou de 3e. Il faut être en mesure de faire le résumé d’un livre parce que si tu ne connais pas ce que tu vends, ce serait un peu compliqué de vendre à un client. Il faut être instruit. Depuis quarante ans que je suis dans cette activité, j’ai initié beaucoup de personnes dans ce domaine. J’ai formé au moins une vingtaine de personnes. Quand tu fais quelque chose dans la vie, il faut avoir l’amabilité de partager. Je suis disposé à former des gens dans ce domaine qui nourrit vraiment son homme.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de cette activité ?

Très souvent, quand vous prenez des livres de mains en mains, il peut arriver qu’il y ait de dérapages. A partir du moment où les auteurs béninois ont commencé à occuper une place importante dans la sélection des manuels scolaires au programme, les dérapages n’existent plus tellement. Quand tu vas prendre un livre chez un auteur béninois, tu peux gagner un peu. Mais si tu cherches à gagner gros en volant l’auteur, en cherchant à photocopier son livre, c’est toi-même qui te cherches des problèmes. Tu vas subir la rigueur de la loi. C’est à cause de cela que nous tenons des réunions chaque fois pour sensibiliser les vendeurs à ne pas aller toucher les livres des auteurs béninois. Nous devons protéger les œuvres des auteurs béninois.

Propos recueillis par Edouard KATCHIKPE

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